Héros

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Suisse, Yvonand, 2017.

En ce début de jeudi banal, trop banal pour un jeudi de décembre, mon corps a décidé d'ignorer le début des hostilités, ou plutôt, la voix de notre âme soeur, mon téléphone.C'était la troisième fois en 15 minutes qu'il me jouait un morceau de "Rêve d'hiver".

Comme les précédentes, je lui ai fermé son clapet à coup de doigt.Néanmoins, j'ai tout de même réussi à ouvrir les yeux et à tourner la tête. À ce moment là, l'aiguille de l'horloge m'a poignardée à tel point que j'ai bondit comme une ninja de mon lit douillet.Moins de 5 minutes avant d'être en retard.

En retard, moi. Même une invasion de Blobfish de l'espace ne serait rien face à cela. Enfin, disons plutôt des baleines, ça à l'air plus imposant.Sans réfléchir, j'ai attrapé les vêtements de la veille et les ai enfilés après une rapide inspection de leurs émanations.J'ai déconnecté mon chéri de sa prise et me suis engouffrée dans le couloir menant à la porte d'entrée, vu les circonstances, j'ai enfilé mes crocs bleus et j'ai déballée dans ce monde de fous.

En général, je mets environ 3 minutes pour atteindre la gare. Mais il ne m'en reste plus qu'une avant le départ de mon train. Flûte !M. Pou, le villageois vieux jeu, m'a regardé avec la même tête que s'il avait sous les yeux une horde de manchots équipés de poisstolets dernier cri. Ou s'il voyait quelqu'un manger une pizza aux ananas. Il était ce genre de personne, hélas. Bref.

On se ressaisit.

Au loin, je vois le train entrer en gare. Plus que 100 mètres avant de l'atteindre.Arrivée au niveau de la gare, le chargement était terminé, les portes se renfermaient.Le désespoir commença à m'envahir. Vous savez, ce désespoir que vous oppressez en vous à longueur de journée et qui profite de chaque faille pour revenir à la charge.

À côté de cette bête ambulante, elle me regardait avec un sourire merveilleux. Ne parlons pas de moi et ma tête de phoque affecté par le climat. Au fait, je devrais demander à bébé à quoi ils ressemblent dans ces conditions.Malgré cela, cette femme ordonna l'ouverture des portes du train, me permettant ainsi de m'y engouffrer.Elle était mon héroïne, elle a évité l'invasion des Baleines et mon retard.

HérosWhere stories live. Discover now