[OS] ~ Joseph X OC - Pluie ~

~ Partie unique ~

    La jeune footballeuse buvait quelques gorgées de sa tisane, assise contre l’encadrement de la fenêtre. Elle regardait dehors ; la nuit pluvieuse, par le biais de la lumière émanant des lampadaires, était un magnifique spectacle selon elle. Calmement, elle tendit une de ses mains, qui atteignit la vitre trempée par les larmes des nuages. Parfois, elle se demandait pourquoi ces êtres célestes pleuraient. Peut-être qu’ils se sentaient seuls, tout là-haut ; et que le seul moyen de descendre sur Terre et de voir cette si belle planète de plus près était de se diviser en de nombreuses gouttes d’eau soumises à notre gravité, avant de retourner sous forme de vapeur dans leur habitat premier.

    Elle se questionnait beaucoup sur des sujets de ce genre ; trouvant cela si passionnant, qu’elle se perdait souvent dans les décombres de sa vaste imagination, qui grandissait au fur et à mesure qu’elle découvrait. Qu’elle redécouvrait. C’était très sûrement l’une de ses plus grandes qualités. Inutile pour beaucoup, mais loin de l’être pour elle. Elle pouvait passer des heures, voire des jours si on ne l’arrêtait pas, à penser. Plusieurs fois même, elle en oubliait de manger.

    Les nuages, qui restaient tout de même assez capricieux en cette nuit d’octobre, finirent par se calmer après quelques heures passées à sombrer dans leur chagrin. Le bruit si agréable aux oreilles de l’oiseau de nuit ne tarda pas à suivre le mouvement ; plus lointain, il laissa leurs victimes se rendormir, ainsi que leurs admirateurs faire la moue. C’était le cas de cette petite touffe de cheveux de la couleur du ciel actuel, qui n’aimait définitivement pas la nuit par hasard. Finissant sa tasse presque froide, elle vérifia une seconde fois que ces particules d’eau qu’elle aimait tant ne venaient plus toucher le sol ; puis, n’en voyant plus aucune à l’horizon à part les nombreuses qui formaient de minuscules lacs sur le béton, elle se contenta d’observer les survivantes sur sa fenêtre, qui glissaient lentement pour rejoindre leurs camarades.

    Elle entendit à peine sa porte s’ouvrir, encore à l’intérieur de sa bulle. Ce n’est que lorsqu’un certain châtain s’avança qu’elle remarqua qu’elle n’était plus seule dans sa contemplation.

- Princesse ?

      Ses orbes métalliques se détachaient de leur centre d’intérêt, se posant désormais sur quelqu’un qui passionnait encore plus l’adolescente. Souriant, comme toutes les fois où son regard croisait les deux yeux couleur océan, la calme sportive déposa sa tasse vide sur la table de chevet se trouvant juste à côté de la vitre contre laquelle elle était posée. L’invité surprise fit quelques pas en avant, désormais à la hauteur de sa curieuse préférée, qui ne tarda pas à se jeter dans ses bras ; son calme remplacé par une bonne humeur rarement vu dans ces heures de la journée.

- Princesse, je t’avais dit vingt-deux heures, tu vas encore manquer de sommeil aujourd’hui..

      Malgré ses paroles se voulant fermes, le gardien entoura le corps de la joueuse de ses bras, la serrant contre son torse dans un geste protecteur.

- Mais Joe.. Il pleuvait.. C’était tellement beau..

      La dénommée Princesse leva sa tête en direction de celle de son compagnon pour se donner un air enfantin, en faisant la moue. Le châtain n’y résista pas, laissant un fin sourire embellir encore son visage, si c’était possible. De toute manière, il ne pouvait pas résister.

- Et tu es encore restée éveillée jusqu’à deux heures du matin…

- Bah c’est pas ma faute.

      Ses joues gonflées le firent craquer, et un doux rire parvint aux oreilles de la plus jeune de cinq mois, qui ne détacha pas son regard de celui dont elle était totalement tombée amoureuse.

- Ce n’est pas de la faute de la pluie non plus.

- Non, c’est la faute de personne !

      Son optimisme et son caractère enfantin eurent raison de lui, qui souleva sa dulcinée dans les airs, et se tourna ; désormais dos à la fenêtre, qui avait si bien accueilli la bleutée pendant ces quelques heures.

      En sentant deux bras puissants entourer ses jambes et sa taille pour la porter, cette dernière en profita d’ailleurs pour s’enfouir plus aisément contre le torse du lycéen, qu’elle trouvait si confortable.

- Dis, Joe…

- Oui, princesse ?

      Depuis son arrivée, il n’avait pas lâché la seule joueuse de leur équipe du regard, maintenant interrogateur. Elle, cependant, continuait de regarder dans le vide ; comme elle aimait souvent le faire lorsqu’elle était seule ou en présence de la personne en qui elle accordait son entière confiance.

- Tu crois qu’un jour, Caleb et Jude vont bien s’entendre ? Vu que Jude est revenu.. Ils devraient au moins essayer..

- Les deux sont trop têtus pour le faire, et trop fiers.

- C’est le grand Joseph King qui dit ça ??

      En voyant la tête soudainement levée de la défenseuse, de l’étonnement déformant ses traits doux, il s’indigna presque.

- Je ne suis même pas si fier que ça.

- Oh si ! Et j’ai plein d’exemples pour le prouver !

      S’il n’était pas si tard, le protecteur lui aurait sûrement répondu avec quelques chaouilles pour la dissuader ; mais au lieu de cela, il la déposa avec toute la douceur qui lui était donné d’avoir sur son lit aux draps de couleurs aussi pures que l’âme de sa propriétaire.

- Tu me diras peut-être ça au réveil, princesse.

- Je suis obligée de dormir.. ?

      Une nouvelle fois, elle sortit son arme la plus destructrice : sa moue enfantine, qui arracha un autre sourire de la part de celui qui s’occupait si bien d’elle.

- Oui, on a encore un peu de temps, donc on va en profiter pour prendre un peu de repos.

      Sa tentative échoua donc cette fois-ci, mais Joseph avait raison : tant qu’ils pouvaient dormir, ils devaient prendre ces occasions au vol ; avec les durs entraînements de football de leur lycée, plus les cours de la journée et les devoirs une fois rentrés à la maison, ils n’avaient pas beaucoup de temps pour le faire. Puis, la protégée sentit la fatigue s’emparer de ses muscles, qui s’alourdissaient à mesure qu’elle se laissa entraîner par cette sensation. Elle écouta donc son compagnon et son corps, en abaissant ses paupières, ne voyant désormais que du noir l’entourer.

- Bonne nuit Joe…

- Bonne nuit princesse.

      Une main se perdit dans la douce chevelure bleu nuit, alors que l’adolescent admirait la jeune fille sombrant dans le sommeil en quelques minutes, tout aussi calme que lorsqu’elle buvait son infusion devant son propre spectacle à elle.

      Cet être était spécial, et c’est pour ça qu’il l’adorait.

      Il resta encore un moment, à caresser la chevelure de la personne qui occupait toutes ses pensées, avant de faire la même chose que cette dernière. Fermant les yeux,  il plongea dans le vide, laissant son imagination le guider dans ses rêves pour les quatre heures qui allaient suivre.