Héritière

Partie 1 - Lueur d'Espoir

Il devait sûrement être plus de midi, le soleil passait au-dessus de la petite ouverture en haut du cachot. Lorsque le plateau repas glissa sous la porte elle prit appuie sur la paume de ses mains pour se lever mais elle ne ressentait plus aucune force. Hier déjà elle n'avait eu que de la soupe à manger, mais elle ne pouvait pas se plaindre, l'année passée c'était à peine s'ils l'avaient nourris. En se glissant jusqu'au bol, elle entendit un bruit sourd dans le couloir et les voix des gardes qui paniquaient. Elle tendit l'oreille mais elle n'arriva qu'à comprendre quelques mots. Il était question d'un conseil qui était tenu de toute urgence, ils racontaient d'autres choses mais elle ne compris pas.

Elle se demanda si c'était pour elle, s'ils commençaient à en avoir assez de la garder vivante sans raison et elle pria pour qu'ils la condamnent. Elle n'en pouvait plus d'être enfermée ici, d'avoir deux à trois cuillères de nourriture par jour, la saleté permanente des lieux, tous la répugnait et elle rêvait qu'on la sorte de ce cauchemar par n'importe quel moyen que ce soit.                                                                                                                      Mais le temps passa, le soleil s'était éloigné et personne ne vint la chercher. Plus tard elle entendit même les gardes reprendre leurs places sans rien dire, ça ne devait pas être si important que ça. Elle attrapa le bâton qui jonchait le sol à côté d'elle et elle s'appliqua de toutes ses forces pour tracer un nouveau trait dans le mélange de terre et de roche qui servait de mur. Elle le faisait encore mais ce n'était plus qu'une vieille habitude, Elle avait cessé de compter les jours au bout de trois années. Ce qui l'effrayait le plus c'est que la dernière fois qu'elle avait réellement compté lui paraissait terriblement loin. Avait-elle passé trois années supplémentaires ici ? Ou plus encore ? Elle n'avait personne pour lui donner ces réponses. Elle craignait même de mourir sans jamais savoir combien de temps de sa vie lui avait-on pris.

Elle sursauta lorsqu'un second plateau glissa sous la porte. C'était le soir maintenant, elle le savait car il faisait nuit noir dans le trou au-dessus de sa tête. Elle resta longtemps assise contre le mur sans oser s'avancer, méfiante. Ils la nourrissaient à peine, alors deux fois par jours c'était un vrai miracle. Elle s'attendait à ce qu'un garde reviennent prendre le plateau en riant de sa blague ou en prétextant s'être trompé de cellule mais rien ne se passa. Au contraire au bout de ce qui lui parut être une éternité la porte de sa cellule s'ouvrit sur un garde au regard ébahis lorsqu'il retrouva le plateau plein.                                                                            – Tu ne manges pas ?

Elle frissonna. Elle avait toujours eu du mal avec les gardes et leur manière si familière de lui adresser la parole. Avant personne n'osait jamais la tutoyer même quand elle n'était qu'une simple enfant.                – Tu ne vas pas me dire que tu n'as pas faim, ça fait trois semaines qu'ils réduisent tes quantités de nourriture. Plus il parlait plus elle devenait méfiante. On aurait dit un de leur espèce de piège tordu dont ils avaient le secret.                                                                                                                                 – Vous... hum... Elle fut prise d'une quinte de toux et elle tenta de s'éclaircir la voix, ça faisait des années qu'elle n'avait pas prononcé un seul mot. – Vous êtes un garde vous aussi.                                                              Il rit doucement et elle réalisa que le dernier rire qu'elle avait entendu été celui de sa mère des années auparavant.                                                          – C'est la cuisine qui prépare tes plateaux, nous on te les apporte seulement. Tu ne penses quand même pas que c'est le travail des gardes de cuisiner ce genre de choses.                                                                         Il fronça le nez en sentant le contenu du plateau.                                                 – Ça n'a pas l'air fameux mais tu devrais manger avant qu'on y aille.       - Avant qu'on y aille ?                                                                                                          Il lui tendit le plateau avant de continuer.                                                                – Le conseil veut te parler.                                                                                              – On doit être en plein milieu de la nuit, les membres du conseil doivent dormir à cette heure-ci.                                                                                                   – Arrête de parler et dépêche-toi.                                                                                Elle attrapa le plateau et enfourna dans sa bouche le plus de nourriture possible. Elle essaya de ne pas se poser davantage de questions mais cela restait très compliqué, rien de ce qui arrivait n'était cohérent. Lorsqu'elle eut finit le garde lui tendit la main pour l'aider à se relever.