"Ici vous trouverez les cuisines, ainsi que nos chambres, nous mangeons en général après le repas de Monsieur et Madame, mais globalement, si vous savez cuisiner et que vous prévenez les cuisiniers, vous pouvez vous gérer seul."
Jules hocha la tête et offrit un sourire timide au majordome chargé de son apprentissage.
"Tout le sous-sol nous est réservé, donc nous avons quelques salles de repos que Monsieur le Juge a gentiment mis à notre disposition. Il y a une salle qui nous sert de foyer, avec télévision et accès internet, une bibliothèque que plusieurs d'entre nous ont déjà bien remplie, des fauteuils et même une cheminée ! Elle est très agréable les soirs d'hiver, enfin vous verrez cela bien assez tôt."
Le sourire qui ornait les lèvres du jeune homme se fit plus franc au fur et à mesure que son mentor lui expliquait la situation.
"Je vous laisserai découvrir le reste du sous-sol par vous même, vous devriez aller vous occuper de vos affaires tant que vous en avez encore l'occasion et je vous expliquerai rapidement comment est organisé la maison ensuite.
-Excusez moi Louis, l'interrompit doucement le nouveau venu. Tutoyez-moi enfin, vous me faîtes me sentir distant de vous et je n'arriverai rien à apprendre de cette manière.
- C'est impossible, le coupa aussitôt Louis. Il est coutume ici de nous vouvoyer entre employés, pour ne jamais baisser notre garde face à la famille. Ne me faîtes plus jamais cette requête."
Louis partit tout aussi vite qu'il était arrivé et Jules sourit en rejoignant sa chambre.
Si vu de l'extérieur, le château était immense, il l'était encore plus de l'intérieur. Rien que les quartiers des employés étaient plus grands que la maison de ses parents et ils étaient de plein pied. La maison quant à elle comptait au moins trois étages, autrement dit, il lui faudrait beaucoup de temps avant de trouver son chemin dans cette énorme demeure.
Cependant, Monsieur de Graspied traîtait ses employés mieux que Jules ne l'aurait cru.
Sa chambre à elle seule en était une preuve. Gigantesque - elle faisait au moins la taille de son petit studio en ville - elle était décorée avec goût, dans des tons gris et vert olive, les murs de pierres recouverts de tapisseries relatant différentes parties de chasses, réceptions et autres. Dans l'armoire grise, Jules trouva trois tenues identiques, ce qui devait être son uniforme, dont l'un était fait dans une matière plus légère, certainement pour l'été.Son lit était absolument immense, dans des draps couleurs olives qui semblaient très douillets. Jules se fit la remarque que si les employés étaient traités ainsi, la famille devaient être dans des pièces et des conditions encore plus luxueuses, car la chambre restait tout de même dans l'ensemble assez simple.
Il n'y avait cependant pas d'ampoule dans la pièce et aucune fenêtre, puisqu'elle se situait au sous sol. Plusieurs chandeliers étaient allumés et Jules trouva dans une des tables de nuit une boîte d'allumettes.
Jules s'empressa de ranger ses habits dans l'armoire et ses affaires de douche dans la petite salle de bains attelée à la chambre. Il disposa ses cours sur son bureau, à la droite du lit et eut tout juste le temps de glisser sa valise sous le lit que le talkie-walkie que lui avait donné Louis se mit à grésiller.
"Retrouvez moi aux cuisines."
Lorsque Jules retrouva Louis, ce dernier lui ordonna d'aller se changer aussitôt et lui expliqua comment arriver dans une salle où il était attendu. Il lui indiqua également où se trouvait le bureau de Monsieur le Juge, endroit où il ne devait jamais mettre les pieds à moins d'y avoir été appelé et lui interdit formellement d'aller voir ce qu'il se passait au deuxième étage. Il s'agissait des appartements privés de Madame de Graspied et elle détestait être dérangée là bas.
Lorsque le jeune homme dû finalement partir, le trop plein d'informations lui secoua le cerveau et il avança distraitement dans les couloirs infinis du château.
Il était certain qu'il était attendu au troisième étage, puis qu'il fallait qu'il tourne à droite, tout de suite après l'escalier. Continuer un peu tout droit, dépasser quelques portes et à gauche ! Ou était-ce à droite ? Combien de portes devait-il dépasser ? Il y avait une multitude de couloirs et tous se ressemblaient. Il n'y avait personne ici pour le guider et il ne devait surtout pas ouvrir les portes sans raison. Alors... où était-ce ? Essayons à droite. À droite, il atterrit sur un cul de sac sans voir la porte décrite par Louis, qui lui avait dit qu'elle serait reconnaissable entre toutes, tant elle était belle et majestueuse. Il essaya donc à gauche, où il lui sembla que toutes les portes se ressemblaient et qu'aucune ne devait être la bonne.
Définitivement perdu, il décida d'essayer d'appeler Louis sur le talkie-walkie, mais celui-ci ne grésille même pas. Le signal était coupé.Jules essaya de se calmer, chercha rigoureusement dans sa mémoire toutes les indications utiles que lui avait dit Louis.
Il essaya chaque couloir, examina méticuleusement chaque porte, jusqu'à trouver, finalement, une porte magnifique et majestueuse.Il toqua à la porte. Rien ne se passe. Il se fit légèrement insistant et rien de plus. Il toqua une fois de plus, puis attendait calmement que quelqu'un vienne lui ouvrir telles qu'en étaient les traditions.
Il attendait assez longtemps. Il commençait à se demander ce qu'il se passait lorsque la porte s'ouvrir sur une demoiselle habillée en robe simple, rose.
Elle s'effaça pour le laisser passer et Jules retenu un hoquet de surprise.Contrairement à toutes ses attentes, il était dans une salle minuscule, dans laquelle un énorme miroir lui permettait de se voir en entier. Il se tourna légèrement vers la jeune fille qui le faisait et lui demanda :
"Excusez moi, est-ce que nous sommes dans Alice au Pays des Merveilles ? Non pas que je m'en plaigne, j'adore ce livre, cependant...
- Par ici, s'il vous plaît, le coupa la jeune fille."
Jules se redressa et hoche la tête en souriant.
Dans le fond de la minuscule pièce, se trouvait une porte en bois, qu'ils s'empressèrent de traverser.
Alors qu'il la refermait derrière lui, il sursauta en entendant une voix cristalline, amusée et joyeuse dans son dos :
"Vous nous avez enfin trouvé !"
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La Mission De Jules
عاطفيةJules Laniard, jeune homme tout fraîchement sorti de l'école, cherche à devenir avocat. Ne parvenant pas à atteindre son objectif, il décide de commencer à travailler pour Pierre de Graspied, un célébre juge de la noblesse et se retrouve à être l'a...