Chapitre 21

151 15 5
                                    

La scène qui suit est comment dirais-je... chaotique. Andy a pris Mikey dans les bras en lui soufflant des mots réconfortants à l’oreille. Tout le monde est choqué par ce qui vient de se produire.  J’échange un regard avec les filles et je pense que nous sommes d’accord là-dessus. Il faut que j’aille chercher Rye. Ou au moins le calmer.

Je sors donc rapidement de la maison mais pas la moindre trace de Rye. Je sens le stress monter en moi, il a été tellement agressif envers Mikey. J’ai peur qu’il s’en prenne à moi maintenant.

Non, il faut que je me ressaisisse, il avait ses raisons et il a ses blessures. Mikey et lui ne se sont jamais quittés depuis qu’ils sont gamins. Savoir qu’il sera bientôt loin de lui doit être une véritable épreuve.

Je m’approche timidement de l’arbre sur lequel nous avons grimpé quelques heures auparavant.

- Rye ?

Bien sûr, cela aurait été beaucoup trop beau d’obtenir une réponse. Je fais le tour de l’arbre. Personne. J’espère seulement qu’il n’a pas filé trop loin.

- Rye, tu es là ?

Je me sens vraiment conne de parler à quelqu’un qui est probablement absent. Mais entendre le son de ma voix, couvre le lourd silence autour de moi et m’apaise. Même les oiseaux semblent s’être tus.

- Réponds-moi s’il te plait.

Toujours aucune réponse. En signe de capitulation je lève les yeux. Bingo ! Je reconnais la chemise de Rye dissimulée parmi le feuillage. J’attrape sans hésiter la première branche qui se tend à moi et me hisse hors du sol. Je parviens à le rejoindre laborieusement et je m’installe sans rien dire à côté de lui. Risquant un coup d’œil dans sa direction, je remarque que ses yeux sont humides et qu’il a les joues baignées de larmes. Il est tellement beau quand il pleure !

- Je ne veux voir personne, finit-il par lâcher.

Je commençais à m’inquiéter sur le fait qu’il accepte si facilement ma présence à ses côtés. Je ne sais pas trop quoi dire, ni par quoi commencer alors je me contente de chuchoter en lui prenant la main :

- Rye, je suis désolée…

- J’EN AI RIEN A FAIRE DE TES EXCUSES ! VA-T’EN ! JE T’AI DIT QUE JE VOULAIS ETRE SEUL ! me coupe-t-il froidement en retirant violemment sa main.

Alors là, on peut dire qu’il m’a littéralement envoyé chier. Je suis prête à capituler et à revenir plus tard car il ne semble pas prêt de m’écouter. Mais en regardant en bas, je réalise que la distance qui me sépare de la terre ferme est plutôt élevée. Et puis merde, je ne suis pas venue jusqu’ici pour repartir au bout de deux minutes. J’ajoute donc à mes risques et périls.

- Tu sais, Mikey a ses raisons de partir mais cela ne veut en aucun cas dire qu’il ne t’aime pas. Bien au contraire.

Je sais, c’est vraiment ringard ce que je viens de dire mais je suis ringarde par définition (c’est ma sœur qui le dit). Il me regarde avec des yeux noirs, c’est limite si des éclairs ne vont pas en sortir.

- Ecoute Laura, tais-toi ! Tu ne sais pas ce que je ressens, tu ne sais rien ! Maintenant retourne auprès de tes gentilles petites copines et fous-moi la paix !

Alors là, c’est trop ! Il veut jouer à ça ! Très bien ! Je me mets rarement en colère et les quelques fois où je le suis, je ne me fais généralement pas respecter (manque d’autorité, tous ça, tous ça on connait). Mais il abuse là quand même !

- ATTENDS QUOI !? REPETE UN PEU CE QUE TU VIENS DE DIRE ! Tu sais ce que j’ai vécu, moi, quand Andy m’a dit qu’il devait déménager à l’autre bout du monde ! J’avais vécu toute mon enfance avec lui comme seul ami et je me suis retrouvée seule du jour au lendemain ! Je n’ai rencontré les filles que bien plus tard ! Eh bah je peux te dire que c’était pas une partie de plaisir !

Il ne répond pas mais ma colère est encore à vif alors je continue :

- Tu vois Rye ! On est pareils tous les deux ! La seule différence c’est que moi je n’ai jamais été aussi dure avec Andy et bien que difficile j’ai accepté son départ !

J’ai dit ce que j’avais à dire mais maintenant, je sens mes yeux me piquer. Non, je n’ai pas envie de fondre en pleurs devant lui, pas après ce qu’il vient de dire. Je descends de l’arbre prudemment, mieux vaut éviter de me casser la gueule et je repars vers la maison sans adresser d’autres mots à Rye. J’espère que ça le fera réfléchir parce que là, c’est vraiment un gros connard !

Eternal (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant