Chapitre 4

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   Eneko ne savait définitivement plus quoi penser. Il ne savait même plus où il se trouvait tant ils avaient changé de rue.

Ysatis s'amusait des réactions du jeune homme. Il tournait la tête dans tous les sens, fixait la moindre échoppe comme si elles n'avaient rien à faire là et sursautait dès que quelqu'un le bousculait. Plus ils avançaient, plus il semblait se détendre et ou oublier son inquiétude, d'une part, car il était à moitié absorber par la découverte des fin fonds de Locklay, mais aussi car il commençait par être contaminé par l'enthousiasme d'Ysatis.

Peu après, la jeune fille s'arrêta devant une porte en contrebas de la rue, qu'elle ouvrit en crochetant la serrure.

   - Je suis incapable de ne pas perdre mes clefs, et c'est plus simple comme ça. Expliqua-t-elle face au regard interrogateur d'Eneko.

Et sans attendre de réponse du jeune homme, elle entra.

Si Ysatis était parfaitement à son aise dans ce terrier, comme elle semblait l'être partout, Eneko lui, découvrait continuellement ce monde nouveau.

Les murs délabrés, les portes trop vieilles, le sol grinçant, le bois moisi, le métal rouillé. Beaucoup de gens trouveraient cet atmosphère triste, pitoyable voir dégoûtante ; mais Eneko dans sa continuelle découverte, avait l'air d'y trouver un certain charme. Ysatis se dit qu'à côté des artifices et de la façade parfaite de son côté de la barrière, cette atmosphère devait beaucoup le changer.

Elle se dirigea vers le fond du couloir d'un pas sûr, ne s'occupant pas tellement d'Eneko qui tournait la tête de tous les côtés. Elle savait qu'il était de toute façon bien obligé de la suivre si il ne voulait pas se perdre.

Il s'arrêta net dès qu'elle entrouvrit la porte du fond. Un bruit de moteur avait soudainement envahi le couloir, attirant tout de suite l'attention du jeune homme.

C'était la salle de Wya, là où elle pouvait passer des heures à travailler sur des machines "plus ou moins utile" d'après Ysatis. Elle connaissait très bien cette pièce, mais ne la visitait jamais quand Wya travaillait, mieux valait ne pas s'y risquer.

Finalement, leur dispute avait eût quelques bon côtés. C'était assez amusant de voir ce garçon peu dégourdi s'émerveiller sur des choses qui pour elle, était banales. Le trouver complètement perdu sur la Colonne était bien drôle aussi. Ysatis s'amusait beaucoup de cette situation, elle qui s'ennuyait si vite ! Ses "activités" avec Wya commençaient déjà à la lasser, même si elle savait qu'elle ne pouvait pas arrêter. Mais elle aimait tellement qu'on la surprenne ! Et tous ceux qui vivent à la Tête étaient pareil ! Prévisibles et ennuyeux !

Elle était plus que ravie de constater son erreur.

Il fallait le pousser un peu certes, mais Eneko faisait preuve d'une curiosité qu'elle n'avait décelée chez aucun de ses pairs. Ce n'était qu'une petite étincelle presque invisible dans son regard peu vif, mais elle était bien là.

Et il était le seul qu'elle avait vu quitter le cocon qu'était sa grande demeure. Et maintenant il était là, à observer intensément tout ce qui l'entourait malgré sa crainte évidente. Comme un enfant.

   - Je ne toucherais pas à ça si j'étais toi.

Eneko se stoppa, la main en suspens près d'une des machines de la pièce.

   - On ne sait jamais ce qui peut arriver avec ces machins là. Le prévint-elle.

Il ne la regardait pas. Il n'avait d'ailleurs pas dit un mot depuis qu'elle l'avait traîné à travers toute la ville jusqu'ici. Il n'était clairement plus aussi apeuré qu'un peu plus tôt, mais pas encore assez à l'aise pour lui parler normalement. Et il était complètement absorbé par tout ce qu'il voyait.

The Fox's MadnessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant