Une oreille attentive à un douloureux passé

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Cela allait faire plus d'un an qu'il connaissait ce blond au caractère explosif. Ce garçon dont il admirait la virilité et la détermination qu'il avait dans tout ce qu'il faisait.
Il avait bien vu qu'il se démenait pour être le meilleur, qu'il se démenait pour surpasser ses camarade. Ils ont beau n'être qu'au lycée en filière générale, Bakugo voulait absolument "défoncer tout le monde". Dans tous les domaines. Et se montrait particulièrement exécrable envers les autres.

Kirishima se souvenait bien du calvaire que ce fut pour gagner ne serait-ce que son respect, puis son amitié. Il s'était durement accroché, se focalisant sur ce qu'il voyait de bon en lui, mettant de côté son agressivité et son ego surdimensionné. C'est ce qui lui avait permis d'avoir une relation aussi soudée avec celui qui aujourd'hui était son meilleur ami. Il avait su être patient, assez pour que le garçon explosif se montre moins méchant, voire presque agréable, avec lui.
Leur amitié était puissante. Eijiro en était d'ailleurs très fier, il avait pu prouver que son ami n'était pas une horrible personne comme tous le monde disait. Que sous ses grands airs, il pouvait être gentil. Après tout, il ne le cognait pas. Ses insultes envers lui faisaient plus office de surnoms plus ou moins affectif. Et surtout, il s'emportait jamais réellement contre lui.

Mais depuis quelques mois, le rouge sentait qu'il y avait quelque chose. Plus il passait du temps avec lui, plus il avait l'impression que son pote mentait. Constamment. Qu'il se cachait même. Derrière ses insultes, sa colère, si ce n'est pas sa rage. Derrière ses actes et ses mots qui depuis un moment semblaient juste être là pour mettre un mur entre Katsuki et les autres.
Kirishima avait commencé à le remarquer quand il avait décelé au fond de ses yeux rouges une lueur triste.
Puis aujourd'hui, alors qu'ils étaient seuls dans le bus de ville, et que le blond semblait penser que le rouge lui prêtait pas attention, son visage affichait un air las, maussade. Son regard semblait se perdre au loin dans le paysage pluvieux du jour, ses traits habituellement tendus par sa colère se détendaient avec ce qui semblait être... une profonde mélancolie. Il avait l'air... d'un adolescent triste et perdu. Sa bouille avait l'air douce, en rien agressive, c'était... perturbant.

Eijiro s'en inquiéta tout de même. Ce qu'il voyait était si éloigné de ce qu'il avait l'habitude... Cela le poussa à poser sa main sur son épaule, le secouant doucement pour lui faire quitter ses pensées.

- Hey Katsu'... T'as l'air tout triste d'un coup, ça va ?

- Hm ?

La surprise du blond en remarquant qu'il avait été vu comme ça fut vite remplacée par cette colère habituelle qui déformait son visage, faisant grimacer le rouge quand il se mit à crier.

- Qu'est-ce que tu racontes bordel !? J'vais très bien, alors fais pas chier !

- Calme, pas besoin de m'agresser... je m'inquiète pour toi moi, c'est tout...

- Eh bien arrête ! Mêle toi de ton cul un peu !

- Ah donc il y a bien quelque chose !

- Tu fais chier tête d'ortie, va crever.

Il lui avait tourné le dos -comme il pouvait, ils sont dans un bus tout de même-, lâchant un "Tch." comme pour le dissuader d'insister. Sauf que le fait qu'il ne l'ait pas contredit avait fait entré dans la tête de celui aux dents pointues qu'il y avait quelque chose. Et vu comment il s'était braqué, puis avait arrêté vite fait la discussion, ça devait être important. Alors il allait le faire parler.

Après plusieurs arrêts, les deux garçons sortirent du bus. Le cendré avait embarqué son (seul) ami chez lui pour la semaine, jugeant qu'il se devait de forcer ce dernier a bosser un minimum pendant ces vacances. Il faisait ça déjà en temps de cours, l'emmenant toutes les deux semaines depuis quatre mois chez lui le week-end, et ça aidait considérablement le rouge. Déjà qu'à l'internat ils bossaient ensemble, Kirishima avait presque l'impression d'avoir un professeur particulier avec lui vu comment s'impliquait son ami dans ses études en plus des siennes. A croire que sa réussite lui importait autant que la sienne... difficile à croire hein ?

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