Machi

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Le royaume de Machi était une contrée perdue au beau milieu de l'océan Indien. Les fées demeuraient les seules espèces résidant sur cette île, où la paix et l'harmonie régnaient depuis l'arrivée de soigneurs ayant éradiqué la maladie de Fariah, qui avait, durant dix longues années, était la cause de morts atroces.

Cette maladie très contagieuse, frappa des centaines de fées, et ce par seul contact avec un porteur du virus. Au départ, le malade commençait à avoir quelques troubles de mémoire. Quelques jours après que Fariah l'avait envahi, il n'avait plus le moindre souvenir de ce qu'était sa vie. C'était le premier stade. Le deuxième stade lui, était beaucoup plus violent. Désigné par une perte totale de la raison, il déclenchait des crises de panique, des sombres envies de violence, de désir, de l'hallucination, ainsi que l'apparition d'autres personnalités qui hantaient l'esprit du malade. Enfin, le troisième stade était celui de la mort, qui était, dans la plupart des cas, un suicide. Une des personnalités du malade réussissait à s'emparer totalement de son âme, et ensuite, de son corps. C'était elle qui décidait de mettre fin à ses jours.

Les médecins ayant sauvé Machi de Fariah avaient été reconnus par tout le royaume et avaient reçu les honneurs du Roi et de la Reine. Ils étaient respectés, admirés, idolâtrés. Ils recevaient chaque jour des centaines de dinars* (*unité monétaire orientale utilisé notamment au 13ème siècle), de cadeaux de remerciement, de lettres. Une pétition pour la création d'un monument, d'une statue, à leur effigie courrait dans les rues lumineuses de la ville. Mais, trop modestes, ils avaient décliné cette proposition. Selon eux, ils n'avaient fait que leur travail. Ces médecins, six frères nommés Esmat, Omar, Miyas, Wajid, Othman et Nazir, n'étaient pas originaires de Machi. Ils provenaient tous de Ctésiphon, ville musulmane d'Irak. Les éloges faites à leur égard parcouraient depuis quelques années de nombreuses langues, et ce fut par la fameux système du bouche à oreille que le Roi Sartag Machianora avait eu vent des prouesses des six frères. Dès lors que la maladie fut envolée, la Reine Ekaja Machianora proposa aux Sauveurs du Royaume une grande maison, située à l'écart du quartier habitable de la ville, enfouie dans la forêt privée du palais. En échange, ils promettaient d'exercer leurs activités médicales sur l'île. Les 6 frères n'avaient pas hésité longtemps avant d'accepter l'offre, tant ils étaient submergés par la beauté de Machi. La diversité de la faune et de la flore était incroyable. Chaque jours, de nouvelles espèces semblaient voir le jour. Les fleurs ornaient chacune des maisonnettes et cabanes de l'île, les arbustes couvraient toutes les allées de la ville, les parcs étaient remplis de plantes sauvages. Les animaux courraient, grimpaient, nageaient, sautaient, gambadaient dans les moindres recoins de Machi, donnant à la ville un sentiment de vie. Machi dégageait une aura de jouissance, de dynamisme. Elle était faite de couleurs vives la journée, paisibles et douces au coucher du Soleil, qui semblait se noyer dans l'océan à mesure que les étoiles s'en échappaient. Ainsi, lorsque l'Astre de Phébus baignait dans les profondeurs, les lucioles virevoltaient par milliers, et éclairaient la ville de leur bioluminescence. L'île de Machi était une contrée magique, qui semblait s'échapper de la réalité.

Mais le malheur peut s'abattre n'importe où, n'importe quand. Et cette île n'avait pas été l'exception qui confirmait la règle. Elle n'avait pas été épargnée. Mais elle avait su se remettre d'aplomb. Elle avait su retrouver le Paradis.

Les frères Maasali, eux, vécurent une vie paisible durant de longs mois. Ils prenaient toujours plaisir à aider les autres, à les soigner, les guérir. Ils s'intéressaient également à la botanique de Machi, bien différente de celle d'Irak. L'attention de Miyas, le plus jeune des frères, s'était d'ailleurs portée sur une fleur, nommée « Allacciax », qui possédait des vertus thérapeutiques encore inconnues. D'apparence hivernale, du fait de sa couleur grisâtre et sa tige argentée, sa rébellion contre le sens du vent la rendait indomptable. Chaque jour, des insectes venaient siroter le jus qu'elle laissait couler au travers de ses bractées. Un jour alors qu'il se promenait dans le jardin du Roi, le frère Miyas décida d'arracher de son habitat une Allacciax. Il rentra ensuite chez lui, paré à l'examination de cette fleur.

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