Caligo est une déesse très peu rancunière. Heureusement d'ailleurs, car ce ne sont pas les trahisons contre elle qui manquent. Elle accepte volontiers les excuses, est la première à oublier les anciens différends, et est toujours prête à renouer un lien brisé. Oui, seulement Caligo a le sang chaud. Pas qu'elle l'ait vraiment, car elle n'a pas de corps à proprement parler, et donc encore moins de sang. Mais elle réagit très impulsivement lorsqu'elle est blessée. Et Lux, en voulant détruire l'accord qu'elle lui a proposé de sa propre charité pour calmer leurs querelles, l'a profondément blessé, comme jamais encore il ne l'avait pas. Lorsqu'ils étaient officiellement ennemis, il pouvait lui faire tous les coups bas imaginables, Caligo ne lui en aurait pas porté rigueur. Mais cette fourberie, elle ne peut pas la laisser passer sans rien faire.
En tout cas, c'est le discours qu'a lâché Zào à Dagmar pour que celui-ci accepte de se rendre au rendez-vous que Caligo lui a donné.
-Tu comprends, lui a-t-il expliqué avec cet insupportable air grave qu'il pense devoir adopter face à Dagmar, ta mère est extrêmement perturbée, et elle a besoin de se sentir soutenue dans son propre camp.
Si Zào avait des traits plus humains, Dagmar se serait cru dans une vraie scène familiale à la humaine. Mais Zào n'est pas humain, pas plus que Dagmar. Alors Dagmar l'a obéi, parce qu'il n'y avait que cette possibilité de toute façon.
En entrant dans la salle où se trouve Caligo, Dagmar se permet de siffloter un peu. Il n'aime pas trop les situations trop sérieuses, ça l'angoisse terriblement. Il s'arrête face au trône, mais aucun signe de la déesse. Il soupire. Il a fait l'effort d'être à l'heure, elle pourrait au moins le récompenser en n'éternisant pas ce stupide rendez-vous.
-Dagmar, mon fils, s'élève alors la voix de la déesse derrière lui.
Dagmar se retourne vivement. Le noir complet de la pièce ne l'empêche pas de percevoir la présence de Caligo, et il est étonné de la voir apparaître sous cette forme. Il pensait qu'elle prendrait son habituelle apparence, sur le trône. Visiblement, Caligo préfère jouer les intimes en étant le plus proche possible de Dagmar.
Alors qu'il la salue assez froidement, Caligo l'entoure avec affection. Il se laisse faire, un peu agacé. Ils n'ont jamais été très proches, soit parce que Dagmar lui en voulait d'être aussi peu touchée par sa condition, soit parce que Caligo en avait marre de l'avoir pour rejeton. Leur relation est assez perturbée, et les semblants de maternité que Caligo tente d'avoir échouent lamentablement contre la barrière infranchissable que s'est construit Dagmar au cours de ses milliers d'années d'existence en solitaire. Malgré tout, les paroles de Zào lui reviennent, et il tente de ne pas montrer son exaspération. Ce n'est pas le moment de la fâcher.
-Zào m'a dit que tu voulais me voir ? demande-t-il à la place.
La déesse répond par l'approbation. Une immense tristesse l'envahit, mais Dagmar l'ignore parfaitement. Sa mère n'a jamais été réellement triste, c'est simplement une comédie pour apitoyer ses invités. Pourquoi se sent-elle obligée de jouer les sensibles devant son propre fils ? Dagmar décide de rester indifférent, les yeux rivés sur Caligo en attendant la suite.
-Toi mon fils, toi qui m'es et me seras éternellement fidèle, je voudrais te demander un service.
Le ton pompeux de sa mère fait souvent rire Dagmar, mais l'évocation d'un service lui enlève toute hilarité. Il lève un sourcil.
-Un service ?
-Zào me dit que tu va souvent sur Terre, alors que je t'ai formellement interdit de le faire.
Dagmar grimace. Il va falloir qu'il ait une légère conversation avec Zào, qui a apparemment oublié le sens du petit mot « N'EN PARLE PAS A CALIGO ».
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Sombre Clarté
ParanormalOksana vit sa vie. Lycéenne moyenne, elle n'a rien de spéciale, si ce n'est qu'elle n'a pas d'amis, ni vraiment de famille. Elle ne dirait pas qu'elle est heureuse, mais à vrai dire elle a toujours été ainsi, alors elle ne s'en inquiète plus. Ce qui...