Jaebeom se regardait dans le miroir, les bras le long du corps, le visage inexpressif. Sourcils froncés, rides sur le front, il s'inspectait en long, en large et en travers. Rien à faire, sa tignasse sombre se montrait toujours aussi indomptable, qu'importe le nombre de coups de peigne donnés. Il claqua sa langue contre son palet, agacé au possible. Pire qu'une fille enfermée dans sa salle de bain. Se rapprochant du miroir, le jeune homme entreprit de passer au crible la moindre imperfection de son visage. Comme s'il ne se faisait pas assez de mal comme ça.
Il louchait presque face à son reflet, essayant de repérer un éventuel bouton qu'il devrait éclater. Heureusement, sa nouvelle crème faisait des miracles et nulle marque rouge ne pointait le bout de son nez sur ses joues blêmes ou son front. L'étudiant recula, la boule au ventre. Sa crispation se voyait et il avait beau se relaxer dans sa chambre, rien ne fonctionnait. Ses pensées tournoyaient dans son esprit à la manière d'un carrousel et lui donnaient des migraines telles qu'il devait parfois rester dans le noir de longues heures avant d'être apaisé.
Quand avait-il commencé à faire de telles crises d'anxiété ? Aussi loin que Jaebeom puisse remonter, il se rappelait être déjà un garçon soucieux dès son plus jeune âge. Et cela n'allait pas en s'arrangeant avec le temps... Bien qu'il sache en partie pourquoi il stressait tant, le brun tentait vainement de se raisonner et de se convaincre qu'il ne s'agissait pas de ça. De toute façon, Yugyeom lui répétait sans cesse qu'on aurait beau lui foutre la vérité devant lui, il trouverait le moyen de ne pas la voir.
« Si c'est pour te protéger que tu te voiles la face comme ça, tu vas te prendre le bâton en pleine gueule. Et crois-moi, ça va pas te faire du bien. »
Comme s'il pouvait faire autrement. A choisir, il n'agirait pas comme ça, avec cette lâcheté qui lui comprimait le thorax tous les jours. A choisir, il ne se comporterait pas comme ça, avec cette peur qui le bouffait de l'intérieur. Malgré tous les efforts qu'il fournissait, il restait englué dans son impuissance, dans cette espèce de chagrin destructeur et dont il ne s'échappait pas. Ses doigts agrippèrent le col de sa chemise, phalanges tremblantes sur le tissu fraîchement repassé et avec des gestes mécaniques, entreprit de boutonner son vêtement.
Alors qu'il terminait sa tâche, son portable vibra sur le rebord de l'évier, manquant de le faire sursauter. Paume sur le cœur, il expira à plusieurs reprises sans pour autant décrocher. La sonnerie résonna dans la pièce, notes d'électro dans l'habitacle chargé d'odeurs de savon à la pomme et de déodorant, et ce ne fut qu'au bout du signal qu'il se décida à s'emparer du téléphone. Pas besoin de regarder qui l'appelait, Jaebeom connaissait déjà la réponse.
— Pas de lapin cette fois-ci, tu te ramènes à la soirée, s'écria la voix de son ami à l'autre bout du fil.
Jaebeom grimaça. S'il y avait bien une chose qu'il détestait, c'était qu'on le rappelle à l'ordre.
— Pourquoi tu m'appelles ? Un sms aurait suffi, grogna le brun, appuyé contre le lavabo.
— Je préfère vérifier que tu sois pas en train de chercher des excuses pour ne pas venir.
Il leva les yeux au ciel, mordillant avec nervosité sa lèvre inférieure. Jackson lisait en lui comme un livre ouvert, impossible de lui mentir. Autant mettre les deux pieds dans le plat et se faire engueuler un bon coup plutôt que de le brosser dans le sens du poil.
— Je sais pas si c'est une-
— Mec vraiment, tu abuses. Je parie que t'es dans ta salle de bain en train de te poser mille questions à t'en faire des nœuds au cerveau. Ton blabla à la con j'en veux pas. Pour une fois, passe une soirée avec nous. Et va lui parler putain.
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Le rêve d'un anxieux amoureux - JJ PROJECT
Historia CortaChoix numéro un : ne pas se rendre à l'anniversaire de son ami. Choix numéro deux : se rendre à l'anniversaire de son ami. Choix numéro trois : se rendre à l'anniversaire de son ami et se prendre un râteau. Choix numéro quatre : tout ceci n'exist...