🌑 || 𝐁𝐋𝐎𝐎𝐃 𝐌𝐎𝐎𝐍 [Drogo]

I.1

I. BIENVENUE A MYSTERY SPELL

1. 

BIRTHDAY GIRL

Tessa

    J'ai beaucoup de souvenirs d'anniversaires à Denver, Colorado. Des souvenirs joyeux, comme la fête surprise que Lexie, ma meilleure amie depuis l'élémentaire, avait organisée pour mes 13 ans. C'est lors de cette occasion d'ailleurs que Aaron Smith, sur qui je craquais littéralement cette année-là, m'avait offert mon tout premier vrai baiser. J'ai aussi des souvenirs d'anniversaires tristes comme celui ou j'ai eu l'appendicite par exemple ; ou celui où mon père, qui travaille comme médecin à la clinique de Lakewood, s'est retrouvé coincé sur les routes par une tempête de neige et n'a pas pu arriver à temps. Et puis bien sûr il y a le pire anniversaire de tous : le premier que j'ai du passer sans maman.

    Ma mère adoptive, Linda, est morte quand j'avais 16 ans, d'un lymphome. Tout est allé tellement vite entre le diagnostic et son décès, à peine cinq mois se sont écoulés. Papa a été complètement détruit. Moi...Moi, j'ai du garder le cap, tant bien que mal. Pour lui, pour maman, pour... pour survivre, tout simplement.

    Elle était notre rayon de soleil et, quand elle est partie, l'obscurité s'est abattue sur notre foyer. Papa s'est mis à boire. Vraiment boire. D'abord le soir, au dîner. Puis en rentrant du travail, pour " se détendre ". Puis le midi. Tous les midis - tout le temps à vrai dire. A cause de l'alcool, il a failli perdre le droit d'exercer son métier. Heureusement, il s'est ressaisi de façon si héroïque et il n'a pas bu une goutte d'alcool depuis exactement trois ans et demi.

Je le saurais si il avait replongé, non ?

    Peut-être pas. C'est vrai que depuis un peu plus de deux ans que je vis sur le campus de la fac du Kansas où j'effectue ma troisième année de licence de physique, j'ignore à quoi ressemble son quotidien. Evidemment ça me fait énormément culpabiliser. Mais à un moment donné il faut bien réussir à quitter ses parents non ? J'ai 21 ans en ce 24 février : l'âge de m'assumer, de voler de mes propres ailes, de voter...

Et de dire à mon père quand il déconne à plein tube.

    Le moins qu'on puisse dire, c'est que là, c'est le cas.

 - Lâche-moi, exigé-je d'un ton plaintif. Lâche-moi je t'ai dit !

    Papa me tient fermement par le bras gauche alors que j'essaye de me dégager. Il répète comme un forcené les mêmes paroles qui n'ont aucun sens :

 - Debitus as eum ! Debitus as eum ! Debitus as eum !

    Je me débats de plus belle en criant contre lui. Je n'ai jamais été aussi paniquée de ma vie ! Qu'est-ce qui lui arrive ? Il finit par m'écouter et par relâcher son emprise.