CHAPITRE 2

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🌳...MAGAM OU LA VENGEANCE DANS LA PEAU...🌳

Après les événements de la journée riche en rebondissements, Magam avait besoin de se détendre. Quoi de mieux qu'une bonne douche chaude. Elle jouait ses dernières cartes. Elle n'avait pas droit à l'erreur.

Elle prenait son bain et tout lui revint en mémoire. Enfin, elle avait pu. Qui l'aurait cru ? Jusqu'ici, elle y avait à moitié cru. Elle s'était dit : « Non, c'est impossible, je n'y arriverai jamais. »

Finalement, la rancœur, la haine qu'elle portait en elle étaient plus fortes que tout.

Rostand ne cessait de lui en parler :

« Magam, cette haine en toi, cette vengeance te consume de jour en jour. Pourquoi ne pas tout abandonner et recommencer ta vie ailleurs ? Tu ne pourras pas t'en sortir vivante. Qui programme la vengeance doit creuser deux tombes, as-tu déjà entendu parler de cet adage ?

— Ros, j'ai déjà une tombe depuis fort longtemps, et d'ailleurs, je te la montrerai un de ces jours. Ils m'ont déjà enterrée, tu ne l'as pas encore compris. Et puis, celui à l'origine de cet adage devait être mort, comment est-il revenu le déclarer ? A moins que ce ne soit un cousin germain du Christ ?

— Ce n'est pas drôle Magam

— Non, la vérité n'est jamais drôle, c'est toi qui ne comprend pas Ros. Ces gens m'ont tuée, enterrée, spoliée de mes biens, dépossédée de tout. Et actuellement, ils possèdent ce que j'ai de plus précieux au monde. Ils ne s'en sortiront pas comme ça. Sais-tu pourquoi j'ai survécue Ros ?

— Non, dis le moi...

— Justement, je veux le découvrir. Je vais récupérer tout ce qu'ils m'ont pris et le châtiment ne sera pas à la juste mesure de leur crime, crois-moi, ils ont volé dix ans de ma vie, c'est trop.

— Magam, qui joue avec le feu finit par se brûler les ailes !

— Je suis toute nue depuis longtemps, la seule chose que j'aurai pu brûler est mon corps, je n'en possède plus.

— Tu sais que je t'aiderai dans tout, n'est ce pas Magam ? Je ferai tout pour te faciliter les choses.

— Ros, c'est une guerre. Il n'y a pas de neutre. Qui n'est pas avec moi est contre moi. Tu as choisi ton camp, le meilleur en somme.

— Mon Dieu, tu me fais penser à Napoléon Bonaparte prêt à aller livrer une bataille !

— Je ne le connais pas. J'ai ma propre guerre à mener.

— Chacun a toujours une guerre à mener de toute façon.

— Vrai, on est libre d'abandonner ou de continuer. Je n'abandonnerai pas, jamais. »

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Cette conversation entre son ami et elle s'était tenue exactement deux mois plus tôt. Magam venait de finaliser les derniers détails de sa vengeance. Aux premiers bancs depuis le début, Rostand avait toujours cherché à la décourager de manière subtile. Contre toute attente, plus il le faisait, plus elle était déterminée. Personne ne pouvait la comprendre, personne !
Comment se réveillait-on un matin en criant :

« Où suis-je ? Et surtout, qui suis-je ? »

Que ressentait-on en ce moment là ? Du vide, du néant. On n'était personne. Essayez d'imaginer le vide, essayez d'imaginer la sensation de rien. Impossible n'est-ce pas ? Elle l'avait fait durant des années. Elle avait été personne durant six ans, six longues années à nager dans le noir.

Vivre sans vivre, exister sans vivre, un fardeau très lourd à porter. Magam ne vivait que par la vengeance, ne respirait que par elle par tous les pores de son corps. Elle ne vivait que dans l'attente de ce jour où enfin tous les masques tomberont. Elle ne dormait plus assez. Elle avait perdu le sommeil. Elle était ironiquement morte, même pour elle même. Elle sortit de la salle de bain toute nue, de toute façon, il n y avait personne dans sa chambre pour lui demander pourquoi elle mouillait le tapis tout neuf. Elle se tint quelques secondes devant le grand miroir de sa chambre à coucher. Comme à chaque fois, elle ne reconnaissait pas la femme que le miroir lui renvoyait. Elle ne reconnaissait pas ce visage. Non, ce n'était pas elle. C'était le visage d'une autre. Son corps n'était pas le sien. Les coups de bistouri avaient effacé les derniers vestiges de son identité. Des interventions interminables l'avaient anéantie. Des réparations sans fin sur ce pauvre corps.

MAGAM OU LA VENGEANCE DANS LA PEAU...Where stories live. Discover now