Je veux transpercer mon ventre.
Sentir ma peau se déchirer sous la pointe du couteau.
Je veux éclater chacun de mes organes.Un coup, mon foie.
Deux coups, mon estomac.
Trois coups, mes intestins.Je veux arracher mon coeur de ma poitrine, encore chaud et palpitant dans ma main. Je veux le broyer, que ses miettes glissent entre mes doigts m'écorchant dans leur chute.
Je veux que le sang ruisselle de la plaie béante.
Je veux m'écraser au sol, me fracasser comme si j'avais du plomb dans les veines.
Je veux me liquéfier dans mon propre sang qui noie le carrelage de la cuisine. Je veux que mes membres désarticulés et gorgés de pourpre flottent, mollement, dans la flaque visqueuse.
Je veux n'être plus qu'un amas de chair difforme.Mais, ce que je désire avant tout, c'est qu'Il assiste à cet immonde spectacle.
Je veux qu'à chaque inspiration qu'Il prenne Il voit le souffle s'échapper de mes poumons brûlants, carbonisés maintenant.
Je veux, alors que mon âme s'élèvera en paix, le voir sombrer dans le chaos comme je me suis effondrée dans la folie. Je veux que cette vision d'horreur lui soit gravée sous les paupières au canif rouillé. Je veux que la vie quitte mes yeux tandis que la terreur emplit les siens, l'effroi lui griffe le visage et s'enfonce dans ses veines. Je veux que le seul et unique son qu'il puisse entendre soit mon râle agonisant.Je veux qu'il se souvienne.
Le meurtre que j'ai commis mais qu'il a orchestré.
L'odeur amère du métal incrustée dans les murs.
La mort qui suinte des jointures.
Les débris de mon organe, plus vraiment vital, baignés d'encre écarlate.
La lame étincelante du couteau.
Je ne veux pas qu'il meurt.
Je veux qu'il crève, lentement