CHAPITRE 5 : JUBIA LOCKSER

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Jubia regardait pour la huitième fois de la matinée son plafond qui semblait très intéressant. Elle soupira. Elle était allongée sur son lit et ne semblait pas décidé à en bouger malgré que les cours étaient déjà bien entamés. Elle avait manqué 3h de cours déjà et en ce moment même le quatrième et dernier cours de la matinée se déroulait, sans elle. Mais elle préférait être là, elle ne voulait pas voir les visages haineux de ses camarades à son égard.

??? : Jubia, s'il te plait ! Sors de cette chambre et viens en cours s'il te plait !

La directrice de l'orphelinat se tenait derrière la porte et suppliait Jubia de se joindre à eux pour ne pas rater son année scolaire encore une fois. Mais Jubia s'en foutait totalement de son année scolaire, tout ce qui l'importait était d'être loin des autres, loin de tout. Elle repensait encore à toutes ces années de joie qui l'animait à l'époque et qui maintenant était très loin derrière elle. Devant elle son avenir était aussi calme qu'un lac en hiver, froid et sans vie. Elle ne pensait ou plutôt ne s'autorisait pas à ranimer cette flamme au fond de son cœur qui était l'amour. Elle ne voulait plus connaître ce sentiment, elle avait trop souffert à cause de lui, aussi bien sur le plan familial qu'avec l'amour avec un grand A.

Elle se leva péniblement de son lit si douillet pour aller se débarbouiller le visage mais à peine elle fut un pas qu'elle tomba au sol. Ses jambes tremblaient sous son poids et ne semblaient pas décider à se relever. Elle agrippa alors sa couverture pour essayer de relever doucement. Elle savait qu'elle aurait dû attendre quelques minutes avant de marcher pour ne pas tomber dès qu'elle est sorti du lit mais elle en avait marre de cet handicap, alors elle avait préféré y aller directement.

Des pas s'éloignèrent de sa porte et elle conclue que la directrice avait dû encore une fois abandonné de la raisonner sur le bien de ses études. Elle se rassit doucement sur son lit et se dit qu'elle en avait marre d'être tous les jours enfermés dans cette chambre qui était plutôt un enclos à ses yeux. Elle se releva en faisant attention cette fois et pris sa jolie robe bleue qu'elle avait l'habitude de mettre quand elle sortait, ce qui était très rare. Elle ouvrit sa fenêtre, saisit sa corde faite de draps ainsi que de vêtements et se retourna vers la pièce où elle passait le plus clair de son temps, en se promettant de faire le ménage en revenant. Elle se laissa glisser jusqu'au sol et, une fois à terre, elle prit le chemin de la plage. Elle marchait depuis une bonne demi-heure quand elle atteint enfin sa destination. Elle se dirigea vers l'eau et y entra encore toute habillé. Les quelques personnes qui étaient là lui jetteraient un coup d'œil en se demandant ce qu'elle faisait mais ne s'y attardèrent pas plus, trouvant une autre préoccupation bien plus intéressante que la jeune fille. Elle nageait tranquillement quand elle aperçut l'entrée d'une grotte sous-marine, elle avait l'habitude d'y venir quand elle n'allait pas bien. C'était son petit coin à elle. Elle plongea sous l'eau et se laissa guider par le courant vers l'entrée de la grotte. Une fois à l'intérieur, elle s'échoua sur un banc de sable où quelques objets étaient disposés. Personne ne venait ici, elle le savait, c'est pour ça qu'elle y laissait des objets qui lui appartenaient sans surveillance. Il y avait beaucoup de requins dans cet endroit, c'est pour ça que personne n'était assez fou pour venir jusqu'ici. Elle repensa à son rêve d'enfant de devenir championne du monde d'apnée mais qui avait vite été réduit à néant par la découverte de sa maladie. Tout son monde c'était écroulé le jour où elle avait appris qu'elle ne pourrait pas faire ce qu'elle voulait et qu'elle serait obligé d'être sous médicaments continuellement mais elle n'avait pas non plus prévu qu'elle allait avoir des effets secondaires qui allaient lui détruire sa vie, malheureusement les seuls médicaments qui fonctionnaient et ceux qui lui faisaient autant de bien que de mal. Jubia se demanda ce qu'elle avait fait pour mériter une telle vie et pourtant, elle ne se plaignait pas tellement car elle savait qu'il y avait des personnes qui étaient beaucoup plus malade qu'elle et qui étaient peut-être entrain de mourir à l'heure actuelle. La jeune fille chassa vite ses pensées noires en se disant que c'était sa vie et qu'elle devait pleinement en profiter. Un faible sourire se dessina sur ses lèvres humides mais il fut bien vite remplacer par un rictus de supplice. Ses mains la démangeaient, elle avait l'impression qu'elles étaient sales et qu'elle devait les laver. Jubia les plongea dans l'eau mais les retira vite fait en sentant que ça n'arrangeait rien, au contraire elles les démangeaient de plus en plus. Jubia commença à se gratter les mains mais elle savait que la seule chose qui la soulagerait était ses médicaments qu'elle avait oublié de prendre ce matin.

Un jour tout peut changer =EN PAUSE=Où les histoires vivent. Découvrez maintenant