Walsh (Nouvelle, Fiction)

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Walsh, c'est tout ce qu'il m'a laissé. J'ai 17 ans et mon père est un idiot. Drôle de nom pour une française, c'est ce qu'on m'a toujours dit. Mon père nous a laissé l'année de mes 10 ans, pour aller avec une blondinette de 25 ans, ma mère ne pouvait à priori pas lutter contre la jeunesse de cette femme. On choisi pas sa famille comme on dit. Il s'est éloigné, il me restait seulement quelques bons souvenirs et surtout cette douleur insoutenable qu'est de voir son père partir. Depuis, je n'ai plus aucune nouvelle. Il semblerait que je ne sois pour lui qu'un vulgaire bout du passé qu'il souhaiterait oublier. Malgré ça, mon enfance a été très heureuse, je passais mes journée à l'école avec mon ami de toujours, Nathan. Nous nous amusions beaucoup. J'avais et j'ai toujours de très bonne notes, j'adore l'école, contrairement à Nathan, que je dois sortir du lit chaque matin. Il me dit souvent que sans moi, il louperait sa vie. Je ne me jette pas des fleurs, c'est lui qui le dit. C'est pour ça que je l'aime.

J'ai acheté ce petit carnet il y a trois semaines et c'est seulement maintenant que je me décide a écrire dedans. Je n'arrivais pas à me lancer et je ne savais vraiment pas par ou commencer. Parler de mon père m'a semblé être la meilleure idée. Quoi de mieux pour débuter une histoire par quelque chose de personnel et d'intense? Je ne sais pas pourquoi je fais ça, de toute manière personne ne le lira à par moi. J'espère que ma mère ne va pas faire partie de toutes ces « génitrices » qui passent leurs temps libres à essayer de trouver le journal intime de leur enfant pour voir si ils ou elles ont un(e) petit(e) ami(e). Si tu l'as trouvé maman arrête de lire ! De toute manière, quand aurait-elle le temps de faire ça ? Entre ses deux boulots et les heures de travail interminables qu'elle cumule depuis le départ de mon père c'est tout juste si elle a le temps de prendre une douche.

Aujourd'hui nous sommes dimanche, il est 6h30, ma mère est rentrée de son travail il y a une heure. Je l'ai encore entendu pleurer. Je ne sais pas comment lui faire retrouver le sourire. J'ai l'impression d'être impuissante. Je me suis donc levée pour ranger la maison et lui préparer à manger pour quand elle se lèvera. À 8h, mon téléphone se met à vibrer.

- Bien le bonjour ma chère demoiselle!

- Heeeey Nat', que me vaut cet appel si matinal?

- Je me disais, que peut être pour une fois, ça serait moi qui te sortirai de ton lit, mais, comme je suis un ami hors du commun, c'est pour te proposer un truc cool contrairement à toi!

- Louper, je suis levée depuis 6h30. Es-tu entrain de me reprocher de te réveiller chaque matin pour aller à l'école ?

- Encore ta mère ? Et peut-être bien.

- Oui.

- Pauline Walsh, je vous attends dans votre voiture dans 10 minutes, n'oubliez pas votre maillot de bain.

Il avait le don de me remonter le moral, peu importe la situation. En sortant de la maison, je mis un post-it sur le frigo pour que maman ne panique pas. Nathan était déjà installé devant le volant, avec sa chemise ouverte sur son short de bain.

- Rappelle moi pourquoi j'ai osé te donner le double de mes clés de voiture.

- Pour que je puisse te surprendre et te faire rêver chérie.

- Ark arrête ça et conduis. On va où?

- Décidément aucun humour. Playaaaaa.

Il mit ma musique préféré à fond, ouvra les fenêtres et nous voila parti en direction de la mer, ça s'annonçait être une bonne journée.

Une fois arrivés sur la plage, après l'installation de nos serviettes, je décidai de vider mon cœur, comme Nathan l'attendait et je lui parla de mon journal. Nous n'avions aucun secret l'un pour l'autre. Après avoir avoué que mon père me manquait terriblement, nous avons eu une longue discussion à ce propos. Puis, comme chaque fois que l'un de nous ne se sentait pas bien, nous sommes retournés en ville pour noyer notre peine avec notre marchand de glace préféré! Le soir toute seule dans ma chambre -je n'avais pas vu maman aujourd'hui, elle était déjà retournée à son travail quand je suis rentrée- je repris mon journal pour réfléchir une fois de plus sur le départ de mon père.

Je pense que le fait qu'on se rapproche de la date de la remise des diplômes, me rend triste, j'aurais bien aimé avoir une famille normale avec des parents heureux et amoureux, qui serait présents lors ce jour important, et voir la fierté briller dans leurs yeux. Je me demande ce qu'il trouve de plus chez cette femme. Bref, je vais devoir me satisfaire de ma vie telle qu'elle est. Le plus important c'est d'être entouré par des gens qui t'aiment et heureusement pour moi c'était le cas. Nathan et maman sont les personnes qui arrivent à me redonner le sourire et à me remettre dans le droit chemin. Je pourrais parler de mes nombreuses déviations lors de mon adolescence. Lorsque que mes weekends consistaient à juste fumer et boire. Il est vrai que pendant deux années, Nathan et moi nous sommes éloignés et ça n'a vraiment pas bien tourné. Pour nous deux. Lui s'est renfermé sur lui même, ne faisait plus rien, il ne sortait de chez lui uniquement pour aller en cours ou pour jeter la poubelle. Pendant ce temps, tout a fait en contradiction avec lui, je passais ma vie à l'extérieur à boire des coup avec des inconnus. Maman n'était jamais là, je me sentais terriblement seule, je n'avais que 15 ans. Quand j'y pense, il aurait pu m'arriver tellement de choses ! Je suis chanceuse. Après notre période d'autodestruction, nous sommes revenu l'un vers l'autre, pour le plus grand bonheur de nos mères qui nous voyait déjà mariés. Mais, c'est au moment où nous nous sommes retrouvés, que Nathan m'a fait son coming out, encore aujourd'hui je suis la seule au courant, il est encore trop effrayé pour affronter le regard de ses parents, je sais qu'il y arrivera bientôt. Je le soutiendrai quoi qu'il arrive. Je vais m'arrêter là pour ce soir, je m'endors en écrivant ces lignes.

Nous sommes lundi, je commence à 9h aujourd'hui, mon rituel matinal pour bien commencer la semaine est d'aller acheter trois bretzel, un pour maman, un pour Nathan et un pour moi. Cette habitude viens de mon père. Il allait chaque semaine dans cette boulangerie et nous ramenait a chacune un bretzel que nous dégustions tous les trois sur la terrasse les jours d'été. Je ressens un sentiment de sécurité mélangé à de la nostalgie à chaque fois que je croque un morceau. Mon père était resté dans notre quotidien malgré son départ. Comme si nous refusions de le laisser partir.

Il restait seulement un mois avant la fin des cours et la remise des diplômes. L'envie de découvrir le monde de l'université augmentait de jour en jour. Ça fait 3 semaines que je n'ai pas pris le temps d'écrire dans mon journal. Je suis débordée par les examens et dès que j'ai un moment de libre je m'écroule de fatigue dans mon lit. Pourtant, j'aurais des choses à raconter, comme le fait que Nathan semble bizarre depuis quelques jours, il est distant et prétend ne plus avoir le temps de me voir. Je dois étudier moi aussi, mais je peux me débrouiller pour trouver au moins une heure dans la semaine pour voir mon meilleur ami. Apparement pas lui, je ne comprendrais décidément jamais les hommes. Je pense que c'est la dernière fois que j'écris dans mon carnet avant le fameux jour des diplômés. Il ne reste plus qu'une semaine. Maman est dans un état de stress que je ne pensais pas possible d'atteindre. Elle doit avoir peur que j'échoue. Elle a tout de même toujours cru en mes capacités. J'ai toujours été persévérante, je tiens ça d'elle. Je vais réussir, je n'ai le choix de toute manière.

Le jour de la remise des diplômes arriva enfin, en France, ce jour était bien moins incroyable qu'en Amérique, l'annonce des résultats se faisait sur une feuille affichée à l'entrée de l'établissement. Beaucoup moins formel, tu as juste à chercher ton nom classé par ordre alphabétique, tout en priant pour qu'il se retrouve sur la première liste. Malheureusement pour toi, si il n'y était pas, il te reste deux possibilité, le rattrapage ou l'échec. Ce matin là, maman m'attendait dans le salon me demandant nerveusement si j'étais prête. C'était son premier jour de congés depuis 1 an. Elle m'annonça que Nathan et ses parents étaient déjà parti sur place, j'étais une peu en triste, j'aurais aimé qu'on y aille ensemble. Je voulais qu'on vive ça tous les deux, mais cette réaction collait parfaitement avec son comportement étrange de ces trois dernières semaines.

Arrivées au lycée, nous croisons des gens pleurer, pour la plupart, ça semblait être des larmes de joie. Je me rapprochai alors du panneau cherchant mon nom sur la première affiche. Je l'ai. J'ai réussi ! Je me retournai brusquement pour retrouver ma mère et je me retrouvai nez à nez avec un homme, il était revenu.

Je compris que plus tard, que la distance qu'avait mis Nathan entre lui et moi, toutes les heures qu'il me consacrait auparavant étaient mises à la recherche active de mon père. Et il avait réussi. 

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⏰ Last updated: Jun 26, 2019 ⏰

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