Le jeu

Chapitre 5 : Le tournant

Malo n'habite qu'à quelques pas de chez moi, et lorsque j'arrive sur son porche, je sonne et patiente un instant.

- "T'es dans l'abus, il est 8 heures du mat et tu m'appelles pour une voiture.
- Désolé Malo, mais ma famille s'est barrée pour fêter l'anniversaire de Julie, et ils m'ont laissé seul.
- Ah les batards, ça se fait pas !"

Je me contente d'hausser les épaules, et j'empoigne les clés de la voiture.

- "Merci de me prêter ta bagnole !
- T'inquiète mon pote, tant que tu me la ramène."

J'ai passé mon permis il y a déjà un an, mais ma famille et moi ne roulons pas sur l'or. Même le prix d'une Twingo d'occasion nous revient cher.

- "Je te payerai l'essence.", sachant que mon trajet ne fait pas plus de 10 km.

Je démarre, et au rond-point du bout de la rue, je prends la route se dirigeant vers Leclerc. Il fait frais mais c'est agréable, le coup de blues du réveil est passé et c'est avec une légère bonne humeur que je me gare sur le parking.

Je prends un sac dans le coffre, entre et commence à faire quelques courses quand je remarque que le prix des appareils photo sont soldés. Ça tombe bien, moi qui veut faire journaliste c'est le moment ou jamais pour en acheter un, ils ne sont pas trop cher.

Une fois les courses finies, je me dirige vers les caisses. Il n'y a personne, et je sors vite du magasin. Je déverrouille la voiture et m'installe en posant le sac de courses sur le siège passager.

- "Putain mais c'est quoi ça ?"

Une tâche rougeâtre, de taille assez moyenne, se trouve sur la paillasse du côté passager, et je me penche afin de mieux l'examiner. Je la touche légèrement et constate qu'elle est sèche.

- "On dirait du sang.. C'est quoi ce bordel ?"

Malo m'a toujours paru étrange, et c'est ce côté mystique qui m'a plu chez lui. Mais pour le moment, ça me fait plus flipper qu'autre chose.

Je démarre aussitôt, et roule plus vite que la vitesse autorisée jusqu'à la maison de Malo. Arrivé, je m'empresse de prendre le sac et de sortir, et une fois que je suis à l'air libre je respire un peu mieux.

- "Ça va Côme ?"

Je sursaute et me retourne vivement.

- "Ah vous m'avez fait peur ! Oui tout va très bien, je me sentais un peu oppressé dans la voiture, voilà tout."

La mère de Malo, qui était en train de jardiner, me regarde fixement, puis finit par me sourire.

- "Oh. Oui, c'est vrai qu'elle est petite cette Clio, et ta tendance claustrophobe ne doit pas trop apprécier, dit-elle en haussant les épaules.

- Oui voilà c'est ça. Bon, au revoir Madame, au plaisir de vous revoir."

Je sors de l'allée du garage et me retrouve dans la rue. L'envie irrépressible de courir me prend, mais je me force à marcher à petit pas rapides.

Pourquoi diable Malo a-t-il du sang dans sa voiture ?