Red Hills

Episode 5

Noah priait pour que ce ne soit pas ce à quoi il pensait.

Il priait pour que les explications que lui donnait sa mère adoptive soient fausses.

Mais il connaissait déjà la réponse. Il pouvait continuer de prier, cela était inutile. Le sort de Mahée avait été scellé cette nuit.

Et il ne pourrait rien n'y changer. Et ça le démangeait. Il ne pouvait plus rien faire. Tout était fini. Il avait été incapable de la sauver et maintenant, sa vie s'était envolée à tout jamais, et il ne la retrouverait jamais.

Alors perdu dans ses pensées, le visage du jeune homme devenait de plus en plus pâle et la moiteur de ses mains se perdait. Ses jambes autrefois tremblotantes devenaient raides. Ses yeux fixaient le vide et n'exprimaient plus rien. Ni de la tristesse. Ni de la colère. Ils symbolisaient le néant. Comme si lui aussi était mort. Son aura ne dégageait pas non plus une once d'émotion. BringCasstle était vide. Depuis la disparition de Mahée, toutes ses pensées s'étaient concentrées sur elle. Tous ses gestes, tous ses choix, tous ses discours ne reposaient que sur elle et sur ce qu'il lui arrivait. La seule chose qui animait Noah lors de ses recherches était l'espoir qu'il avait de la retrouver. Ce sentiment avait pris le dessus sur ses craintes, sur sa peur qu'il lui arrive du mal, sur son amour... Et en une fraction de secondes, on lui avait enlevé tout cet espoir.

Dans ce silence désarmant, Saona regardait son fils. Elle savait ce qu'il ressentait. Elle le comprenait parfaitement. Et c'est par respect pour lui qu'elle le laissait dans ses pensées, n'osant les interrompre.

Il n'avait pas fallu plus d'une journée pour que le meurtre de la jeune Mahée Printa fasse la une des journaux. Des affiches signalant que le tueur était toujours en liberté avait été placardé dans toute la ville. La sauvagerie dont ce dernier avait fait preuve effrayaient les habitants de Red Hills. La plupart d'entre eux s'enfermaient d'ailleurs dans leur domicile, croyant fermement que l'assassin ne les attaquerait pas à l'intérieur. Comme si le fait d'être chez soi lui ferait obstacle. D'autres colportaient des ragots. En effet, le corps de la jeune fille n'avait pas encore été retrouvée. Les autorités avaient fouillé tout le secteur de la forêt et entreprenait des recherches dans le lac, mais pour l'instant, le corps de Mahée demeurait introuvable. Pourtant, il n'y avait aucun doute sur sa mort car le cri que tous les habitants avaient entendu, symbolisait la mort. Il était la Mort. Ce cri était mythique. Toutes les espèces connaissait sa signification. Cependant, aucune d'entre elles ne l'avaient déjà entendu. Jusqu'à ce soir-là, ce n'était qu'une légende. La fameuse légende des Woneems et leurs Allaxs. Qui aurait pu y croire ? Comment cela était-il possible ? Comment la victime pouvait-elle rester en vie après qu'une bestiole lui ait arraché la cage thoracique et le cerveau ? Jusque-là, personne ne s'était posé la question, puisque que personne n'y croyait réellement. Et pourtant, ce cri avait bel et bien résonné dans toute la ville, ne laissant planer aucun doute sur la véracité de ce qui était autrefois, un récit mythique. De fait, l'apparition audible de ce cri laissait comprendre que les Woneems étaient de retour. Ou plutôt, qu'ils n'étaient jamais vraiment partis. Et pour ceux qui avaient toujours nié leur existence, il leur a bien fallu mettre leur fierté de côté et admettre l'évidence.

La peur avait soudainement capturé Red Hills entre ses crochets, et il lui était impossible de s'en échapper.

Tout le monde savait qui était le coupable ou du moins, quelle était sa nature. Mais personne n'était apte à le démasquer. En effet, les habitants venaient de découvrir que les Woneems rôdaient dans Red Hills depuis probablement des années, voir des siècles. Ils s'étaient probablement mêlés à la foule, du moins, c'est ce qu'affirmaient les journalistes. Cela pouvait très bien être le voisin comme la boulangère. Cela prendrait des mois à la police pour trouver le coupable.