L'année de mes seize ans, au début de l'été, ma mère a décrété que j'étais enceinte. Tout ça parce que je n'étais jamais à la maison, c'était chez Baptiste que je trouvais mon bonheur. Il est vrai que j'avais pris du poids, je ne loupais aucun repas et mangeais comme dix. Je passais le plus clair de mon immense temps libre aux toilettes car ma vessie ne tenait plus le coup.
Quoi qu'on lise sur le fait de prendre du poids (journal, blog ou autres) on trouvera toujours la grossesse comme possibilité. Pourtant, la grossesse n'est pas un effet secondaire de grossir. C'est l'amour qui provoque la prise de poids. Ma mère, persuadée que je devais consulter, a pris rendez-vous chez mon gynécologue, le docteur John, qui a confirmé que je nageais en pleine grossesse, une grossesse non désirée et inattendue, tout ce qu'il y a de plus clinique. Conclusion : Il fallait modifier toute ma vie. Et je devais l'annoncer à Baptiste. Inutile de préciser dans quel état de panique je me trouvais. JE LE SAVAIS. C'était la première chose que ma mère m'avait dit en sortant. Elle n'avait pas l'air de mesurer la graviter des faits.
Me voila obligée d'écouter débiter pour la millième fois le récit de la vie d'Astrid, la meilleure amie de ma mère - comment elle était tombée enceinte à dix-sept ans et aurait dû avorter, sauf qu'elle ne l'avait pas fait et, maintenant elle était même une mère bien vivante qui se tenait devant nous dans le salon de son vieil appartement du dix-huitième siècle de la 7em ville d'Europe la plus agréable à vivre. Mère célibataire, accro à la cigarette, seule, vivotant du maigre revenu que lui rapportait l'exploitation de son petit boulot de coiffeuse. ET TOI AUSSI, TU PEUX AVOIR CETTE CHANCE ! Belle ironie.
Une fois après avoir refuser de partager mon expérience avec ma mère et elle, s'ensuivait le moment où je devais voir Baptiste. Je sorti de la maison comme à chaque fois, je passais par la même petite ruelle lugubre et déprimante qui collait bien avec mon humeur d'aujourd'hui. Me voila devant sa porte, je cogne et rentre. Il est dans sa chambre, je monte. Il est allongé dans son lit, je déposa un doux baiser dans ses cheveux avant de m'allonger près de lui. J'avais les mains moites et mon coeur semblait s'emballer au fur et a mesure que les minutes passaient.
Moi : J'ai quelque chose à t'annoncer..
Baptiste : Est-ce-que tout va bien?
Moi : je ne sais pas vraiment, Baptiste, je suis enceinte.
Silence. Après un long moment, il semble accepter le fait que nous allions être parents - ou non. Il faut prendre une décision. Nous avons deux semaines pour réfléchir nous avions le choix, a) Accepter le défit et peut être gâcher nos vies ou b) tout abandonner et peut être le regretter.
Baptiste : Depuis combien de temps? Qu'est-ce qu'on va faire? Tes parents sont au courant?
Moi : 3 semaines, je ne sais pas, pas mon père.
Après cette journée beaucoup trop intense, maman est venue me chercher chez Baptiste à 17h56 pour aller à l'épicerie - dans le but de passer un moment mère-fille, comme si on en avait pas assez eu aujourd'hui. Une fois au magasin, j'ai tripoté mon tee-shirt, histoire que le monde ne se rende pas compte que je suis enceinte de 3 semaines.
Maman : Ça ne se voit pas Agathe, c'est trop tôt.
Moi : Peux-tu parler moins fort, je ne voudrais pas qu'on t'entende.
On allait rentrer à la maison, il fallait maintenant que j'affronte mon père. Seule. J'étais terrorisée. En arrivant dans l'allée, maman me donna un coup de coude, j'ai levé la tête et Baptiste était la, devant la porte, assis sur les marches. Mon coeur se mit à battre si fort que j'avais l'impression que c'était une bombe prête à exploser à n'importe quel moment.
Il était la pour affronter mon père avec moi, il se disait autant responsable de ce qui était arrivé et ne voulait pas que je subisse toute cette pression seule. C'est pour ça que je l'aimais.
À peine rentrés Papa pris la parole :
- Salut les filles, oh Baptiste ça va?
- Très bien et vous? A dit Baptiste.
- Bien merci, qu'est ce qui t'amène chez nous ce soir? Demanda Papa.
- Voyons Paul, Baptiste peut venir quand il veut. Intervint Maman.
- Merci Nathalie, euh.. et bien Agathe et moi avions quelque chose à vous annoncer.
Le sourire de papa disparu et son air de père inquiet - que je n'avais pas vu depuis le moment des résultats de mon diplôme - refit surface.
Il fallait que j'intervienne, c'était le moment :
- Papa, assieds toi, c'est vraiment important.
- Agathe tu m'inquiète vraiment, qu'est ce qu'il ce passe? Tu quittes le pays? Tu abandonne tes études?
- Papa, je suis enceinte et on veut le garder.
Nous n'en avions même pas parlé, c'est sorti naturellement, ma décision était prise.
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Recueil de nouvelles
Short StoryDes nouvelles de différents genre ont été écrites dans ce recueil, nous pouvons retrouver des pastiches, des contes merveilleux ou encore des fictions. N'hésitez surtout pas à me faire part de vos critiques et autres commentaires, je souhaite m'amél...