Le dernier dimanche consistait le plus souvent en un bouquet final. Toute la troupe avait été réunie pour faire de cette soirée un moment inoubliable.
On avait enjoint les artistes de raccommoder leurs costumes, de se grimer avec soin afin que tout, absolument tout, fût parfait. On avait répété des heures durant et, à l'évidence, tout était absolument prêt.
Se succédèrent donc les numéros d'artistes. On entendait dans le village des tonnerres d'applaudissements, des cris d'effroi et de fascination de la part des enfants.
L'heure était venue de présenter le clou du spectacle : « Friedrich et ses indomptables fauves ».
Le rideau s'ouvrit lentement. Monsieur Loyal s'effaça et le public retint son souffle.
Ce que vit alors le parterre de spectateurs est effroyable à raconter. Friedrich gisait, le long d'une corde accrochée à la poutre des acrobates, ses vêtements déchiquetés, son corps lacéré de griffures innombrables. Il avait également pris soin de se grimer en homme-chat, se peignant des vibrisses autour des sourcils et de la bouche.
Ses animaux avaient été sciemment libérés de leurs cages et erraient sur la piste, flairaient d'éventuelles victimes.
D'abord médusés, les spectateurs comprirent. La panique s'empara du chapiteau et chacun, comme il le put, sortit. On courait comme de beaux diables et jurait que jamais plus on ne les reverrait assister à un spectacle de cirque.
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Le cirque Chatfouin
Short StoryOyez, oyez, braves gens. Venez assister à la dernière de Friedrich, le dompteur de félins.