Les rues de Paris grouillaient de voitures et hommes d'affaires rentrant d'une longue journée de labeur. Tania marchait à vive allure, direction son appartement. Ses longs cheveux bruns volant aux vents, sa sacoche claquant sa hanche au rythme de ses pas, elle était une jeune femme sereine. Perdue dans ses pensées, elle ne vie pas le passant et manqua tomber en le percutant. Un bras entourait sa taille, l'empêchant de finir par terre. Un homme la soutenais fermement.
« Merci. » dit-elle en se redressant.
L'inconnu releva de beaux yeux amandes. Quelques mèches brunes lui tombaient sur le nez. Il hocha la tête avec un air compatissant, et alla s'assoir sur un carton à même le sol. Tania le regarda une dernière fois, et reprit sa marche.
Le lendemain, elle repassa devant lui, et déposa une pièce dans un bol en plastique posé à côté d'une gamelle vide. Une sorte de remerciement. Ou bien peut être est ce juste pour sa conscience ... Il l'a remercia d'un « Merci » presque inaudible , et Tania lui sourit en réponse. Ce rituel continua pendant plusieurs jours, l'inconnu lui paraissait de plus en plus intriguant. Même ses pensées lointaines revenait vers lui, sa curiosité prenait le dessus. Tania a toujours été comme ça, grande curieuse prête à tous pour les autres. Elle finit par lui donner une pièce, et s'assoir à côté de lui. Il eut un mouvement de recul, avant de sourire timidement. Il devait avoir son âge, une vingtaine d'années toute au plus.
« Qu'est ce que vous faites ? »
« Eh bien, je viens vous parler. »
« Vous n'avez pas peur que vos amis vous voient avec un SDF ? »
Elle haussa les épaules.
« Je me fiche de se que les gens pensent. Je suis libre de parler à qui j'en ai envie, n'est ce pas ? »
« Tout a fait. Et je suis ravi d'avoir un peu de compagnie. »
« Ça vous dit d'aller boire un verre ? »demande-t-elle.
« Volontiers. Par contre comme vous l'avez remarqué je n'ai pas d'argent.. »
Il paraissait profondément surpris de sa demande.
« Je paie évidemment. »
L'inconnu sourit de toutes ses dents, qui étaient sales et mal alignées, et Tania se senti rougir. De quoi, elle n'en savait rien.
« Allons-y, le bar est à quelques rues. »
Elle s'élança, l'inconnu dont elle ne connait toujours pas le nom sur ses talons.
« Au faite, moi c'est Antoine, on peut se tutoyer si vous voulez. »
« Avec plaisir, moi c'est Tania. »
***
Le bar était bondé. Tania et Antoine choisir une petite table dans le coin, tranquille. Antoine paraissait mal à l'aise.
« Ça fait si longtemps que je n'ai pas bu un café. Et encore moins dans un bar. Tu es si généreuse alors qu'on ne se connais même pas. »
« J'ai toujours été comme ça, à aider les autres. Et puis tu m'as sauvé d'une honte publiques, je te dois bien ça. Et puis tu m'intrigues, enfin, ton histoire m'intrigues. »
Il eut un petit sourire avant que son visage s'assombrisse. Sûrement des mauvais souvenirs qui remontaient, Tania s'en voulut.
« Excuse moi, j'ai été maladroite. »
« Non ce n'est rien. Je ne suis pas encore prêt à en parler c'est tout. »
Il se leva brusquement.
« Je te dirais peut être une prochaine fois. On se retrouve demain à la même table. »
Il ne laissa pas le temps à Tania de répondre, et sorti en trombe du bar.
Celle ci soupira, et reparti chez elle.
Le lendemain, ils se retrouvèrent comme prévu par Antoine, à la même table.
« Alors, après t'être sauvé comme un voleur, tu pourrais m'en dire plus. »
« Qu'est ce que tu veux savoir ? »
« Comment t'es tu retrouve à la rue ? »répond t-elle du tac au tac.
Il haussa les épaules.
« J'étais mauvais à l'école, mon père a finit par me jeter de chez lui. »
« Tu dis ça comme si s'était naturel... et ta mère ? »
« Je ne pense pas être seul dans ce cas. Et ma mère veille sur moi depuis les étoiles. »
Tania fut touché par cet aveux. Antoine soupira en regardant le ciel.
« J'aimerai tant la rejoindre. Commencer une nouvelle vie a ses côtés. »
Tania lui attrapa les mains, dans un geste réconfortant.
« Profite déjà de celle qui s'offre à toi. Ta mère t'attendra le temps qu'il faudra. »
Il sourit tristement.
« Tu sais bien réconforter les gens. J'essaie de profiter, j'essaie... »
Il finit se lever, et la remercia une dernière fois avant de repartir, fixant un rendez vous pour le lendemain. Tania le suivit du regard, et demanda un nouveau verre au bar en soupirant.
Les jours, et semaines continuèrent ainsi, un verre tours les soirs en compagnie d'Antoine. Aujourd'hui elle ne s'était pas rendu au bar, journée trop longue. Elle avait besoin de repos. Tania jouait avec ses longs cheveux noir, en réfléchissant sur le vieux canapé. Devrait elle continuer à le voir ? Elle voyait bien ses billets diminuer jours par jour, et cela l'inquiétais. Mais elle avait besoin de voir Antoine, son sourire, ses yeux amandes... Elle secoua la tête. Tu deviens accro ma pauvre fille ! Mais ça ne l'empêcha pas de voir Antoine le lendemain. Il était assis à leurs table habituelle, et Tania fut interpellée par son physique. Ses cheveux étaient coiffés, et il portait de nouveaux vêtements. Il sourit, d'un sourire qui ne laissa pas Tania indifférente...
« Salut. »
« Salut, tu t'es coiffé aujourd'hui ? »demande t'elle ironiquement.
« Eh ouais ! Non en vrai j'ai été me ravitailler. » répondît il en riant.
Le serveur leurs apporta deux cafés, avec un clin d'œil. Il connaissait les habitudes.
Ils restèrent un petit moment silencieux, s'observant l'un l'autre.
« J'ai une proposition à te faire. » se lança Tania.
Il l'a regarda en fronçant les sourcils.
« Je t'écoute. »
« On pourrait essayer.. enfin tu pourrais venir vivre quelques temps chez moi. »
Son visage s'assombrit.
« C'est une proposition intéressante... mais y as tu bien réfléchis ? Je ne voudrais pas que tu demandes ça sur un coup de tête Tania. »
Elle sourit. C'est la première fois que Antoine l'appelait par son prénom.
« Non j'y réfléchit depuis un moment. Et puis si ça nous convient pas, tu peux repartir. »
« Ou tu peux me jeter de l'appartement. Tu es encore chez toi. » dit il avec un clin d'œil.
Elle fit un sourire.
« Évidement. Tu es tenté ? »
Il fit semblant de réfléchir en grattant sa barbe naissante.
« Bien sur. J'espère juste que tu ne vas pas le regretter. »
« Y'a pas de raison. »
Ils sourirent, et se dirigèrent main dans la main chez Tania. Elle se sentais vivante, heureuse... Elle était tout simplement amoureuse, et elle s'en rendait enfin compte.
Antoine marchait tête baissé. Mais gardait sa main fermement. Tania lui présenta son salon, et le clic clac qui lui ferait office de lit. Mais pas pour bien longtemps. Il finit rapidement dans le lit de Tania, et celle ci succomba à ses caresses...
Antoine resta près de deux mois. Un jour, il s'était absenté toute la journée, et Tania, morte de peur, l'avait accueillit avec une claque magistrale. Antoine ne lui en voulu pas, et la prit dans ses bras, voulant se faire pardonner. Tania humait son odeur, caressait ses cheveux devenu si doux. Il l'embrassa, avant de s'allonger dans le clic clac. Tania s'endormit seule ce soir là. Le lendemain, Antoine était encore absent. Pas un mot, rien. Elle l'attendit, toute la journée. Le soleil commençait à se coucher et toujours pas d'Antoine. Résignée et inquiète, elle finit par se coucher. Elle se réveilla de bon matin, et quelques larmes perlèrent sur ses joues. Tania était devenu accro à Antoine, et ce depuis leur première rencontre. Elle en était tombé folle amoureuse. Sa journée se terminait, et comme tous les retours du boulot, elle passa devant le bar. Elle se stoppa net. Antoine était la, attablé à leur table. Il souriait et riait. Mais ce n'était pas elle, elle se trouvait bien hors du bar. Une jolie blonde le dévorait du regard, et il lui caressa les cheveux avec douceur. Les larmes coulèrent toutes seules, de colère, de déception. De tant de sentiments négatifs.
Quelle idiote, qu'est ce que tu croyais ?
Tania s'enfuit dans la nuit. Avec rage, elle se promit d'oublier cet homme aux cheveux bruns, son odeur, la douceur de sa peau. Elle pensa à la jolie blonde, la prochaine à se faire avoir. Et elle ria, ria à s'en faire perdre haleine. Ria comme une furieuse qui vient d'accepter la réalité...