Miaoudemoiselle Iris, Marquise de la Vibrisse...

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Qui aurait pu prédire l'avenir de la belle Iris, petite chatte écaille de tortue provinciale ? Le destin de la minette allait dépendre en fait d'un rencontre improbable, avec le plus charmant des félins. Cela se passa dans le hameau de Rognon, en 2009 ou presque. Ma fille, mon chat Caramel et moi étions alors en congés dans notre résidence secondaire...

Ce soir-là, tandis que nous soupions, un violent orage se déclencha, les grondements du tonnerre tonitruants nous pétrifiaient, les éclairs déchiraient le ciel devenu pourpre. Pourtant doté d'un caractère courageux, Caramel se blottissait contre moi, conscient qu'il se passait quelque chose d'étrange, d'anormal.

Nous nous réveillâmes le lendemain matin. Au moment de sortir, nous ne comprîmes pas tout de suite ce qui se passait. A la place de mon automobile, un carrosse attelé aux armures du Marquis de la Vibrisse était dans la cour, et ma petite maisonnette s'était transformée en un manoir de l'époque de la Renaissance. Alentour, des chaumières s'étendaient à perte de vue. Nous avions voyagé dans le temps ! par quel prodige ? était-ce dû à cet orage, aussi violent qu'imprévisible ?

Caramel, sur le pas de la porte, n'en croyait pas ses yeux ! La physionomie du paysage avait totalement changé. On distinguait des bois touffus à l'horizon. Nous décidâmes ma fille Déborah, Caramel, et moi de partir en excursion dans ce lieu que nous ne reconnaissions pas. Toutes les odeurs du terroir, inconnues de lui auparavant, venait chatouiller son museau délicat. Odeurs d'étables, de fumier, de basse-cour... Cela semblait étrange, surnaturel. C'est alors que notre chat se vit salué par ses serfs et vassaux. En effet, en ces lieux, il était devenu le Marquis de la Vibrisse, lors de notre voyage temporel.

Peu de temps après, il fit fortuitement la rencontre d'Iris, adorable petite paysanne écaille de tortue. Cette dernière divaguait sur ses terres, à la recherche de quelque gibier, en compagnie de sa mère, Pépée la Grande, et de ses deux frères. Intrigué, le gentilhomme contempla longuement la petite chatte, elle avait le port haut et des manières singulières. De plus, elle semblait aussi à l'aise sur l'herbe scintillante de rosée que si elle s'était trouvée dans un des plus chics salons parisiens.

Marquis convia peu de temps après Iris et sa famille à un repas dans sa gentilhommière. Les domestiques humaines que nous étions devenues durant notre translation, préparaient le repas en l'honneur de ses convives. Il fit installer la jeune Iris non loin de lui, à portée de vue, et l'examina discrètement durant les agapes. La petite chatte s'émerveillait devant les mets raffinés qui lui étaient présentés tour à tour dans une vaisselle somptueuse. C'était grand plaisir que de la voir utiliser sa patte droite comme d'autres l'auraient fait d'une fourchette.

Peu de temps après, le Marquis de la Vibrisse fut appelé à la Cour. Les obligations courantes d'un noble de province ne sont pas si aisées qu'on pourrait le penser. Devenues ses gouvernantes, nous nous occupâmes d'organiser le retour de notre Seigneur. Nous fîmes atteler le carrosse du Marquis, et « fouette cocher », en avant pour la Capitale.

A peine arrivé à Paris, notre gentilhomme fit l'inventaire des vêtements et accessoires à déposer dans les grands coffres, pour son séjour à la Cour.

Cependant, arborant magnifique crinière rousse, il se refusait tout net à porter une perruque poudrée, pourtant si prisée à Versailles. Une fois apprêté, Il enfila une paire de cuissardes qui le mettaient en valeur ainsi qu'un vaste chapeau, à la « mousquetaire ».

Après un frugal repas, composé de quelques rôts, tomates anciennes, panais, topinambours, navet boule d'or, notre Seigneurie fit préparer son attelage, avec des chevaux fins reposés. « A Versailles !» intima-t-il à petit Jean, le cocher...

Caramel de la Vibrisse n'aimait pas trop le château de Versailles. Le château des « courants d'air » et des effluves, comme il le nommait si bien. En effet, à cette époque, uriner derrières les portes faisait partie des usages. D'où l'emploi de parfums musqués qui irritaient son museau si sensible aux mauvaises odeurs. Cependant, il lui incombait de se présenter deux fois par annuité, afin de représenter ses provinces et ses gens.

Code QUANTUM : Voyages au travers du temps...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant