Je me dis parfois que ce qui nous entoure, la vie, se reflète d'une manière à ce que l'on ne puisse plus discerner la limite entre la réalité et l'illusion. Assise sur un tronc d'arbre près d'un rivage, je soupire, contemplant désormais seule, au loin, l'aurore.
J'aperçois les ténèbres de la nuit se faire chasser par cette douce lumière rosée et pourtant, elle me brûle les yeux et ravive en moi une souffrance, un deuil. Transportée par le son mélodieux des vagues comme une berceuse et accompagné du chant des mouettes qui annonce un jour nouveau : je ferme les yeux. La bise matinale caresse mon visage encore engourdi par le sommeil, alors que mes longs cheveux noirs valsent dans le vide. Je sens subtilement la chaleur du soleil m'enlacer, des frissons parcourent mon corps livide. Cette sensation me ramène à mon enfance, l'amertume. À cette pensée, les couleurs orangées que je percevais à travers mes paupières virent tout à coup au noir. Je ne distingue plus rien, je panique. Cette noirceur cherche à m'engouffrer dans une abîme encore plus profonde. Est-ce à cela que ressemble mon âme ? Je sens soudain une main autour de mon cou, suivie d'une autre. L'air, j'ai besoin d'air ! Je n'arrive plus à respirer, je suffoque ! Quelque chose file le long de mes joues, est-ce des larmes ? J'essaie de me débattre pour un peu d'air avec le peu de force qu'il me reste, mais en vain. Je suis incapable de me détacher de cette emprise. J'ai mal. J'entends les battements de mon cœur siffler dans mes oreilles, le rythme est de plus en plus lent. Je tente de respirer, mais seul un son étouffé en émerge. J'entends quelqu'un, une voix, mais seuls les mots 'oublier' et 'jamais' résonnent dans mon esprit. Sur le point de m'évanouir, vertigineuse, mes yeux s'ouvrent instinctivement.
Je vois trouble, prise d'une quinte de toux, je me frotte les yeux, mais cela ne fait qu'empirer ma vision. Ma respiration est rapide, beaucoup trop rapide. J'ai l'impression que mon cœur va se déchirer tellement les battements de mon cœur sont fort et bruyant. Les mains tremblantes, je les dirige vers les poches de ma veste, je réussis enfin à trouver la boîte :
- « Calme toi Aurore, tout va bien...tout va bien. »
J'ingurgite bruyamment la pilule, ma gorge est desséchée. Je croise ensuite mes bras comme pour me protéger et caresse doucement mes avant-bras. Je ressens enfin l'air gonfler mes poumons avec régularité, je respire. Je suis encore en vie. J'essuie avec le revers de ma manche, les larmes sèches. Ma gorge me fait mal et j'ai encore le tournis, mais mes sensations me reviennent peu à peu. Étonnamment, je suis toujours assise à la même place, je n'ai pas bougé d'un pouce. C'est comme si tout ce que je venais de vivre n'était qu'un rêve éphémère et pourtant, le soleil bien haut déjà, témoigne du temps qui s'est écoulé. J'ai manqué le lever du soleil...
Je regarde autour de moi, en scrutant chaque recoin et malgré cela, je ne vois personne, le vide s'étale devant mes yeux. Pourquoi maintenant, pourquoi réapparaître après tant d'années de silence. Je n'avais plus vécu cela depuis ma.... Je m'arrêtai nette, un bruit strident me fit sursauter d'effroi. Je me suis affolée pour rien, c'est mon téléphone qui sonne.
VOUS LISEZ
Douce Aurore [ révision du text ]
Teen FictionAurore, brisée par son enfance tumultueuse, plongera dans une solitude sanglante peu après la disparition d'Ethel, son bienfaiteur et premier ami d'enfance. Ethel, suite à une mission de rang 1, doit s'infiltrer dans une école privée pour protéger u...