Suki Kirai

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Killer me manque. Il est juste, tendre, aimant, un peu simple d'esprit sur les bords. Mon génocidaire est obstiné, animé d'une douceâtre folie si aliénante que l'on se perdait dans son regard souvent dépourvu de toute trace d'une quelconque pupille. Mais lorsqu'elles sont visibles, il y est perceptible une passion teintée d'une exquise insanité en tout point angélique. Mon petit tueur préféré possède son propre jardin secret où se cultive de divines roses voilées d'une fantaisie qui leur est propre. Ces même fleurs qui, excitées, brulent de rivaliser avec l'azur du ciel par l'énergie de leurs couleurs. La douceur enivrante et la pureté de la senteur cherchent à dissimuler le véritable trésor de la rose. Cette efflorescence; si semblable à la vierge effarouchée qui commence, aux balbutiements de sa jeunesse, à découvrir l'environnement qui sera le sien toute sa vie durant; ne dissimule qu'aux ignorants les épines dont la nature lui a fait grâce. Cette défense lui permet de ce fait de pouvoir s'épanouir sans s'émouvoir des périples que la vie lui réserve. Elle devient indépendante de son environnement. De la même manière, Killer a su me montrer l'immensité de son éther. Toute ce psychisme dont je n'avais pas connaissance me frappa pianissimo.

Ce ne fut pas le coup de foudre. Ce genre de boniment artificiel ne cherchant qu'à persuader, manipuler et séduire tout ceux en quête du "grand amour". A l'orée de notre relation, je n'étais à ses yeux qu'un maître, une figure de toute puissance à forme animale et goudronnée. C'était comme un défi pour lui de me faire céder à ses avances. Mon amour, ou mon abdication à ses tendresses n'était tout au mieux qu'un prix à remporter. J'étais, et suis encore pour certains récalcitrants, qu'un monstre sans âme, une chimère hideuse faisant défaut à son rôle et à son propre jumeau. Phénomène prodigieux qu'avait été ma transformation, lorsque j'avais pu enfin laissé ma haine et ma démence qui s'était soldée par une ivresse de sentiments négatifs. Mais je n'avais plus à endurer la cilice de l'acrimonie des habitants de Dreamtale. J'étais libre et ma rage éclatait tel un animal fabuleux ne laissant dans ses sillages que poussière! Mais passons, peu à peu ma nouvelle famille s'est formée et comme le phénix, je renaissais de mes cendres, de mon passé. Killer fut mon premier ordre. Son aura était un pur délice et c'est pourquoi mon choix s'arrêta sur lui. Puis vint Horror, Dust et occasionnellement Error. Je ne sais ce qui poussa mon tueur à m'approcher de cette manière un premier temps, un pari avec un compère peut-être qu'en sais-je, mais il passa de subalterne simple à... comment définir ça? A un obsessionnel? La chose qui avait maintenant de l'importance à ses orbites était mon amour.

Le moindre prétexte donnait lieu à des petites attentions particulières de sa part. De natures différentes, cela oscillait entre des fleurs qui inondaient mon conduit olfactifs de leurs milles odeurs, aux opérations risquées en solitaire dans le but de m'apporter toujours plus de sentiments négatifs. Quand je repense à mes emportements dans ces situations, j'ai honte... oui, moi le maître incontestable des cauchemars et gardien des sentiments négatifs, j'ai honte et je l'assume complètement. Malheureusement, celui à qui j'aimerais le faire savoir n'est pas là et est au demeuré absent pour un temps incertain. L'écœurement me reprend quand je revois ces scènes qui hantent mon esprit tourmenté. Une certaine journée me reste en mémoire de par mes excès injustifiés sur mon aimé.

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La journée commençait déjà mal de cause de mon insomnie bien que ça ne change en rien de ma routine quotidienne. D'une humeur massacrante je sors du fauteuil en cuir ébène dans lequel je m'étais assoupi le temps d'un quart d'heure pour me diriger vers le domaine d'Horror, son "bébé" comme il l'appelait. Mais je vais pas me plaindre, de toute façon je l'ai juste asservi car Killer et la cuisine, c'est la définition même d'un suicide. Un souffle me fait frissonner la colonne en repensant aux sandwiches qu'il avait réussi à louper. Mais sérieusement qui peut louper un putain de sandwich au jambon et au fromage?! Faut vraiment y aller! Et je vous assure que le goût fait honneur au rendu physique de la chose que j'avais essayer d'avaler! Une horreur. Passons.

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