Avancer.

L'espoir

Tu cours, tu continues. Des dizaines, des milliers de portes passent à côté de toi. Tu ne sais pas le nombre, tu ne t'en occupe pas. Tu essayes juste d'en trouver une ouverture. Tu te bats pour que le cauchemar s'arrête. Au fond, tu ne sais pas si ça va s'arrêter, mais tu espères.

Les portes continuent. Tu es essoufflés. Peut-être que tu devrais chercher une clef ? Mais tu sais déjà depuis longtemps que tu n'en trouvera pas. Tu ne le sais que trop bien.

Tu cours, des larmes perles aux coins de tes yeux. Tu es fatiguée, tu en a marre. Tu voudrais appeler de l'aide et que quelqu'un te réponde. Mais tu as compris que ses réponses, tu ne les auras jamais. Tu n'auras même pas d'oreilles qui écouteraient tes supplications. Tu l'as accepté et tu ne veux pas y repenser.

Tu trébuche. Cette fois tu craques, tu éclates en sanglot. Tu veux une lumière, un bruit, un cris. Mais personne. Tu relèves la tête en tremblant. En face de toi se trouve une fille par terre, qui te regarde. Elle aussi elle pleure, elle a l'air triste, déçue. Tu voudrais tellement la consoler, lui dire des mots doux. Mais tu en es incapable. Car tu ne sais pas comment on fait. Tu as peur de la brusquer, que ces mots la blessent encore plus. Alors tu te mets à observer la fille.

Elle continue à te fixer. Ses yeux brillent à cause de ses larmes qui coulent le long de ses joues. Elle devait avoir le même âge que toi, la même taille, le même poids. Tu observes sa bouche, ses lèvres fines. Cela doit faire longtemps qu'elle ne dois pas avoir souri, penses-tu. Tu détailles ses cheveux, son visage. Elle est très belle, mais pourtant, cette lueur de déception qui orne son visage gâche tout. Tu voudrais presque essayer de tendre ta main pour essuyer cette déception, ce malheur.

Tu te reconcentres sur ses yeux. Tu essayes de lire en eux. Tu vois la tristesse recouvrir peu à peu ses iris jaunes. Soudain, l'unique lueur d'espoir qui régnait en ces yeux commence à être recouverte par cette tristesse. Tu paniques, ta respiration s'accélère. Non... Tu ne veux pas que cette lueur disparaisse...

- Non... Arrêtes !

Mais elle ne t'écoute pas, elle n'ose pas t'écouter. Elle est fatiguée elle aussi. Elle en a assez de tourner en rond, de ce cacher l'inévitable. Elle sais très bien que c'est de sa faute. Et toi aussi.

- Non ! S'il-te-plaît ! Ne fais pas ça !

Tu avance ta main vers elle, paniquée. Elle ne bouge pas mais pourtant quelque chose t'empêche de la toucher. Tu essayes encore plus de tendre ta main vouant toujours à l'échec. Cette fois, tu recommence à pleurer, encore plus fort. Non... Elle ne peut pas te laisser seule, elle n'en a pas le droit. Alors tu continues de la supplier.

- Ne me laisse pas seule... Je t'en supplie...

Tu continues à avancer ta main. Tu paniques de plus en plus. Tu commences à taper sur ce qui t'empêches de la rejoindre. De plus en plus fort. De plus en plus désespérée. Encore plus fort... Trop tard. Cette lueur, elle est partie. L'unique chose qui te rassurait sur cette fille disparaît comme elle est venue, si elle est venue. Tu cries et tu donnes un dernier coup désespéré.

- Pourquoi ?

Le miroir se brise.