Chapitre 3

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Nous étions tout les deux attablés face à face dans la pizzeria. Avec Nate, nous avions pris trop souvent l'habitude de manger ici, la pizza j'adore ça c'est pas le problème. C'est juste que lorsque nous sommes lancés, nous ne pouvons plus nous arrêter, et à force l'addition devient salé.

— Tu t'es super bien battu ce matin, dis-je entre deux bouchés.

— Peut-être, mais ce n'était pas encore ça. Je sais que je peux mieux faire. Tu as bien vu, le coup que j'ai essayé de mettre à la fin m'a valu la seconde place tellement c'était de la mer**.

— Tu es beaucoup trop exigeant avec toi-même. Tu arriveras à gagner trois Kumite de suite le jour où tu seras prêt. Ce n'est plus qu'une question de temps.

— Tu peux me les ressortir souvent tes phrases de maître yoda, c'est efficace.

— En fait, tu écoutes que ce que tu as envie d'entendre.

— Mais pas du tout, alors là je ne vois pas où tu veux en venir !

— C'est ça ouais, dis-je en croquant dans ma quatre fromage.

— C'est toi qui dis ça, niveau fourberie tu es le boss du niveau.

— Tes références aux jeux vidéos sont toujours aussi ridicules.

— Serais-ce un sourire que je vois apparaitre ?

— Sûrement pas.

En vérité, ça petite blague m'avait touché. C'est possible qu'inconsciemment j'ai souri. Nathan était l'une de ces rares personnes qui arrivaient à me faire sortir de ma zone de confort. Notre amitié datait peut-être seulement de trois ans, mais se sera sûrement les trois ans de ma vie où je me suis senti le plus moi-même. Mais que me réserve l'avenir, j'en ai aucune idée, peut-être sera-t-il meilleur, ou bien pire. En tout cas, je ne préfère pas y penser. Ma vie est assez déprimante comme ça pour remuer le couteau dans la plaie.

Je sens que mon téléphone vibre dans ma poche. C'est un appel. Je montre, l'écran à Nathan, il me fait un signe de la tête, je sors de table et vais dehors pour répondre.

— Allo ! Salut Lé.

— Salut, je ne te dérange pas ?

On ne pouvait pas dire qu'elle appelait au meilleur moment, mais c'était ma meilleure amie, je ne pouvais pas lui dire la vérité. Je voulais juste entendre sa voix.

Non c'est bon. Qu'est ce que tu me veux minimoy ?

J'avais pris l'habitude l'appeler comme ça parce qu'à côté de moi, Léa était ridiculement petite. Du haut de ses 1 mètre 55 elle ne faisait pas le poids face à mon bon mètre 80.

Oh, pas grand chose. Juste parler de vive voix avec toi.

C'est faux. Elle prend mon excuse parce qu'elle sait pertinemment que moi c'est vrai. J'aime entendre sa voix, les textos sont trop impersonnels. Mais avec Léa, il y a toujours quelque chose, toujours.

Lé, te fou pas de moi. Raconte !

Bon ok, tu m'expliques ton commentaire sur insta ? Et depuis quand tu sais que les commentaires insta existent toi ?

Abuses pas, je ne vis pas dans une grotte. Et puis, je suis sur mon téléphone tout le temps, même si je n'utilise pas toutes les options je les connais quand même.

Humour Gaby ! C'est de l'humour. Du second degré.

J'avais compris, et elle le sait, elle fait exprès de se foutre de moi.

Et ça à changé quoi dans ta vie que je mette un commentaire. Nan, mais attends en plus tu m'appelles pour ça ! C'est vraiment un truc de fille...

— Non c'est pas juste pour ça, à cause de ça. Des potes à moi ont cru qu'un mec chelou me traquait ou un truc dans le genre. En même temps quand un mec sans description,ni photo de profil, et avec un pseudo bizarre, mets juste un "belle" en commentaire ça ne passe pas inaperçu.

— Si tu me demandes de mettre une photo de profil, c'est mort, je ne le ferai pas.

— Tu as peur de quoi ? La chose la plus probable serait que tu fasses draguer par des filles et mecs que tu ne connais pas.

— Voilà, justement, c'est ce que je veux éviter. Je n'ai vraiment pas besoin de ça en ce moment.

— Si, peut-être au contraire.

— Non, vraiment pas. Je préfère le contact humain.

— Et pourquoi pas le mélange des deux ?

— Comment ça ?

— Nan, laisse tomber, c'est une mauvaise idée. Sur-ce, je te laisse. Bye Gaby.

Elle me raccroche au nez. Sympa. Je n'ai absolument pas compris ce qu'elle voulait dire par un mélange des deux, mais c'est pas grave. Je l'ai eu au bout du fil, c'est le principal.

Je reviens à table après ces quelques minutes de conversation téléphonique.

— Mais Gabryel, qu'est-ce que tu foutais ? Ta pizza à refroidie.

— C'est pas grave, c'est tout aussi bon froid.

— Ça, c'est vraiment une remarque de grosse bouffe.

— Dis celui qui lèche son assiette, dis-je en levant un sourcil.

— Rien ne se perd quand il s'agit de bonne bouffe.

Nous passons le reste de la soirée à parler de tout ce qui est à peu près cool dans nos vies. C'est-à-dire pas grand chose. La plupart de nos sujets tournent autour du lycée. Il nous reste encore six mois et le lycée est enfin fini pour nous. J'ai vraiment hâte de me barrer de ce lycée et me créer ma propre vie. Je n'ai juste pas envie de laisser ma mère toute seule. Imaginons que ce gros c**, revienne et lui fasse du mal. Déjà de prononcer le divorce à distance à été compliqué alors s'il revenait pour n'importe quoi, je serais prêt à le renvoyer d'où il vient. Et mes poings seront de la partie.

D'ailleurs, l'une des raisons pour lesquelles je me cache sur les réseaux, c'est à cause de lui. Il serait capable de reconnaître certains endroits sur des photos ou même, il pourrait me tracer avec sa put*** de cervelle surdéveloppé d'ingénieur de mes coui****. Cet enfo*** de première, n'a vraiment pas intérêt à se pointer chez moi, dans ma maison. Nous avons convenu avec ma mère de s'appeler tous les jours, une fois que je serais parti de la maison. Elle sait pourquoi je veux que ça se passe comme ça, même si elle ne me l'a pas dit clairement. Avec ma mère, on se parle sans vraiment parler, on se comprend par le regard, les émotions. Ça nous suffit.

Always and forever /ONE SHOT (Entre Nous)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant