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Victor me toise d'un air dénigrant, blessant, que je ne l'aurais jamais imaginé porter sur moi. Je perds tous mes moyens. Je n'ai qu'une envie, c'est de partir en courant pour m'isoler et pleurer. La haine des gens autour m'atteint plus qu'elle ne le devrait, et j'ai l'impression d'être seule contre tous, comme prise au piège. Et comme à chaque fois que je suis décontenancée, je ne sais plus quoi dire. Trop de phrases, de questions, de réponses tournent dans ma tête à une vitesse folle, si bien que je n'arrive pas à en attraper une seule au vol pour la ressortir à mon interlocuteur.

Au fond, c'est toujours la même chose. Je n'arrive jamais à me défendre et à me sortir seule des situations compliquées. Et je connais déjà l'issue de cette dispute : Victor va me quitter, même si ça je m'en fiche, mais le lycée entier va savoir que j'aime une fille, et ils vont se moquer de moi comme l'ont déjà fait quelques élèves ici présents. Être la risée du lycée, je m'en fiche, mais être jugée par des gens qui ne me connaissent pas sur un critère dérisoire comme la personne que j'aime, ça par contre c'est bien plus blessant que je ne l'aurais imaginé.

- Alors vas-y, tu peux me le dire que tu m'as trompé, je veux te l'entendre dire.

Pourquoi est-il si méchant ? Il voit bien que je souffre de la situation, il voit mon malaise alors pourquoi en rajoute-t-il ? Au bord des larmes, je parviens à trouver le courage de croiser son regard. J'y vois un peu de tristesse, mais surtout une colère démesurée. Il pense vraiment que je l'ai trompé, pourtant techniquement ce n'est pas le cas. Cependant, je n'ai pas envie de nier, car même si je ne l'ai pas trompé, c'est tout comme. J'aime Jade, je le sais maintenant.

- Je...ne t'aime...plus.

Ce sont les seuls mots qui parviennent à franchir la barrière de mes lèvres. J'avais l'air ridicule, et sur tout ce que j'aurais pu lui dire, comme « oui je t'en ai trompé » ou « non je ne t'ai pas trompé » ce sont ces quelques mots que j'ai choisi. Ça veut tout et rien dire, du moins ça ne répond pas à sa question.

Je vois Victor rougir encore plus de colère, jamais je ne l'avais vu dans un état pareil. Il s'approche de moi, bombant le torse, avant de me cracher au visage :

- Tu te fou de ma gueule ? Des sentiments ça part pas en deux jours, dis plutôt que tu m'as jamais aimé ! Depuis le début tu te fou juste de ma gueule en fait ! Je vais t'apprendre à me prendre pour un con !

A peine a-t-il fini sa phrase que je vois son bras se lever. Putain, il s'apprête à me frapper. Quelques exclamations s'élèvent parmi les lycéens présents, mais personne ne semble esquisser le moindre geste pour le retenir. Je vais me faire frapper par mon copain - où ex copain - Et personne ne va rien faire. Est-ce parce qu'ils savent que j'aime une fille ? Je mérite d'être frapper ? Que personne ne vienne m'aider ?

Je vois le bras de Victor s'élancer vers moi, tout se passe au ralenti. Je ferme les yeux, me préparant au choc, à la douleur que j'allais ressentir. Mais un bruit me fait comprendre que tout ne se passe pas comme prévu et cet impression se confirme lorsque j'entends à nouveau des exclamations, alors que je n'ai rien senti. J'ouvre les yeux immédiatement et vois le point de Victor juste devant mon visage, mais qui a été visiblement freiné dans sa course par une autre main.

Jade. Elle s'est positionnée devant moi et à arrêté le coup de Victor de justesse.

- Mais t'es quel genre de connard toi ? C'est comme ça que tu prends soin de ta copine, en la frappant ? Plus jamais je te laisse t'approcher d'elle, fils de pute...

En disant cela, j'ai compris ce qu'elle entendait par là. Qu'elle sera toujours là pour me protéger. Je tente désespérément de calmer les battements de mon cœur mais celui fait un bon dans ma poitrine en voyant Jade asséner un énorme coup de genoux dans les parties intimes de Victor. Ce dernier s'écroule par terre, souffrant. Bien fait.

ELLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant