Partout

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Le garçon marchait dans la rue les mains dans les poches tandis que la nuit tombait doucement.

La lune avait fait sont apparition et quelques étoiles pointait le bout de leur nez.

Il n'avait pas mit ses écouteurs et son visage était rongé par la tristesse et la culpabilité.

Il s'en voulait d'avoir joué ce morceau, il s'en voulait d'avoir joué du piano.

Comme si toute sa passion avait disparu, la feuille qu'il tenait dans sa main droite lui rappelait juste qu'il avait tout gâché.

Son sourire hantait sa tête, sa passion lorsqu'elle jouait lui revenait sans cesse.

Sa mélodie ne voulait pas le quitter.

Il releva sa tête pour regarder où il allait et la vit, là, devant lui, son sourire illuminant son visage.

"- N... Naomie.."

Il s'approcha doucement d'elle comme s'il avait peur de la blesser.

Soudain, son visage si doux et souriant se transforma en douleur.

Son cri retentissait dans sa tête et la vision de son corps frêle tremblant de tous ses membres, les larmes ravagent son si beau visage le stoppa dans sa marche.

Il courut pour la prendre d'en ses bras et s'excuser, mais le garçon ne rencontra que le vide.

C'était une illusion.

Ses larmes à lui coulaient tellement qu'il pouvaient remplir une baignoire.

Il s'en voulait tellement.

"- Pardonne moi.."

Après de longues minutes, il se releva sans aucune réelle motivation, et continua son chemin jusqu'à chez lui, le regard vide.

Il serrait tellement la feuille que celle-ci se déchira à certains endroits.

Eden arriva enfin chez lui, et malgré le fait qu'il avait espéré le contraire, son père lui tomba dessus directement.

"- Tu as vu l'heure qu'il est ?! Où étais-tu encore ?!"

Le brun releva sa tête sur laquelle le passage de ses larmes se faisait nettement remarquer.

Son père le fixa.

"- Pourquoi as-tu pleuré ? Es-tu un homme mon fils ? Tu te dois d'être fort et non faible.

- Je t'en pose des questions moi ?

- Je ne veux pas d'une fillette dans la famille.

- La fillette t'emmerde ! Tu sais rien de ce qu'il s'est passé aujourd'hui !!"

Son père soupira tandis que le garçon serrait encore sa feuille.

Le plus vieux le remarqua et lui arracha des mains.

"- Encore une de tes stupides musiques ?! Il la déchira sans pitié. Voilà qui es mieux."

Eden regarda son père les yeux grands ouvert et laissa son regard suivre les bouts de feuilles pour tomber par terre.

Le moment où il chantait accompagné de la douce mélodie de Naomie lui revint en tête et il sentit les larmes remonter une nouvelle fois.

"- Je... Je te hais !!

- Pard-

- Tu sais très bien ce que représente la musique pour moi ! Et pourtant, tu as fait ça !! Quel genre de père es-tu ?! Sais-tu réellement qui je suis ?! Je ne suis pas un foutu pantin !! J'ai un cœur merde et moi, j'ai besoin d'un père !! Mais non à la place, j'ai qu'un pur connard !!

- Eden com-

- Ta gueule !! Ta putain de gueule !! J'en peux plus, je supporte plus ! Savais-tu au moins à quel point cette chanson comptait pour moi ?! Je te déteste ! Je te hais ! Je-"

Son père leva à nouveau sa main prêt à donner une seconde claque à son fils qui hurlait dans toute la maison, mais une main faible l'arrêta.

Se tenant difficilement contre un mur, elle tentait de tenir la main de son mari avant qu'elle n'atteigne son fils.

Les deux hommes se tournèrent vers elle et Eden remarqua que son visage était également meurtri par ses larmes.

Sans que personne n'eut le temps de dire quoi que ce soit, la femme tomba au sol lourdement.

Le brun regarda avec horreur sa mère tandis que son père se précipita vers elle et la supplia de se réveiller.

Le souvenir de cet après-midi lui revint en tête et ses parents se transformèrent en lui et Naomie.

Les larmes coulaient sans qu'il n'arrivent à les arrêter et son souffle devenait bruyant.

Pourquoi sa mère ?

Le garçon ne bougeait pas comme paralysé tandis que son père appelait une ambulance en restant près de sa femme inconsciente.

Quelques minutes plus tard, l'ambulance arriva et les ambulanciers se précipitèrent également sur sa mère, le poussant au passage.

"- Elle est en arrêt, apportez le défibrillateur !!"

Cette phrase le toucha comme une balle de fusil touchait sa cible. Il regarda sans bouger les deux hommes s'occuper de sa mère.

Tandis que l'un l'équipait du défibrillateur, l'autre se chargeait de lui faire un massage cardiaque.

Eden était bloqué, ses membres ne répondaient plus de rien, son esprit était vide.

Il ne pouvait que regarder.

Les ambulanciers finirent par la mettre sur un brancard et de se dépêcher de l'emmener dans l'ambulance pour que l'hôpital puisse la prendre en charge au plus vite.

Le garçon les suivit de regard, jusqu'à ce qu'il disparaissent, laissant la sirène lui rappelait que ce n'était pas un cauchemar.

Son père se rapprocha de son fils, tout aussi bouleversé et posa sa main sur son épaule.

"- Eden.."

Le concerné enleva violemment sa main et se retourna comme s'il avait retrouvé la force de bouger.

"- Ne me touche pas !"

Le brun se recula de lui tandis que son père le fixait. Son regard avait changé, ses yeux laissaient voir une sorte de tristesse.

Mais Eden s'en foutait.

"- Eden, je m'excuse je suis allé trop loin avec to-

- Et il fallait que Maman fasse un arrêt cardiaque pour que tu t'en rendes compte ?!"

Son père pinça ses lèvres entre elle et essaya à nouveau d'approcher.

"- Non.. Eden..

- N'approche pas !"

Le souffle du garçon ne cessait de s'accentuer et il se retourna soudainement et sortit.

Le plus vieux n'eut pas le temps de réagir que le brun avait déjà claqué la porte et courait loin.

Il courait à s'en couper le souffle, alors que celui-ci était déjà affolé.

Eden arriva au sommet de la colline où il se laissa tomber à genoux.

La lune éclairait son visage meurtri tandis qu'il agrippait son t-shirt au niveau du cœur.

Le garçon cria de toutes ses forces, sanglotant vers la fin, inondant l'herbe à ses pieds.

Il sentait son cœur se compresser à chaque respiration qu'il prenait et c'était insupportable.

Il cria une nouvelle fois, toute son âme, sa douleur, sa tristesse.

Une seule question lui revenait en tête entre le bruit de l'ambulance, l'image de sa mère, le cri de Naomie et ses larmes..

Une seule question revenait comme une étoile revenait chaque soir.

Une seule.

Pourquoi ?

Depression of Music Où les histoires vivent. Découvrez maintenant