- 2 - Nojan

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Sydney venait de m'ouvrir la cage thoracique à grands coups de blagues à la con et de sourires innocents. Comme Joram savait si bien le faire avant de m'abandonner à ce monde pourri. Jamais encore je n'avais croisé quelqu'un qui lui ressemblait.

Je ne pouvais pas m'empêcher de penser que c'était une foutue blague du destin. Une manière de me punir ou... de me sauver, si j'avais cru un tant soit peu à l'existence de Dieu.

Je tentai de retrouver la chevelure de Boucle d'or dans la foule pour m'assurer qu'elle était bien réelle. Sans succès : elle avait disparu.

— Bébé, je suis désolée, me murmura Lauren. Je sais qu'on n'est pas ensemble, c'est juste que... je n'aime pas te voir flirter avec d'autres filles.

Bébé. Ce surnom me donnait envie de gerber.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu sais que je viens dans ce bar avec mes potes pour avoir la paix.

Je sautais cette fille chaque soir depuis deux semaines. Le sexe m'aidait à encaisser la douleur et le manque liés à eux. C'était con à dire, et putain, ça me rendait malade d'utiliser une meuf uniquement pour ça ! Mais c'était le cas et je n'y pouvais rien. Maintenant, elle commençait à s'attacher...

— Je voulais te faire une...

— Une surprise, ouais, j'avais saisi, la coupai-je. Mais pourquoi ce soir ?

Légèrement en retrait, Steph, qui était arrivé en même temps que Lauren, la mettait en veilleuse, un crayon à la main et l'attention rivée sur une serviette en papier. La pointe de son stylo effleurait à peine le support, sur lequel une œuvre d'art se dessinait peu à peu. Ce mec voulait devenir tatoueur, ce que sa mère ne trouvait pas assez respectable. Pourtant, il avait un putain de talent... Ça ne l'empêchait pas d'agir comme un con.

Sentant mon regard sur lui, il leva les yeux et me servit un sourire d'excuse avant de faire mine de regarder ailleurs en grattant le long serpent qui ornait son cou.

— Je vais me refaire une beauté, déclara Lauren, agacée. Profites-en pour te calmer, Nojan.

Elle quitta mes genoux et s'éloigna. Victor, contrairement à Steph, se marrait. La seule raison pour laquelle je ne lui envoyai pas mon poing dans la tronche, c'est qu'il m'aurait rendu la pareille.

Et j'aurais sacrément morflé.

— Qui a eu l'idée de ramener mon plan cul ici ? demandai-je.

— Pour notre défense, intervint Steph, elle nous a cassé les couilles jusqu'à ce qu'on cède.

— C'était une erreur.

— Je me doute.

Mon ami se mit à tapoter la pointe de son stylo sur la table. D'un geste ferme, Victor le fit arrêter.

— C'était qui ? demanda-t-il de sa voix bourrue.

— Je ne vois pas de qui tu parles.

Je bus une gorgée de ma bière pour couper court à la conversation.

— Tiens, Nojan ! s'exclama Terry en posant une chope devant moi. De la part de Phil. C'est son binôme et lui qui ont perdu la partie de fléchettes.

Elle remarqua Steph et Victor, et ajouta :

— Oh, salut les gars ! La prochaine fois, venez plus tôt, on jouera ensemble.

Steph, n'en ratant pas une pour essayer de pécho, se pencha vers elle :

— Et nous, on a droit à une tournée gratuite ?

Pour me sauver - Sous contrat d'édition chez "Hugo New Romance".Où les histoires vivent. Découvrez maintenant