Symptômes amoureux

213 22 5
                                    

Ce Soir-là, les rues étaient désertes. La nuit n'était pas brouillardeuse et il n'y avait point de brume. Le climat était terne ou plutôt humide, si vous l'entendez mieux ainsi. L'air, pour ne pas dire le vent, était d'une froidure douce et modérée, sans frimas. Le ciel était noir, noir d'un velours constellé. Et les étoiles au nombre vertigineux, luisantes comme on ne saurait le décrire, offraient à cette soirée quelque chose d'unique, une véritable nuit de printemps africain.

Nous marchâmes un peu beaucoup, je ne puis vous dire combien de minutes. Puis au moment où je m'y attendais le moins, elle s'arrêta de marcher.
Et je m'exclamais :
Qu'y a-t-il ?

•Nous sommes arrivés.

•Moi: Didon, c'est chez moi ici.

•Je sais.

Voilà qui veut tout dire alors, me disais-je.

•Moi : Alors comme ça tu es amoureuse de ton professeur ?

•Non, du tout !

•Moi : Comment ça non ? Je vécu ici pendant une année entière. Et si les circonstances n'ont pas changé, seuls des professeurs vivent dans cette maison. Moi j'y vivais seulement sous le tutelle de mon oncle... À moins que tu ne t'es trompé d'endroit.

•Je ne me suis pas trompé de lieu, je pourrais venir ici même à yeux bandées. Bref, entrons donc, je vais t'expliquer.

Nous entrâmes, je sortis quelques mets du réfrigérateur et une bouteille de boisson sucré. Je mis le tout sur un plat avec deux verres. Nous nous asseyions sur le lit et je me contentais d'écouter, tout en dégustant. Après quelques minutes, puisqu'elle ne disait toujours rien, je lui dis :
Bon, tu m'expliques !

Et dès qu'elle commença sa confession, on eut dire qu'elle ne pouvait plus tenir sur le lit. Elle faisait des cents pas dans la chambre, elle disait :
Par où commencer encore !

•Moi : Commence par la fin !

•Je t'aime !

Je me retournais, regardant ma gauche, puis ma droite. Et elle ajoutait : Oui, toi Jules ! Je t'aime !

C'est vrai, j'étais surpris. Je dirais même ébahi. J'étais perplexe et je ne comprenais absolument rien.

Mais jamais auparavant je n'avais entendu quelque chose d'aussi émouvant. L'intonation, le timbre de sa voix, le regard, le geste, tout y était, comme convoqué par un instinct divin. Et cela faisait merveille en moi, me fouettait la chair.

Mais je ne pouvais m'empêcher de laisser échapper un rire que je m'efforçais de comprimer...

Et, j'eus raison de voir tantôt qu'elle était troublée, envahie et possédée d'une passion qui faisait tressaillir ses tripes. Et ses propos : «Ni plus, ni moins que toi !», «Si toi tu y arrives, il y arrivera !»; commencèrent à prendre toutes leur formes dans ma tête. Et sa gaieté alors étrange, son sourire niais après ma petite confession, tout cela devenait clair et net en ma tête.

•Moi : Voyons, commence donc par le début.

Elle repartie en ces termes :
«J'ai toujours aimé les contes de fée, les vieilles histoires d'amour, les aventures romantiques. De ce fait, je vivais toujours dans le décor de mes livres, espérant qu'un jour je rencontrerai le prince charmant. Quelques années plus tard, j'étais consciente que l'amour de mes rêves n'était qu'une image encrée sur du papier. Faisant alors un choix beaucoup plus judicieux, j'ouvris les yeux à l'afflux de la vraie vie. Je me suis ouverte aux autres et j'ai même commencé à fréquenter des mecs. Beaucoup ont toqué à la porte de mes yeux, mais nul n'a réussi à franchir le seuil de mon cœur pour partager le demeure ma vie. Puis, j'ai arrêté d'espérer, histoire de ne plus vivre dans l'illusion.
Un bon jour, comme la vie sait parfois nous jouer bien des tours, nos deux chemins se sont croisés.
C'était en Octobre, un Lundi matin. Et c'est à partir de cet instant que tout a commencé. Il a suffi ton regard pour que mon cœur soit désarmé. Il n'a fallu qu'un simple sourire pour que je sois charmé. Dès que j'ai posé mon regard sur toi, j'ai eu la très nette impression de t'avoir toujours connu. Drôle de sensation que je ne connaissais pas jusque-là; et toi aussi j'avais remarqué que je te faisais le même effet. Je t'ai souris à travers la porte et même la fenêtre, j'ai même fait des grimaces. Mais rien n'a suffi pour te mettre en confiance. Puis, à la descente, il y'avait trop de vent et tu m'as donné cet écharpe (Elle sortit une écharpe de son sac à main) sans même rien dire. Puis, tu es monté sur ton vélo et tu es partis.

Quand tu es parti, j'ai essayé de te rattraper. Je t'ai fait signe de la main, mais tu ne m'as pas vu le faire. Ensuite, trois longs jours s'écoulèrent, trois jours où ton emprise sur ma mémoire était plus ardente que ce soleil d'avec sa chaleur caniculaire. Ton regard profond a pénétré jusqu'aux entrailles de mon âme et ton sourire m'est resté comme gravé au fer rouge. Tu m'étais venu, tel dans un rêve inassouvi les étoiles scintillent de toutes leurs luisances; puis au petit matin, elles s'éclipsent lorsque le soleil se lève. Ensuite, le soir du troisième jour, je devais partir en voyage. Je t'ai tantôt expliqué pour quoi.

Elle se tue un instant.

Soupirs d'un SoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant