Chapitre 1

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Assise dans la poussière, je contemplais la scène qui s'offrait à moi. Charles, l'homme de ma vie, l'homme en qui tout mon espoir reposait, s'approchait de moi d'un pas timide. Face à sa présence, tout mon être semblait suffoquer.

Cela faisait si longtemps que je ne l'avais pas vu.

En réalité, seulement quelques semaines s'étaient écoulées depuis qu'il était subitement parti, mais lorsque la distance s'émisse entre deux âmes vouées à s'aimer, le temps est un supplice.

Ces quelques semaines m'avaient parût êtres des années et des années de torture constante.

Mais pourtant, il était là. Il ne m'avait pas totalement oublié.

Tout cela était dérisoire. Pourquoi revenait-il ? Pour s'expliquer ? S'excuser ?

Ou pour à nouveau me détruire ?

Je ne me préoccupais point de l'apparence que je renvoyais. Mes cheveux, d'ordinaire si soignés, étaient gras et mal ordonnés, des cernes noirs s'étaient creusés sous mes yeux, et mon corps, j'en avais conscience, s'était misérablement amaigrit. Sans parler du fait que j'était salement vêtue, et recroquevillée dans un coin insalubre. Mais tout cela m'importait. Je me fichais de quoi j'avais l'air, trop obnubilée par Charles qui se tenait devant moi.

Ses cheveux s'agitaient au moindre geste qu'il esquissait.

Auparavant, je restais des heures à passer ma main dans ses boucles parfaitement noires.

Je dévorais des yeux sa peau caramel, si parfaite, alors que lui même ne pouvait détacher son profond regard verts de l'abominable chose que j'étais.

Ses lèvres souriantes que j'avais tant de fois embrassées semblaient m'appeler.

Je l'aimais. Depuis toujours. Il avait beau être parti, mes sentiments pour lui, bien que brisés, restaient les mêmes.

Pourquoi était-il ici ?

Pourquoi maintenant ?

Charles s'arrêta à quelques centimètres de moi. Il me paraissait si loin.

-Où sommes nous ?

Je ne pouvais lui répondre. Ma gorge me brûlait, nouée par l'émotion.

Et puis, de toute façon, je n'avais aucune idée de l'endroit où nous nous trouvions.

La veille, je m'étais endormis tôt, exténuée par la journée de cours que je venais de passer.

Je m'étais réveillée ici, vêtue de cette déplorable nuisette qui ne m'appartenait même pas.

Il n'y avait aucune issue. C'était une petite pièce vide et poussiéreuse baignant dans la pénombre, sans porte ni fenêtre.

Je me sentais comme un oiseau en cage.

M'avait-on enlevé ?

C'était probable.

Pourtant, cela m'était égal. La vie était un supplice, que je sois enfermée ou non.

A l'extérieur, personne ne m'attendait. Alors autant rester ici. Avec Charles.

-Comment as-tu fais pour entrer ? parvins-je enfin à articuler.

-Mon désir de te parler était plus fort que tout, déclara-t-il en se rapprochant davantage.

Son odeur me parvint, douce et sucrée à la fois. Mes yeux se brouillèrent de larmes.

Je mourrais d'envie de me blottir contre son torse chaud. De lui dire à quel point je l'aimais, et à quel point j'étais perdue sans lui.

Il s'accroupit à mon niveau, ouvrit la bouche, prêt à parler, et c'est là que je l'aperçu.

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