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Elle la lui remit et Anna la déplia et commença à la lire. Elle la débuta d’une voix assurée, mais au fur et à mesure qu’elle progressait dans la lecture, sa voix commença à trembler et les larmes recommencèrent à couler.
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Chère Mammy Sophie,
Nous n’avons parlé que quelques minutes au téléphone et pourtant vous avez réussi à gagner ma confiance. Me voilà donc entrain d’essayer d’écrire la lettre que vous avez demandé ; de mettre par écrit mon problème avec ma femme tel que je les ressens. J’avoue que je ne sais vraiment pas par où commencer. Je suis rempli de colère et je lui en veux terriblement. Et c’est terrible d’en vouloir à ce point à un être qu’on a aimé par-dessus tout. Elle était non seulement mon âme sœur, mais elle était aussi ma mère et ma sœur. Elle était tout ça pour moi et bien plus encore. Pourquoi a-t-elle tout gâché ainsi dites le moi ! Pour cette femme qui m’a mis au monde et qui ne s’est jamais soucié de moi ! Je ne voyais aucune raison de tisser des liens avec cette femme alors que elle par son amour avait pris sa place dans mon cœur. Je lui ai interdit d’aller la voir et elle m’a désobéi. Les conséquences de sa désobéissance ont été désastreuses. Mon bébé madame ; mon fils ; je me voyais déjà entrain de lui apprendre toutes ces choses qu’un père apprenait à son fils…….Je lui en veux madame ! Et ça me détruis !
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Arrivée à ce niveau elle s’effondra sur ses genoux et commença à sangloter de plus belle. Elle fit face à son mari, prit appui sur ses genoux et commença à l’implorer en sanglots.
-Pardonne-moi Robert….. Pardonne-moi mon chéri….. Tu es aussi tout pour moi. Ton silence me tue à petit feu. Je suis désolée, vraiment désolé de t’avoir désobéi ce jour. Pardonne-moi s’il te plaît ! Je m’en veux tellement aussi de la mort de mon bébé, j’en fais des cauchemars toutes les nuits et me réveille en sanglots….. Je suis en vie mais je ne vis plus. Sans toi, sans ton sourire, je ne vis plus Robert. Pardonne-moi !
Robert était ébranlé. La voir ainsi s’humilier, brisée et misérable à ses pieds lui fendait le cœur. Il voulait de tout son cœur la prendre dans ses bras et la consoler. Lui dire qu’elle n’était pas responsable…Mais il n’arrivait pas à lâcher prise ; c’était plus fort que lui. Néanmoins il lui était insupportable de la voir ainsi. Il lui prit les mains et elle leva les yeux vers lui. Ils se fixèrent un instant et il finit par rompre le silence.
-Lève-toi et va t’asseoir s’il te plaît.
Déboussolée, Anne obéis quand même et alla s’asseoir.
Mammy Sophie prit alors la parole en s’adressant à Robert.
-Il n’est pas facile de lâcher prise n’est ce pas ? Croyez-moi quand je vous dis que je comprends ce que vous ressentez. J’ai aussi perdu un enfant. Ma fille Rebecca. Elle avait seulement huit mois quand elle nous a quittés. Elle est tombée du haut des escaliers alors que je l’avais laissé à la surveillance de son père, et elle n’a pas survécu. Il a eu un moment d’inattention et le pire est arrivé. Je lui en ai voulu, je l’ai haïs longtemps je vous l’avoue. C’était plus facile de lui en vouloir que d’accepter la réalité en face et de faire mon deuil. Je me servais de la haine pour fuir la douleur. Et je pense que c’est ce qui vous arrive Robert. Il faut que vous vous confrontiez à votre douleur, que vous la laissiez vous submerger. Ce n’est qu’après cela que vous pourrez guérir et accepter ce drame que vous avez vécu comme ce qu’il est : un drame.
Au fur et à mesure qu’elle avançait dans son monologue, Robert se sentait dépouillé, mis à nu…..compris. Des souvenirs de son fils commencèrent à défiler dans sa tête. Des souvenirs qui lui étaient tellement douloureux qu’il aurait voulu crier ; il se voyait crier mais aucun son ne sortait. Il commençait à transpirer et ses mains commencèrent à trembler. Alors il se leva et sortit précipitamment de la pièce avant de perdre le contrôle.
Anne voulut l’arrêter, l’empêcher de s’en aller, mais mammy Sophie l’en empêcha.
-Laissez-le Anne ! Il a besoin d’être seul. Il reviendra. Je ne pourrai vous dire quand exactement, je ne sais le temps qu’il lui faudra pour évacuer tout ça ; mais ne vous inquiétez pas ; il est sur la bonne voie. Je vais vous reprendre la lettre, Vous la finirez à son retour. Mais je ne pense pas qu’il revienne de suite, ni aujourd’hui. C’est pourquoi je vous conseille de rentrer. Mais quand il reviendra, il sera enfin prêt à discuter avec vous, à s’ouvrir à vous ; écoutez-le et pardonnez ! Car tout comme il a à vous pardonner, vous aurez également des choses à lui pardonner. En attendant soyez forte ! C’est bientôt la fin !
Anne acquiesça et prit son sac, mais ne semblait pas se décider à partir. Mammy Sohphie se leva et la prit dans ses bras et elle recommença à couler des larmes:
-Ne vous inquiétez ma chérie. Tout ira bien ! Encore un peu de temps et à ma place, ce sera votre chéri qui vous serrera fort dans ses bras.
A ces mots, elle eu un bref sourire, acquiesça de la tête et se détacha de mammy Sophie.
-Merci beaucoup pour tout mammy Sophie. Je vous appelle dès que j’ai des nouvelles.
Cette dernière lui sourit et acquiesça de la tête et elle s’en alla.
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Allongée sur le transat et occupée à ressasser ses souvenirs, mammy Sophie n’entendit pas son téléphone qui vibrait. De nature un peu rêveuse, elle se réfugiait souvent dans son monde intérieur quand elle était seule. Pour cela elle préférait la douce vibration du portable à la sonnerie, car selon elle, elle permettait un atterrissage à la réalité plus doux. Le hic, c’est que tu rates souvent les appels ; lui disait souvent son mari. La lumière du téléphone qui clignotait attira en fin de compte son attention. Elle se leva et alla le prendre sur la table basse sur laquelle elle l’avait déposé plus tôt. C’était Anne.
-Anne, ma chérie, lança t’elle en décrochant.
-Bonjour mammy Sophie ; oui ça va mieux, répondit ‘elle à la question de cette dernière. Il est revenu hier soir. Et on a discuté jusqu’au petit matin. Je ne dirai pas qu’on s’est réconcilié mais pour la première depuis deux ans, j’ai retrouvé le Robert que j’aime et qui m’aimait aussi. Alors je vous appelais pour fixer un rendez-vous comme prévu.
-Ok ; dans l’après-midi 16h, ça vous va ?
-Oui oui mammy Sophie. Merci de nous recevoir si vite. Je vais informer Robert. A tout à l’heure alors.
Mammy Sophie acquiesça et raccrocha. Elle était vraiment heureuse de savoir Robert de retour. Ces deux dernières semaines, elle avait eu à calmer Anne plusieurs fois, car elle désespérait de ne pas avoir de ses nouvelles. Elle avait fini par développer un attachement particulier à ce couple. C’était le premier qu’elle recevait seule sans son mari, après le décès de ce dernier et comme par hasard ils avaient en commun le même drame : la perte d’un enfant.
Elle était vraiment contente de les aider à le surmonter ; pensa t’elle en reprenant sa place sur le transat.
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(16h à la Fondation.)
Mammy Sophie était entrain de lire ses nouveaux courriers quand Robert et Anne entrèrent dans le bureau.
-Alors comment va mon couple préféré, s’exclama-t-elle en guise d’accueil.
Robert et Anne se jetèrent un regard et Robert fini par répondre.
-Mieux madame.
-Heureuse de l’entendre, dit mammy Sophie en les invitant à prendre place. Elle rangea son courrier et lança à Robert.
-Alors Robert, ça va mieux ? Décidé à aller de l’avant ?
-Hum… Oui madame. Je suis plus serein. J’ai passé les premiers jours dans un motel à broyer du noir. Et je n’arrivais pas vraiment à lâcher prise. La douleur était là, mais j’étais aussi rongé par la colère. Au bout de quatre jours, j’ai pris conscience que je n’y arriverais pas ainsi. Je me suis souvenu de tout ce que vous avez dit, sur l’importance de s’ouvrir, de communiquer. Alors j’ai décidé d’aller me confronter avec ma mère parce que j’étais rempli de colère envers elle. Je tenais Anne pour responsable, mais ma mère encore plus. Nos relations n’ont jamais été bonnes. Elle m’a abandonné à l’âge de cinq ans pour aller refaire sa vie avec un autre homme. Je ne l’ai plus revu jusqu’à mon mariage avec Anne. Elle avait voulu s’expliquer mais je ne l’ai jamais laissé le faire. Après la mort de mon fils, je lui en voulais encore plus…. Alors je suis allé la voir chez elle. Je me suis défoulé sur elle, de toute ma colère, de mes ressentiments, de mes peurs et des mes angoisses, des blessures profondes qu’elle m’avait causée. Cela m’a fait du bien madame. Je me suis senti plus léger. On a fini par avoir une conversation normale. Je ne vous dirai pas que je ne lui en veux plus, mais je ne suis plus rempli de colère envers elle, et je me sens vraiment mieux, léger. J’ai pu enfin relativiser les choses et accepter le drame qu’on a vécu. Alors j’ai compris ce que voulait ma femme. J’ai compris pourquoi elle a tenu à aller à cet anniversaire alors que je le lui avais interdit. Elle avait raison quand elle disait que ma colère envers ma mère me rendait malheureux. Je ne le savais pas moi-même madame. Elle me connaît si bien….. Elle ne voulait que mon bien et je lui ai fait tant de mal madame….. A mon retour, je lui ai tout expliqué de ma rencontre avec ma mère. Je lui ai dit que j’avais compris et que je ne lui en voulais plus. Ensemble nous avons parlé de notre fils, nous nous sommes rappelés de lui, de tous ses beaux souvenirs que nous avions de lui ? Nous avons pleuré, mais nous avons aussi ri….Nous ne l’oublions pas, et il aura toujours sa place dans notre cœur, dans notre mariage ; mais nous sommes prêts, je suis prêt à aller de l’avant.
Il se tut un instant et se leva. Anne coulait silencieusement des larmes. Mammy Sophie n’intervint pas. Elle lui laissa le temps de se reprendre. Après un moment il revint s’asseoir et reprit.
-Il y a une chose que je n’ai pas osé faire madame. J’y ai pensé et repensé. Mais à chaque fois que j’étais sur le point de le faire, je n’osais pas. Je ne pouvais le faire sans qu’elle sache tout ce que j’ai fait madame. Mais je n’ose pas lui avouer car je sais qu’elle en souffrira. Mais je sais qu’on ne peut repartir sur de bases saines sans qu’elle le sache.
Anna le regardait, intriguée et un peu perdue. De quoi parlait ‘il ? se demandait ‘elle.
Mammy Sophie avait compris.
-Voulez vous qu’elle finisse la lecture de la lettre ? lui demanda-t-elle simplement.
Il acquiesça et Anne semblait de plus en plus intriguée. Quand mammy Sophie lui remit la lettre, ses mains tremblaient. Elle voulait savoir de quoi il parlait, mais redoutait aussi de le savoir.
Mammy Sophie reprit alors en s’adressant à elle.
-Anne, vous vous souvenez de ce que je vous ai dit il y a deux semaines après le départ de Robert ?
Elle se tût un instant comme pour se souvenir et dit :
-Oui ; vous aviez dit que je devais ouvrir mon cœur et pardonner. Que j’avais autant à lui pardonner que lui à moi.
Mammy Sophie lui sourit.
-Oui Anne ; et tant que vous serez ensemble, il en sera toujours ainsi. Vous aurez toujours des choses à vous pardonner mutuellement. Et tant que vous vous aimez, vous arriverez à le faire. Lisez maintenant ! C’est le dernier paragraphe.
Anne commença la lecture.
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Je ne sais pas si c’est pour la punir ou pour chercher du réconfort, mais depuis quelques mois, je me suis mis à la tromper avec d’autres femmes. (Elle fit une pause et le regarda. Elle reprit) Ce n’était jamais rien de sérieux et quand je finissais avec ces femmes je me sentais tellement misérable de lui faire ça, mais……………. Comment vous l’expliquer ? ……. Je me sentais tellement seul au monde. Je n’avais qu’elle, vous comprenez ? Je n’ai jamais su m’ouvrir aux autres. Je gardais tout pour moi avant de la rencontrer. …..
J’ai tellement mal madame ! Et elle me manque beaucoup ! Mais en même temps je n’arrive pas à lui pardonner.
Voilà mon problème madame !
Robert
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QUI PEUT DEVINER LA SUITE ? ANNE LUI PARDONNERRA T’IL ? A MARDI POUR LA CONCLUSION DE CE PREMIER EPISODE AVEC UN NOUVEAU CHAPITRE DE VOTRE CHRONIQUE LA REVANCHE DE DONAN!
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