Chapitre 2

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Je tire la porte du dojo, Nathan rentre avant moi. Seulement, je remarque qu'il a une tête de coupable. Il replace son sac sur son épaule et se retourne face à moi.

— Il est possible, que je ne t'ai pas tout dit.

— Comment ça..., expliques-toi.

— Il y a une grande chance que ton coach soit là lui aussi.

— Mais mer** Nathan ! Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Il va me poser des questions sur mon absence et je n'ai aucune excuse valable.

Il se déplace se met à côté de moi et pousse pour avancer.

— Tu as peut-être un caractère de c**, mais tu ne l'es pas, tu vas trouver une solution comme un grand.

J'aurai dû rester chez moi, je n'ai aucune envie d'inventer un truc bidon alors que j'étais juste une grosse loque en train de ruminer sur son sort de raté. Trop tard pour reculer, son regard avec ses petits yeux enfoncés me regarde comme un drapeau rouge dans une corrida, lui c'est le taureau près à attaquer. C'est bon, je suis mort. Je vais faire piétiner comme une vieille chips coincé dans un pli de canapé depuis trop longtemps. La bête avance, d'un pas lourd et décidé. Il a limite de la fumée qui sort de son nez et ses yeux sont prêts à exploser.

Il est là, je sens son souffle de taureau alors que je suis à 3 mètres. Il est là, ça y est mon heure à sonner. Je vais mourir.

— LEUREUX ! crit-il plein de furi.

C'est bien moi qu'il appelle, ironique comme nom de famille non ?

— Bonjour coach.

— Je peux savoir ce qui ta pris de déserter ? On avait un combat amicale la semaine dernière ! Si tu me sors que tu t'occupais de ta mère, ce n'est pas une excuse ! C'est une grande dame. Et tu as bien trop utilisé ce bobard pour que ça fonctionne encore sur moi, ptit vaurien !

En vu de ce qui m'attendait, on ne pouvait pas faire pire. J'ai décidé de jouer franc jeu.

— Vous avez raison, je n'ai aucune excuse. Je ne suis pas sorti de chez moi.

— J'aime ta franchise ptit... pour une fois. Je veux te voir lundi à l'entraînement !

Je n'avais pas prévu de revenir de sitôt, mais je n'avais pas prévu de sortir de chez aujourd'hui non plus. Je n'avais plus rien perdre. Et peut-être qu'un entraînement me remettrait d'aplomb.

— Bien-sûr monsieur !

— Et toi ptit, dit-il en s'adressant à Nathan toujours derrière moi, bonne chance.

Il s'éloigna, nous laissant tout les deux.

— Je suis bien content d'avoir une femme comme coach, lui il me fout les boules grave.

— J'imagine même pas comment il est avec sa famille, dis-je en essayant de me faire une idée.

— Bon arrête d'y penser, une compet' m'attends.

*

Nathan s'est bien battu, il a gagné 2 combats sur les 3. Il est passé ceinture noir récemment et ça se ressent. Il a toute l'adrénaline du moment qui ressort, c'est impressionnant. En attendant qu'il sorte de la douche, je l'attendais sur l'un des bancs. Je visse mes écouteurs sur mes oreilles, et me renferme dans ma bulle. J'ouvre instagram, je n'y vais pas souvent. Ce n'est vraiment pas mon truc de m'afficher devant des gens que je connais pas ou à peine. Je ne vois pas l'intérêt. Je suis seulement mes amis proches, c'est-à-dire pas plus de 20 personnes. Ma meilleure amie Léa, que je n'ai pas vue depuis un bout de temps, vient de poster une photo. Elle est rayonnante, j'aimerais être aussi joyeux qu'elle. Elle a toujours le sourire, elle sait toujours quoi dire quand il le faut. Et ça ne vaut pas que pour moi, mais aussi pour tous les gens qu'elle fréquente. C'est le genre de personne qui se fait des amis facilement. Mais pour nous deux c'est différent, nous nous connaissons depuis notre naissance. C'est comme une sœur pour moi. Étant petits nous prenions nos bains ensemble, on était tout le temps fourré l'un avec l'autre. C'est grâce à nos mères qui étaient amies bien avant notre naissance. Nous sommes moins collé l'un à l'autre, ça c'est sur mais nous nous envoyons des messages pratiquement tous les jours. On se raconte tout, enfin on essaye tout du moins.

Je mets un commentaire sous sa photo, ce que je ne fais jamais. "belle". Je ne mets pas plus que ce simple mot, elle comprend tout.

Nathan arrive et se jette sur le banc et regarde mon écran avant même que j'ai le temps de l'éteindre. Il ne connaît pas l'existence de Léa et je veux que ça reste le cas.

— C'est qui ? Elle plutôt mignonne.

— C'est personne.

Je range mon téléphone dans la poche de mon pantalon. Je veux vite changer de sujet avant qu'il pose un milliard de questions auxquels je n'ai aucune envie de répondre. Quand il le veut, Nate peut être très intrusif. Je me lève du banc.

— Bon, on rentre ?

— Ouaip.

Il se lève à son tour. Puis incline la tête sur le côté, je vois ses lèvres se retrousser et son sourire se former.

— Qu'est ce que tu veux avec ta tête de glandu là !

— Gaby ! Aller, tu sais bien... dit-il en montrant toute sa dentition.

Je sais pertinemment où il veut en venir. Il me prend par les sentiments le saliga** !

— Non arrête, on y est allé il y a un mois à peine.

— Gaby, tu ne peux pas me faire le coup. Je sais que tu en as autant envie que moi. On en prend qu'une chacun !

— Tu sais très bien qu'on tiendra jamais le pari. Une pizza chacun, c'est impossible mec.

— Deux alors ! Aller, s'te plait ? Je viens de faire un effort de malade là ! Si tu veux, j'invite.

— Dit comme ça, ça se refuse pas...

— Charognard va !

Cette dernière remarque me donna un léger sourire. Mais rien d'exceptionnelle. D'habitude, j'aime être seul, mais en ce moment mes tourmentes me rendent insupportable pour moi-même, une première ! Je réussis me saouler tout seul.

Always and forever /ONE SHOT (Entre Nous)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant