Chapitre XV, J ☆ [E]

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Aujourd'hui,
Jour ★ + 5 208,
07 : 41,
Avril.

Putain de nuit. Une longue nuit. Une très longue nuit. Certainement la plus longue de mon existence. Grisha m'a fait souffrir. J'ai la sensation d'être une foutue passoire. Une sensation causée par toutes ces balles logées dans mon corps. Je ne sais même plus combien. Trois dans la jambe droite, comme trois dans sa jambe droite à lui. Une dans celle de gauche. De qui provenait-elle déjà ? Je ne sais plus. Kenny ? Dinah ? Sieg ou Grisha ? Certainement pas de l'un de ces deux abrutis qui n'arrivent même pas à se retenir de gerber en voyant mon père s'amuser à me mutiler le dos.

Je perds trop de sang. J'ai la tête qui tourne et je m'inquiète parce que je ne ressens plus la douleur depuis une bonne heure déjà. C'est mauvais signe. Je sais que je ne dois surtout pas m'écrouler, pas maintenant, sinon je vais mourir. Je dois vivre. Vivre et rien d'autre. Il n'y a rien de plus important que ma vie en ce moment, je dois vivre. Je relève un peu la tête en entendant quelqu'un s'approcher de moi. C'est le blondinet, il n'est plus aussi méfiant que tout à l'heure. Il m'apporte de l'eau que je bois rapidement. Je ne vais pas dire non. Ce type me croit en train de mourir. S'il savait combien il n'a pas tort. Je souris froidement et je le regarde. Même dans cet état je lui fais peur le pauvre. C'est ridicule.

Je ne suis pas en train de mourir. Je suis en train de survivre, j'ai l'habitude. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve dans une telle impasse. Il faut simplement que j'attende encore quelques minutes, juste quelques minutes et tout ira mieux. Grisha à prévu de passer dans peu de temps, je l'ai entendu le dire à la flic brune qui s'appelle Sasha. Le Arlelt me surveille bien, il n'a pas lâché son regard de moi, bien que je lui fasse peur. Pour autant, ces deux cons n'ont rien remarqué. Les menottes ne tiennent plus, elles lâchent et ils n'ont rien vu. Ils ne savent pas le danger que je suis. Surtout dans un état où ma réflexion s'arrête à la survie. Je ne réfléchis que pour ma vie. Comment peuvent-ils être si naïfs qu'ils en laissent une arme à ma portée et mon portable à côté ? Comment Grisha a-t-il pu passer à côté de cela à chaque fois qu'il passait ? Je ne peux que m'en réjouir, mais c'est mal me connaître s'ils pensent que ces trous dans mon corps m'arrêteront. Ils ont peut-être raison, ou peut-être pas. Je le saurais lorsque je tenterai le tout pour le tout.

Il faut d'abord que Grisha passe une dernière fois et ensuite seulement, je profiterai de sa prochaine absence pour me tirer d'ici. De ce dont je me souviens quand je suis venu ici, il y avait sept gardes dehors, plus les deux agents. Il ne reste que trois balles dans l'arme sur la table, une pour la brune et une pour le blondinet, je les tue et prends leurs armes. Je sors, achève les autres et dégage rapidement d'ici. Je sais que Livai a envoyé un message à Kenny tout à l'heure, ça ne veut dire qu'une chose : il lui a révélé son emplacement. Il faut que j'aille l'aider.

J'entends le code de la porte et retire mon plan de ma tête comme si Grisha était capable de lire dans mes pensées. Il en est incapable, mais il saura si j'ai un plan de fuite juste en voyant mon visage. Doucement, avec le pas lourd il se place devant moi et pose un couteau que je connais bien sur la table. Ce couteau est celui que j'ai abandonné au chalet quand je suis parti avec Livai pour vivre notre vie. Il symbolisait pour moi la fin d'une vie que je ne voulais plus. Une vie que je voulais fuir. Une vie pendant laquelle j'ai tué un être que j'ai aimé. Ce couteau je l'avais planté dans le tonneau en bois qui me servait à m'entraîner chaque jour. Ce couteau devrait être mort, rouillé, inutilisable. Je le lui avais volé une fois en m'infiltrant chez lui pour aller voir ma sœur. Ce couteau là est posé sur la table à côté de moi. Et je ne sais pas pourquoi. Quel est le message ?

(Grisha) Sais-tu qu'il a une longue histoire ? Il est un héritage qui descend de père en fils. Mon grand-père. Mon père. Moi-même. Et j'aurais dû l'offrir à Sieg pour ses dix-huit ans. Mais il a fallu qu'un bâtard comme toi perturbe le monde et ses habitudes. Ce couteau n'a jamais eu la lame ensanglantée jusqu'à ce que tu l'utilises. Combien de personnes as-tu tué ?

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