Boys Make Love

Un café ?

Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis la fameuse nuit et le quotidien avait rapidement repris sa route. La jeune femme se hâtait dans la rue en portant une énorme farde à dessin et un grand sac qui faisait un bruit monstre.
Elle vérifia que son matériel artistique survivait le choc de sa course mais lors de son action, elle percuta quelque chose ou plutôt quelqu'un. Machinalement, elle s'excusa de son erreur voulant reprendre rapidement son chemin ce qui ne fut pas l'avis de sa victime.

- Vous voyez pas que c'est rouge ?! Vous voulez que je me fasse renverser par une voiture ?! Les passages pour piétons c'est pas seulement pour décorer.
- Oui je sais ça va ! Excusez moi encore une fois- Attendez je vous connais !!
Elle venait en effet de percuter celui avec qui elle avait passé la nuit.
- Oh non... soupira-t-il

Il leva les yeux au ciel quand il se rendit compte que c'était une de ses clientes. L'alarme pour annoncer qu'ils pouvaient traverser coupa le blanc qui s'installait entre les deux et le garçon démarra pour partir le plus rapidement possible seulement la brunette en décida autrement en le suivant.
- Hey ! Encore désolée de t'avoir foncé dedans, mauvais timing..
Elle venait d'arriver à sa hauteur.
Il ne prit pas la peine de lui répondre, il avait clairement envie qu'elle parte.
- Merci pour la dernière fois aussi, relança-t-elle.
Ils avaient enfin traversé et suivirent le chemin qui les menait à la gare, le blond la regarda surpris et agacé.
- Pas besoin de me remercier, tu as payé et surtout ne me parle pas de ça veux-tu ? C'est dérangeant.
Un air de dégoût se lisait sur son visage.
- Ça te dérange ?
Elle leva un sourcil confuse alors qu'il allait prendre une accélération et pouvoir la dépasser pour s'en aller cependant il fut coupé encore une fois.
- Attend !! Je t'invite à boire un café ! T'as du temps là ?
Elle prit la peine de se planter devant lui pour lui bloquer le passage. Il la toisa de haut en bas en montrant son agacement.
- T'es têtue ma parole ! J'ai un train à prendre, laisse moi.
- Et si je te dis que je ne te crois pas ?
Elle avait répondu du tac au tac tandis qu'il soupirait sans s'en cacher. Clairement, elle lui drainait de l'énergie.
- Et si je te dis que tu me casses les pieds ?
- Je compte pas te laisser tranquille, dit-elle en posant ses mains sur ses hanches pour montrer sa détermination.
Elle voulait vraiment le remercier correctement mais elle était bornée et elle-même n'avait pas le temps donc s'il pouvait accepter rapidement.
- Mais t'as un soucis dans ta petite tête ou bien ? pouffa-t-il doucement.
Elle semblait être à côté de ses pompes et cela en faisait rire le garçon.

C'est seulement après quelques instants de réflexion, il prit la peine de lui demander que s'il l'acceptait, allait-elle le laisser en paix ? Sa réponse fût assez brève :
- Disons qu'on est tout deux pressés donc finissons-en rapidement.
Il rigola cette fois, elle n'avait vraiment aucunes limites cette fille et ni l'art de parler.
Elle croisa les bras en attendant qu'il calme son hilarité et le regarda impassible. Un grand sourire taquin apparût sur les lèvres de la brune pendant qu'il reprenait contenance. Ah, il voulait se foutre d'elle, il allait voir ce qu'il allait avoir.
- C'est quand vous voulez, monsieur le Roi...
Il se calma complètement à l'entende de ce nom, elle était folle de l'appeler comme ça. Son expression montrait qu'il n'était pas ravi qu'elle le nomme ainsi mais elle n'en avait que faire.
Elle prit donc la route vers le petit café du coin de la rue pendant qu'il la suivait prêt à l'enfoncer de l'avoir appelé de cette manière. Elle, toujours souriante, avait compris comment le faire décoller pour qu'il la suive.

Ils pénètrent le petit établissement sous les jurons du jeune homme et l'odeur de café envahît leur narines ce qui apaisa la tension. L'endroit était cosy avec des petits fauteuils, des tables et un bar mais le côté le plus charmant du lieu était les chaises hautes face à la grande baie vitrée qui donnait vue directement sur le boulevard. On y voyait l'agitation de la ville, allant des voitures, taxis et bus sur la route aux piétons se rendant tous à des lieux différents. Des hommes d'affaires sur le chemin vers leurs bureaux, des étudiants se dépêchant pour ne pas arriver en retard en cours ou des groupes d'amis profitant des allées commerçantes. Le décor typique d'une ville classique en somme.
L'artiste s'avança vers le comptoir pour commander leurs fameux cafés. Elle prit un café latte avec une pâtisserie puis se retourna vers son "invité" pour savoir ce qu'il souhaitait.
- Un café noir.
Elle grimaça, elle n'aimait pas le café noir, elle en buvait seulement lorsqu'elle devait passer ses nuits sur ses travaux. C'est ainsi qu'après avoir payé, ils s'installèrent face à la baie vitrée patientant pour leur consommation.
Ils observaient en silence la scène que la ville leur offrait, et eux même devenaient une partie du décor citadin. Personne ne savait qui ils étaient, ce qui faisaient ou leur relation.
Une fois servis, elle sourit face à la nourriture exquise qui n'attendait que d'être mangée alors qu'il la dévisageait blasé. Ils n'attentèrent guère plus de temps pour prendre une gorgée de leur boisson chaude et la maladresse de la jeune fille prit le dessus, elle se brûla la langue en voulant boire trop vite.
- T'es vraiment pas douée gamine, se moqua-t-il.
- J'ai un prénom, gamin et c'est Sua, rétorqua-t-elle en soufflant.
Il leva un sourcil d'incompréhension.
- J'en ai rien à faire de connaître ton nom, tu sais?
Il détourna le regard pour continuer à épier l'extérieur tandis que son esprit vagabondait et ne fit presque plus attention à celle se trouvant à coté. Elle, mangea en silence maintenant que sa langue allait mieux puis l'interpella de nouveau.
- Je pourrai au moins savoir ton nom ? A part si tu adores que l'on t'appelle le Roi.
Elle allait rajouter une nouvelle pique mais fut coupée,
- Alec.
Il ne lui portait toujours aucune attention mais il évitait qu'elle le bassine avec ce diminutif qu'il détestait.
"Alec" répéta-t-elle, ce n'était pas un nom commun mais le sien ne l'était pas tout autant.
Le bruit d'un téléphone cassa l'ambiance au combien il ne cessait pas de biper. Sua fonça dans son sac pour le trouver et c'est là que la sonnerie d'appel débuta, elle étala tout le contenu sur la table et elle dénicha enfin son portable. Elle répondit en panique.
- Allo ?!
La suite de la conversation était un ramassis de "oui bien sûr", "je me dépêche", "je corrigerai ça" et "vous aurez tout à temps". Grosso modo on devinait qu'elle parlait d'un potentiel film dû au nombreux termes techniques employés. Lorsqu'elle raccrocha de cet interminable appel, elle s'excusa auprès de son convive. Il balaya de la main pour lui signifier que ce n'était rien, par contre tout le matériel à vue et ce qu'il avait entendu, attisa sa curiosité.
- Tu fais un film ?
Il l'avait demandé en pointant les affaires de la brunette.
Elle secoua la tête en approbation tout en souriant légèrement.
- C'est mon premier gros film, je n'ai fais que des petits courts métrages jusqu'à présent.
Étrangement, il voulait en savoir plus, il lui demanda plus d'informations. Elle lui expliqua donc :
- Ce n'est pas un film par montage vidéos mais un film d'animation, et ici ce sont les storyboards et tous les dessins préparatoires.
Elle rassembla et tria ses travaux pour lui présenter. Elle semblait toute excitée d'en parler, ses yeux pétillaient. Elle évitait cependant de lui montrer les plans, scènes importantes car cela devait rester confidentiel afin que les informations ne fuitent pas.
- Et l'histoire parle de quoi ?, questionna-t-il.
Elle mit son doigt sur la bouche pour lui faire comprendre qu'elle ne pouvait pas en parler.
Il fit une petite moue sans s'en rendre compte, il voulait savoir et cela n'échappa au regard de l'animatrice.
- Râle pas, dans quelques mois tu le verras au cinéma et tu verras mon nom en grand dans les crédits ! dit-elle fièrement.
Ensuite, ils continuèrent de discuter dans une ambiance plus détendue jusqu'à ce qu'un nouveau message les coupe. Sua emballa précipitamment son bric à brac et sauta de sa chaise haute.
- Je suis désolée, je dois y aller ! On m'attend au studio, je dois aller bosser !
Elle accéléra jusqu'à la porte,
- A une prochaine fois Alec !, et elle sortit.
Il n'eut le temps de la saluer en retour tellement elle avait été vite. Il haussa les épaules en récupérant lui aussi son sac de sport et s'en alla.
- A une prochaine, ouais comme si ça allait arriver, chuchota-t-il en mettant ses écouteurs.
Il ne savait pas ce qui l'attendait à ce moment là.