Chapitre 3

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Mon sang ne fit qu'un tours.

Je courus hors de la maison, sous le regard interrogateur de ma mère, pressée de fuir cette femme.
Étais-je devenue folle ?

Bonnie qui m'avait vue sortir en trombe, aboya derrière moi, ne comprenant pas pourquoi je me précipitais dehors de la sorte.
Les battements de mon pouls résonnaient dans tout mon corps, tandis que je me réfugiais à l'intérieur de ma voiture.

Que faisait-elle ici ?

Je fus prise de violents vertiges, qui s'atténuèrent quelques peut lorsque je m'assis sur le siège passager.
-Je ne pensais pas que tu serais aussi pressée d'aller au lycée, ironisa ma mère, en allumant le contact du véhicule.
-Tu l'as vu ? M'enquis-je.
-Quoi donc ?
-Non rien, oublies.
Elle me dévisagea un long moment, l'air songeuse, puis se décida enfin à démarrer.

Le trajet vers l'école fut très silencieux. Ma mère devait se demander ce qu'il m'arrivait, et pourquoi j'avais l'air si inquiète, tandis que moi, je ne pouvais prononcer le moindre mot, tant ma gorge était nouée par l'angoisse.

Autour de moi, le paysage défilait lentement, comme si, lui aussi, n'était pas pressé d'affronter la journée qui l'attendait.

Au travers de la vitre teintée de ma voiture, j'observais avec un intérêt déconcertant le panorama bucolique qui m'entourait. Les arbres se dressaient fièrement au bord de la route, l'herbe était fraichement verte, et des centaines d'oiseaux parsemaient le ciel de petits éclats de noir.

Le monde semblait être heureux, épanoui.

Je ressentis une vive douleur au ventre : J'aurais tant aimé, moi aussi, pouvoir ressentir cela. De la joie.

Mais depuis que Charles m'avait quitté, mon monde à moi n'était plus qu'une étendue de souffrance et de pensées noires.

La voiture s'engagea dans le parking du lycée.

Mon ventre se serra davantage, réticent à l'idée de pénétrer dans cet édifice qui m'avait causé tant de mal.

Ma mère se gara, coupa le contact du véhicule, et se tourna vers moi.

Je pris une grande inspiration : je savais ce que ce comportement signifiait.

En effet, je ne me trompais pas, car elle me lança :

-Ce soir nous allons voir ta soeur.

-Mais papa est à Lyon, soufflais-je.

-Nous irons la voir toutes les deux. Elle a encore fait une crise.

-Maman, je ne veux pas y aller. Lexie s'en sort très bien sans nous.

Une lueur sombre traversa le regard pourtant si clair de ma mère.

-Comment peux-tu dire de tels choses ? s'emporta-t-elle, tu es égoïste Kelsey. Nous irons la voir, que tu le veuilles ou non !

-D'accord.

Et sans même lui dire au revoir, je descendis de la voiture, avant de claquer violement la portière.

Voilà une journée qui s'annonçait merveilleuse.

D'autant plus que j'apercevais déjà Emerson, Maya et Agathe qui, regroupées dans un coin de la cours, m'observaient d'un regard machiavélique, attendant le bon moment pour venir me cracher des mots affreux au visage.

Ces trois filles étaient les pestes du lycée, en particulier Emerson. Mais de tous les élèves de l'école, j'étais leur cible préféré, celle dont elles ne se lassaient jamais.

M'insulter et m'humilier était leur passe-temps favoris.

La conversation que je venais d'avoir avec ma mère fut à ce moment là le cadet de mes soucis. Seul m'importait le fait de fuir ces trois filles.

Je tentais comme je le pouvais d'éviter leur regard, baissant les yeux en me dirigeant vers le coin opposé de la cours.

Je savais qu'elles allaient me suivre, comme toujours.

Je venais de croiser ces trois pestes, Ohara m'était apparut, et ma mère venait de m'annoncer que nous retournerions voir ma petite soeur à l'asile. Il ne manquait plus que je croise Charles pour que cette journée atteigne le record de la pire journée du monde.

Une fois dissimulée derrière un poteau, je remarquais qu'elles ne venaient pas dans ma direction, comme elles l'auraient fait à l'accoutumer.

Au lieu de cela, Maya, Agathe et Emerson se dirigèrent vers un groupe de garçon non loin de l'entrée de l'établissement.

Mon coeur se brisa en milles morceaux lorsque je vis les lèvres d'Emerson se poser délicatement sur celles de Charles.

Ma pire ennemie me jeta un regard noir en coin, me faisant clairement comprendre que jamais personne ne voudra de moi, pas même l'homme que j'aimais.

A ce moment là, j'aurais tout donné pour retourner me blottir dans mon lit, quitte à supporter la présence d'Ohara.

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