Chapitre 1

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Je cours. Je cours sans jamais m'arrêter. Chaque matin et chaque soir, je cours jusqu'à plus avoir de force dans chaque membre de mon corps. Que dire ? J'en ai besoin. J'ai besoin que l'air si pur provenant de l'océan entre dans mon organisme. J'ai besoin de sentir le sable, si froid parfois, entrer en contact avec mes pieds. J'ai besoin de me dépenser pour pouvoir oublier. Tout oublier.

Chaque sourire, chaque souvenir, chaque bisou, chaque câlin, chaque engueulade. Absolument tout. Je devais le faire sortir de ma vie et de ma tête. Il était toxique et m'empoissonnait à chaque parole prononcée. Il me plantait ses épines et j'appelais cela de l'amour. Il était de la drogue et j'ai volontairement pris la seringue.

Toutes les promesses et les belles paroles se sont envolées, parties en fumée. J'étais qu'une femme parmi tant d'autres. J'étais un pauvre petit numéro, une énième conquête, un objet. Je n'étais pas Savea Quinn à ses yeux. Je n'étais qu'une pauvre prisonnière de son cœur.

Je me suis sentie si seule, si conne d'y avoir cru. J'étais énervée et puis déçue, triste puis désespérée. Chaque sentiment qui me traversait me consumait petit à petit. J'ai détruit mes murs pour lui, puis il m'a fait comprendre pourquoi je les avais battis aussi haut. Mon cœur récemment reconstruit à été brisé à nouveau. Je n'avais plus aucune force en moi. Je ne sais pas ce qui fait le plus mal, avoir cru aux mensonges ou de ne pas avoir foi en la vérité. J'avais tellement donné qu'il ne me restait plus rien.

La seule force que j'avais c'était de courir pour pouvoir fuir la triste vérité. Et depuis ce jour là, je n'ai plus arrêté. C'est à croire que mon cœur essoufflé n'est pas sensible aux sentiments. C'était ma seule bouée de secours. La seule manière de le faire sortir de ma misérable tête.

Il y a des coups de foudre qui donnent des bleus au cœur. Et malheureusement j'ai été touché. Je n'aurais jamais du m'approcher d'Harry. Il était trop beau pour être vrai.

Son corps ressemblant à celui d'Apollon, bronzé à la parfaite teinte, des bouclettes qui lui tombaient si soigneusement sur son front. Son léger accent anglais qui faisait ressortir le timbre rauque de sa voix. Puis ses yeux si perçant que personne ne peut y résister. Certains diront même que c'est l'homme parfait.

Mais il ne l'était pas, très loin de là même. C'était un monstre, le diable incarné. Après trahisons et tromperies, meurtres et enlèvements ont suivis. Mon « ex » est un des homme le plus recherché de la Californie à présent.

Je n'arrive pas à oublier toutes les atrocités qu'il m'a fait. Il me frappait, me violait à n'importe quelle heure de la journée. Il me traitait comme un vulgaire objet qui servait à se vider. Et c'est que maintenant que je me rends compte qu'il ne m'a jamais aimé.

Je ne savais pas qu'un mensonge pouvait être si beau jusqu'à ce qu'il prononce les trois petits mots sans les penser.

****
Ce matin je me réveille une nouvelle fois avec ce sentiment horrible. Le cœur lourd, ainsi que mes jambes et tout le reste de mon corps. Il faut que je bouge avant qu'il m'abandonne définitivement.

Je saute hors de mon lit et enfile directement ma tenue jogging. Je soulève mes cheveux pour les attacher en queue de cheval, me mouille le visage pour me réveiller et c'est parti. J'attrape mes clés en vitesse pour fermer la porte de mon appartement et je pars faire mon tour quotidien.

D'abord je passe devant la maison hantée de Montiroy, le bâtiment le plus redouté de cette ville. Ces couleurs sont si lugubres qu'on est obligé d'en avoir des frissons. Puis les portes ainsi que les fenêtres sont si vieilles qu'on ne saurait la couleur d'origine.
Ensuite je cours direction l'aquarium pour pouvoir faire coucou à mon petit frère, Austin. Depuis qu'il est petit, il a eu une passion pour les poissons. Et maintenant le voilà, avec un boulot de rêve d'après lui.
Et puis je rejoins mon endroit préféré, la plage.

Je retire en vitesse mes chaussures et mes chaussettes pour laisser le sable s'immiscer entre mes doigts de pieds. Il est encore chaud d'hier. Il faisait une chaleur intenable que je n'osait pas sortir sans mon parapluie qui me protégeais des rayons brûlants.
J'inspire profondément laissant ainsi l'air si frais entrer dans mes poumons. Le bruit satisfaisant des vagues calme ma respiration saccadée.
Comment est ce possible qu'un élément de nature puisse te rendre aussi calme ? Cela m'impressionne à chaque fois que je viens ici. Enfin un sentiment de liberté. Pour compléter le tout, une brise de vent se fait sentir sur mon visage.

Sans trop tarder, je nettoie mes pieds et ré-enfile mes chaussettes et mes chaussures pour pouvoir réellement me dépenser. Je parcours tout le long de la plage, parfois en faisant des accélérations s'il me reste de la force. Habituellement je suis seule à courir ici le matin, mais apparement pas aujourd'hui. Un homme assez âgé me suit avec difficulté. Je n'y prête pas attention jusqu'à ce que j'entende mon prénom.

Il m'appelait ? Comment est ce que cet inconnu connaît mon prénom ? A cause d'Harry ?

Run and HideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant