chapitre 1: prologue

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Je marchais dans l'allée de fleurs ce jour là. Les cerisiers étaient magnifiques, mais je n'y faisais pas attention. Mes yeux étaient rivés sur l'eau qui s'écoulait sous mes pieds, là un peu plus bas. Elle m'hypnotisait, je voulais aller la rejoindre, oublier, me laisser emporter pour m'effacer enfin. Je raclait ma semelle contre le bitume, avançant mon pied vers le vide. Je m'apprêtais à lâcher la rambarde, quand un cri me fit sortir de mes pensées. Un jeune homme blond accourait vers moi, totalement paniqué, si paniqué qu'il tomba, et un instant j'eu de la peine pour lui. Je me tournai pour mieux le voir, et en instant il se retrouva près de moi.

- " Ne faites pas ça s'il vous plait ! c'est dangereux..."

Bien sûr que c'était dangereux. Il ne se rendait pas compte de la situation ? Je m'agrippais un peu plus à la rambarde, et fit de nouveau face au vide.

- " Laissez-moi....plus rien ne me retient ici maintenant."

Je senti qu'il s'endurci, moi je fixais toujours le vide, et les problèmes qui m'avaient conduit jusqu'ici revinrent à l'assaut dans ma tête. ça devenait insoutenable, il fallait que j'en finisse au plus vite.

Alors sans attendre une quelconque réponse de sa part, je basculai entièrement dans le vide. Enfin libre....plus rien ne me retenait maintenant.

Plus rien ne me retenait, sauf sa main autour de mon poignet. Il s'était penché en avant, m'agrippant de toutes ses forces. Il entoura mon poignet avec son autre main, et me regardait dans les yeux essayant tant bien que mal de cacher son inquiétude. J'étais si proche....si proche...et voilà qu'on m'empêche de partir. Je mordis ma lèvre, sentant les larmes de rage monter en moi. Pourquoi il a fallu que quelqu'un me sauve ?

- "vous le regretterez, vraiment." Ses yeux noisettes rencontrèrent les miens pour la première fois, et je vis qu'il était très inquiet pour moi. Il n'avait pas pitié de moi. Il n'avait pas fait ça par obligation. 

Il me remonta sur le bitume, et me proposa d'aller boire un chocolat chaud comme si tout ce qu'il venait de se passer n'était pas si grave. Son sourire avait quelque chose de réconfortant je dois l'avouer...alors à bout de forces, j'acceptai sa proposition. Je finirai plus tard, quand il ne sera plus là.

Enfin arrivé chez lui, il me dit de faire comme si c'était chez moi. Chez moi.....

Des pensées obscure rejaillirent dans ma tête, et je senti à nouveau le besoin d'évacuer tout ce stress. Alors je me mis à pleurer devant le seuil de son tout petit appartement. Il paraissait embêté, et mes sanglots incontrôlables ne lui facilitaient pas la tache. Il me fit rentrer, frottant fort ses grandes paumes contre mes épaules pour tenter de me calmer. Ce n'était pas du tout efficace, voir même ridicule. Il n'avait apparemment pas l'habitude, et le voir essayer de la sorte me laissa échapper un gloussement. 

Il pensait que sa technique marchait, alors il continua pendant un moment et je fini par me calmer. Le chocolat chaud était prêt. Voir un peu trop....de la fumée noire s'échappait de la cafetière. Il accouru pour l'arrêter mais renversa intégralement le contenu sur lui, laissant échapper un cri.

- "tout va bien ???"

Il se redressa lentement, tirant sur sa chemise complètement trempée. Il grimaça légèrement, il avait du se brûler. Je me dépêchais de mettre la bouilloire dans l'évier et pris l'éponge avant de l'imbiber d'eau fraîche. Je me figeai pendant une seconde à la vue de son torse maintenant découvert. Il était recouvert de cicatrices, et on pouvait clairement voir que certaines étaient rescentes.

- "vous...vous blessez souvent ?" Je me baissai à son niveau, commençant à appliquer l'éponge pour lui éviter une brûlure trop grave.

- "Assez oui...je suis très maladroit !" dit-il d'un air gêné, passant une main dans ses cheveux blonds.

- "je vois ça oui...." la peau prenait déjà une teinte rougeâtre, mais j'avais évité le pire en réagissant vite.

Une fois l'incident évité, je pris l'initiative de faire moi-même le chocolat chaud. Il était gêné à l'idée de me laisser faire, mais j'avais eu ma dose de catastrophes pour aujourd'hui. Et puis....ça me permettais de me changer les idées.

- "Merci...de m'avoir aidé." je m'étais maintenant calmé. Nous étions assis sur le canapé, lui sur un coté, moi de l'autre, les genoux repliés contre ma poitrine, la tasse de chocolat à la main.

En vérité, l'envie d'en finir n'avait pas totalement disparu, mais je ne voulais pas l'importuner plus longtemps avec ça, et je ne voulais surtout pas qu'il me surveille pour que je ne recommence pas. Il était gentil c'est vrai, c'était facile de parler avec lui. Il paraissait assez simplet avec sa maladresse, mais en vérité c'était quelqu'un de très réfléchi.

Et sans m'en rendre compte, le soir commençait déjà à tomber.

- "Il faut que je rentre..." je me levais lentement, tenant toujours la tasse entre mes doigts.

Il me sourit, et vient ébouriffer doucement mes cheveux à ma grande surprise. C'était un geste tendre auquel je n'avais pas eu droit depuis si longtemps que je me laissai faire, appréciant ce moment. Il essayait encore de me réconforter à sa manière, et je commençais à aimer cette manière. Il se leva ensuite et vint me raccompagner jusqu'à la porte sans échanger un mot. Ce ne fut que quand j'eu fini de remettre mes chaussures qu'il m'adressa la parole.

- "prenez soin de vous, sur le chemin du retour" je rencontrai à nouveau ses yeux noisettes, et une pointe d'inquiétude resurgit dans son regard.

Je hochai la tête, et fit la promesse débile de ne pas me jeter sous une voiture pour aujourd'hui. Il paru soulagé, se reculant de quelques pas. Je le regardais faire, une question trottant dans ma tête depuis tout à l'heure.

- "dites..."

-"oui ?" sa voix était calme. Je me sentais vraiment bien en sa présence.

- "Pourquoi m'avoir sauvé tout à l'heure ? Je veux dire....vous ne me connaissez même pas."

Des gouttes commençaient à dégringoler du ciel, mais nous étions encore abrités dans l'entrée de son appartement. Comme si il l'avait prévu, il prit doucement le parapluie qui reposait contre le mur, le déplia puis me le tendis, plongeant à nouveau son regard hypnotisant dans le mien.

-" Je vous l'ai déjà dit, vous le regretterez" Je pris le parapluie et le pressai lentement contre moi. Il me fit doucement sortir, et pointa du doigt le ciel orageux à travers la matière plastique. "un jour, vous verrez l'arc-en-ciel, je vous le promet."

Je fixais le ciel, mais ne vis rien d'autre que des nuages gris, brouillés par les milliers de gouttes qui dévalaient l'atmosphère. Je ne voyais pas ce fameux arc-en-ciel dont il me parlait, et je cru qu'il se fichait d'abord de moi. Mais quand je tournai les yeux vers lui, il paraissait très sérieux. Ses yeux fixaient le ciel, tandis que ces lèvres esquissaient un léger sourire. Pendant un instant, son regard paraissait plus...brillant.

En rentrant chez moi, je n'ai fait que lever le nez pour essayer de l'apercevoir, mais rien n'y fit. Ce fameux arc-en-ciel était bien caché. Aurais-je la motivation de le chercher jusqu'à le trouver ? Ou viendrait-il tout simplement à moi ?

si un sourire pouvait dire je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant