Ouvre toi à moi

Prologue

– Bordel Co' ! Qu'est-ce qui t'est arrivé ?! Non ! Tu sais quoi, je m'en fous ! Tu me suis et au pas de course !

La jeune femme parcourut les quelques mètres qui lui manquait avant de rejoindre son appartement plus rapidement que jamais. Elle ne savait pas. Personne ne savait. Le souffle lui manquait et la panique la gagnait. La mère de Colin, son meilleur ami, l'avait appelée le matin même en pleurs en la suppliant de retrouver son fils et de le protéger. Mais de quoi, et pourquoi ? Elle ne comprenait pas et voir son ami dans cet état la mit dans une colère noire. Elle pensait que le voir ralentirait enfin la course effrénée de son cœur mais non, sa vitesse avait même doublé en voyant son visage. Son ami était méconnaissable : l'arcade droite en sang, les yeux rouges, les deux pommettes couvertes de bleus et l'œil gauche complètement amoché sans oublier son nez qui adoptait une position loin d'être naturelle. Peut-être un médecin devrait-il y jeter un œil, mais Anna savait que Colin n'accepterait jamais.

Une fois dans l'habitacle normalement chaud et chaleureux, Colin s'effondra dans son lit avant même qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit. Il semblait vide de toute émotion. Comme une ombre et cela l'effrayait. Elle se sentait impuissante. Anna s'était hâtée d'envoyer un message à ses deux colocataires pour les prévenir qu'un ami à elle, dans le besoin, risquait de rester quelque temps. Peut-être même que Jasper pourrait l'aider.

Entendant du bruit du côté de sa chambre, elle se précipita pour voir ce qui se passait. Colin remuait dans tous les sens si bien qu'elle décida qu'il était préférable de le réveiller. À peine les deux magnifiques prunelles grises ouvertes que déjà il sursautait et s'éloignait. Message compris : pas de contact pour le moment. Quand Colin la rejetait de la sorte, cela n'était jamais bon et Anna su tout de suite que quelque chose de grave affectait son meilleur ami. Ce dernier regardait maintenant à travers la fenêtre, la tête dans les nuages. Il essaya de sourire à la jeune fille ce qui la rassura et elle le laissa seul. Anna le connaissait par cœur et le forcer ne mènerait à rien. Le temps aiderait mais l'attente allait être dure.