𝐬𝐮𝐜𝐤𝐞𝐫 𝐟𝐨𝐫 𝐲𝐨𝐮⇀𝐧𝐨𝐦𝐢𝐧

₂₁‒ jeno, la table, et jaemin-

jaemin sirotait sa boisson le regard tourné vers la salle du café, les clients ainsi que les serveurs ne voyaient rien de bien déroutant chez lui. seulement son ami en face, qui avait les joues cramoisies et le dos horriblement courbé, sa tête rentrée dans ses épaule.

en dessous de leur table, c'était une autre affaire.

la jambe caressait lentement celle en face et tout ça dans la plus grande des discrétions. jaemin faisait comme si de rien n'était, mais il sentait bien le regard horriblement gêné du noiraud face à lui. sa jambe touchait sensuellement celle de jeno qui était toujours sous le choc et qui n'osait pas bouger.
et bien sûr qu'il ne pouvait pas bouger, s'il faisait un geste trop brusque il attirerait les regards tout autour de lui, alors il devait rester de marbre. même si son état était devenu critique.

‒jaemin.

ce dernier daigna enfin tourner le regard vers jeno, arrêtant le mouvement de sa jambe qui restait en contact avec la sienne. n'avait-il donc rien compris ? jeno ne comprenait pas jaemin, ils ne s'aimaient pas. non.

c'était impossible, ils avaient tous les deux une petite-amie. ils n'aimaient pas les garçons.
non.
impossible.

‒t'as pas encore compris ? t'es en manque ou quoi ? demanda discrètement le noiraud en regardant autour de lui.

jaemin ouvrit grand les yeux, posa sa boisson sur la table et soupira. lui non plus ne savait pas vraiment ce qu'il faisait. la seule chose dont il avait conscience, c'était que jeno le rendait étrange.

il avait ce besoin de penser à lui, de le toucher et de connaître la signification de chacune de ses expressions, de poser ses mains sur la peau délicate et veloutée du plus vieux... de déposer ses lèvres sur son grain de beauté placé parfaitement sous son œil.

tout ça, et il ne savait pas pourquoi.

mais sooha restait dans ses pensées.

‒j'ai pas envie de te répondre, dit il en lui tirant la langue, tranquillement jaemin remit correctement ses jambes sous la table.

ils soupirèrent à l'unisson et leurs regards se croisèrent, ce qui donna l'envie à jaemin de reposer plusieurs questions.

- jeno, commença jaemin sur un ton assez malicieux, t'as pas ressenti un truc  quand on était ensemble ? t'as pas l'impression qu'on a un truc... un truc bizarre qui se passe lorsqu'on est...tout les deux.

le brunet fit une pause pour boire un peu. plus il parlait, plus il se sentait débile de dire ça à voix haute.

‒parce que je sentais bien que t'étais aussi excité à l'idée qu'on se branle ensemble-

jeno posa violemment sa boisson sur la table, il la tenait dans la main mais ne supportait plus les paroles de son ami. bien sûr qu'il sentait tout ça, mais il ne devait pas car c'était mal et horrible.

‒t'es sérieux ?

‒jeno, me dis pas que tu penses jamais à moi, je le sais parce que c'est pareil pour moi. on est pareil.

jaemin tentait sûrement de chercher une quelconque vérité chez le noiraud qu'il n'avait pas lui même. il énonçait plein de choses sans vraiment les comprendre.

les deux garçons se fixaient, les filles ne revenaient pas. jaemin et jeno oubliaient tout ce qu'il y avait autour d'eux, restant une nouvelle fois dans leur bulle sans se perdre du regard, ils mourraient tous les deux d'envie.
l'envie de continuer à se fixer de cette manière, l'envie de recommencer. l'envie de se toucher, là, maintenant.

la température augmentait, les clients du restaurant ne voyaient donc rien ?

‒tu t'amuses à faire quoi là ? demanda froidement jeno.

‒rien... on s'amuse juste répondit le brunet voyant que son ami n'était peut-être pas aussi réceptif.

‒c'est pas drôle.

la chaleur de l'endroit ne faisait qu'augmenter.

‒je te connais par coeur jeno, dit jaemin une dernière fois.

il ne voulait pas être le seul à ressentir des émotions nouvelles, un désir intense jamais vécu et à être perdu, il voulait que jeno le soit autant que lui.

‒non.

‒je sais tout de toi jeno.

‒ c'est normal, sooha aussi sait tout sur moi et c'est ta copine.

‒mais tu sais tout de moi aussi.

jaemin s'approcha de jeno par dessus la table, le coeur battant. leurs coeurs battant.

la boule dans son ventre grandissait de plus en plus, alors qu'il se rapprochait du visage du noiraud.

‒dis-moi une seule chose et je le ferai, déclara jaemin ayant presque oublié qu'ils étaient dans un café.

il avait été pris par un élan de désir, il succombait aux yeux de jeno.

ce dernier était également pareil, mais pensait à hyojoon.

‒arrête.

‒je suis obsédé par toi.

‒jaemin stop, la blague s'arrête là.

‒comme toi tu es obsédé par moi.

obsédé.

‒ARRÊTE PUTAIN !

ils étaient obsédés l'un pour l'autre et même si jaemin le disait, il ne l'assumait pas autant. jeno le savait.

il n'aurait jamais dû se perdre dans le regard de jaemin, penser à lui tout le temps. il n'aurait pas dû avoir autant de plaisir à embrasser le brun.

ils n'auraient pas dû.

jeno s'était levé de sa chaise, les poings serrés et le regard rempli de colère, mais aussi de peur. les gens le regardaient, malheureusement, surpris par la violence de ses mots.

jaemin lui, avait le menton qui tremblait et les yeux brillants. pas d'une lueur de joie mais de peur et de tristesse.

ils n'auraient jamais dû.

‒p-pardon... dit-il dans un murmure.

jeno était complètement en colère, il voulait abattre son foutu poing dans la tronche de jaemin puis l'embrasser. pleurer et caresser ses cheveux, le prendre dans ses bras et lui crier que c'était mal. pourquoi faisaient-ils ça ?

il se rassit et dans un silence de mort, burent leurs boissons jusqu'au retour de leurs petites-amies.

et ce fut en les voyant à leurs côtés qu'ils reprirent leurs esprits.

sooha et hyojoon se rassirent tranquillement à leurs côtés et la discussion pu reprendre sans que les deux garçons ne s'adressent vraiment la parole.

en dessous de la table, le pied de jeno s'avança.

en dessous de la table, le pied de jaemin s'avança.

et sans vraiment le vouloir, ils se touchèrent. reculant au début, puis pour se caresser timidement la jambe.

discrètement.