Je sens son souffle dans ma nuque, comme si elle allait me dévorer. La bête tourne autour de moi, je ne peux plus bouger. Je suis prise au piège, paralysée de tous mes membres. Soudain, la chaleur m'envahi et je brûle. Je hurle mais personne ne m'entend, la bête est partie mais je sais qu'elle reviendra. J'ouvre les yeux, elle est devant moi mais je ne vois pas son visage, si on peut appeler ça un visage. Une douleur me prend dans la poitrine et puis... plus rien.
Je me réveille en sursaut après une nuit de cauchemars. Ils viennent me hanter chaque nuit depuis que j'ai dix ans. J'ai tenté désespérément de les faire partir mais ils reviennent me hanter, comme une malédiction. Je m'extirpe de mon lit, en sueur. Il faudrait que je prenne une douche, me dis-je. Je pose mon regard sur le cadran du réveil : 6h03. Je prends quelques vêtements dans mon armoire et file dans la salle de bain. L'eau chaude me fait du bien, et pendant quelques minutes j'oublie presque ma nuit d'horreur. Aujourd'hui, comme tous les jours, je vais voir ma psychiatre, le docteur Wilson. On croirait que je suis folle en disant ça mais, c'est vrai, je vais voir une psy depuis que j'ai commencé ces mauvais rêves. Parfois, je lui mens en lui disant que ça fait une semaine que je n'ai pas fais un seul cauchemar, alors que c'est faux. Rien qu'à voir la pâleur de mon visage, elle comprend que je suis malade ou plutôt, folle. Oui, folle, c'est le mot. Mes parents me prennent pour quelqu'un de malade. Tous les jours, c'est « n'oublie pas tes médicaments », pour éviter la dépression. Trop tard, elle est déjà là, ancrée en moi comme un parasite.
Je sors de la salle de bain et descend au rez-de-chaussée. Personne n'est levé. Il faut dire qu'il n'est que 6h26. Je n'ai pas faim alors, je ne bois qu'un verre d'eau avant de remonter dans ma chambre. Il fait encore nuit, c'est normal puisque nous ne sommes qu'au mois de février. Le 19, exactement. Rah mais qu'est-ce que j'ai à toujours compter les minutes, les heures, les jours de ma misérable vie ?! Ma mère frappe à ma porte.
-Tu es déjà levée ? me demande-t-elle.
Elle ne me laisse pas le temps de répondre et poursuit.
-Encore les cauchemars... On voit le docteur Wilson aujourd'hui, tu lui en parleras. Dit-elle d'un ton froid.
Je hoche la tête en signe d'acquiescement et ma mère referme la porte. Elle est comme ça depuis cette fameuse période... Je décide de dessiner un peu en attendant de partir pour les cours.
On frappe à la porte. Je sursaute. C'est ma mère. Encore.
- Violette, chérie, tu es prête ? On va partir.
Je regarde l'heure : 7h36. Il est temps de partir. Je prends mon sac et sors de ma chambre. En entrant dans le salon, j'entends mon père parler à voix basse au téléphone.
-..trop jeune. Puisque je vous dis qu'elle n'ira pas sans mon accord ! Elle est, disons... fragile. Oui, oui, je lui en parlerai quand elle sera prête. Je vous tiendrai au courant.
Il parle de moi, j'en suis certaine. Fragile, je suis fragile, c'est plutôt un mot afin d'enjoliver le fait que je sois complètement folle ! Je me demande qui était au téléphone avec mon père, et je compte bien le découvrir.
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Nuit
FantasyViolette, une jeune fille souffrant de troubles du comportement se voit forcée par ses parents de partir pour un institut afin de résoudre ses problèmes, mais il s'avère que ce lieu ne lui sera pas inconnu...