Let's not Fall in love

Partie 12

Poussant la porte d'un coup de pieds, tout en me portant dans ses bras; Ray passe prudemment le seuil afin d'éviter que ma tête se heurte. Il balance mes sandales au sol et ignore mes plaintes. Délicatement, il me dépose sur le lit. 

- Merci ! Je réponds d'un ton bourru

- Tu as failli me casser le nez n'oublie pas ! Répond-t-il en m'ajustant sur le lit

Je m'en souviens très bien. Enfin presque, parce que ma mémoire lucide remonte au lancé des lanternes célestes. La suite n'est qu'un enchaînement de vin blanc et de bière.

Alors qu'il est sur le point de se relever, je le retiens par le bras. Il manque de se cogner le visage contre le mien mais ne dit rien.

- Ray...Est-ce que tu...Regrette ce qui s'est passé entre nous ? Quand on s'est embrassé ! Je lui demande d'une voix pâteuse, juste avec des mots bien articulés pour qu'il comprenne

Il faut dire qu'être saoul rend moins agile dans les mouvements, mais rend la langue lourde aussi. Il faut une volonté énorme pour bien articuler quand on est saoul. Et plusieurs fois Ray a ri au lieu de se fâcher à cause de ma nouvelle façon de parler.

Son humeur devient aussitôt étrange.

- Maddy...tu dois te reposer ! Dit-il

- Je veux savoir si tu le regrettes Ray ! Si tu regrettes que ce soit moi Maddy ! Je rajoute

Ray soupire, l'air sombre.

- Maddy il ne s'est rien passé ! Oublions ça ! Tu sais bien de ce que je pense...

- Oh je sais ! Que je suis comme ta petite sœur, celle que tu défendais dans la cour de récré ! Ce n'est pas comme si on pouvait être un couple toi et moi ! Voilà ce que tu penses ! Je réponds d'une voix brisée, profondément blessée

Je le relâche. Il s'assoit là, me regardant d'un air triste et plein de remords.

- Je n'y peux rien ! C'est comme ça !

- Et si tu cessais un instant de nous voir comme ça ! Et si on essayait...

- Ce n'est pas un jeu Maddy ! On n'essaie pas les choses pour essayer encore moins une relation ! Tu es saoul et les conditions te font croire qu'il pourrait y avoir quelque chose entre nous !

L'alcool n'immunise pas contre l'humiliation et les blessures de cœur. A cet instant, j'aurais souhaité disparaître, ou continuer à être encore plus saoul et ne jamais avoir eu cette conversation. J'ignore ce qui m'a pris, depuis le baiser. Et l'alcool m'a fait croire qu'il fallait que je descelle une vérité que nous nions tous les deux. Or la seule personne dans le déni ici, doublée du ridicule c'est moi.

J'hoche la tête, puis lui tourne le dos. Après quelques minutes seulement, je feigne dormir profondément. Je l'entends qui se retire dans la salle de bain.

~~ ~~ ~~

Le soleil printanier pénètre par la fenêtre de la salle de bain et m'aveugle. La douleur vive de ma tête ainsi que de mes yeux me donnent la nausée. Mais l'heure n'est pas aux lamentations ni à la grasse matinée. Alors une douche réparatrice me fera un grand bien.

Le petit séjour est arrivé à sa fin et le train en direction de Strasbourg est pour 11h30. Dans la chambre, alors que nous préparons nos valises la tension est lourde. Les frasques de la nuit d'hier sont encore très vives dans ma mémoire. De toute manière, il n'y a rien à redire car la discussion était close. S'il attend des explications de ma part, qu'il mette mon attitude sur le compte de l'alcool. Pour ma part, la réponse est claire et je n'ai aucune envie d'être rejeté à nouveau. Pourquoi était-il aussi dur avec moi ?