Chapitre trois

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"La solitude me pèse, j'ai besoin de toi."


Je ne peux pas rentrer chez moi, impossible. Je suis comme tétanisée par ce que j'ai vu cet après-midi même. Je répète dans ma tête sans cesse que je n'ai pas vu de fantôme se balader dans le Merlin Park Woods mais une petite voix au fond, tout au fond, en creusant bien qui me dit que tout ce que j'ai vécu est réel. Je marche dans le jardin et je me rends compte que j'ai besoin de bien plus d'espace. Je décide de sortir et de errer dans la nuit noire. Je vois toujours ce brouillard mais qui cette fois-ci cache le ciel et non la route. J'ai besoin de me vider l'esprit avant de voir mes grands-parents. Ils vont trouver cela bizarre de ne pas me voir mais ils ont l'habitude dans un certain sens : ils me laissent vivre ma vie comme je l'entends. Et pour cela je leur en serai toujours reconnaissante. Mais pour le moment, mon cerveau cogite en masse pensées sur mes parents, sur ce fantôme qui m'a parlé, sur ces rêves étranges que je fais depuis des jours. De toute manière j'ai deux solutions : soit je suis devenue folle et je dois aller consulter, ou soit c'est réel et on va quand même me traiter de tarée. Les larmes me montent, j'ai le souffle court. Pourquoi je suis dans cet état ? Je me rends compte que d'une façon ou d'une autre ce trou qui s'est réveillé depuis des années est en parti à cause de mes parents, à cause de toutes ces questions que je me pose sur qui je suis. J'ai de la chance d'avoir des gens qui m'ont adoptée comme leur propre fille, mais j'ai le besoin de savoir qui est cette personne réellement ; pourquoi j'ai été abandonnée, pourquoi je ne me rappelle pas de mon enfance. Tout ceci fait que j'ai le coeur qui va exploser d'un jour à l'autre et je n'ai pas envie de faire subir ça à mes grands-parents.

Et, il suffi de tout ceci pour que j'éclate en sanglots en plein milieu de la route. Je hurle, m'arrache les cheveux, j'essaye de retirer mon pull. Je mets une main en dessous pour l'enlever et je m'accroupie sur le sol humide de Galway. Je déverse toute la haine que je ressens depuis des années. Mon front et mes joues sont chaudes, je sens que mes yeux sont boursouflées et mon pouls qui s'accélère au travers de mes tempes. Je m'assoie en tailleur et attends que ma tristesse passe, mais elle ne passera peut-être jamais.

Je me calme comme je peux et je me résous à faire demi-tour pour rentrer à la maison. Le vent souffle sur moi et dégage mes cheveux comme une main maternelle pour me dire que tout ira bien. J'ouvre la porte d'entrée et me rends compte que je tremble encore de tout mon corps.

- Mamie ? je demande alors que je ne suis même pas rentrée.

Ma grand-mère me voit encore sur le pallier, elle comprend que quelque chose ne va pas. Je pleure de plus belles et elle me prend dans ses bras. Elle a les yeux humidifiés et de sa petite voix me demande :

- Qu'est-ce qu'il y a ma chérie ? Pourquoi tu pleures ?

- Mamie... Je... S'il te plait ! J'ai besoin de toi...

Elle me fais m'asseoir sur le canapé et me demande si je veux un chocolat chaud pour me réconforter. J'ai l'impression d'être redevenue une enfant qui a un chagrin. Je fais oui de la tête et j'attends sur ces coussins moelleux qu'elle m'apporte mon réconfort. Cela fait des années que je n'ai pas eu un chocolat chaud avec des marshmallow à l'intérieur.

- Merci, je dis avec un petit sourire pour la soulager un peu et souffle dessus. Mes mains sont encore tremblantes. Je sens d'un coup que j'ai attrapé froid et que mes vêtements sont trempés. Il devait pleuvoir que je ne m'en suis même pas rendue compte lors de mon escapade nocturne.

- Mamie, je déclare. Je sais qu'on en a jamais réellement parlé mais j'ai besoin de savoir aujourd'hui : pourquoi mes parents sont partis sans moi ?

Elle me regarde remplie de tristesse. Je crois que même elle ne sait pas trop. Mais je vois qu'elle veut me faire plaisir et c'est alors qu'elle me raconte la seule partie de l'histoire qu'elle connaît :

DANS LES SONGES D'UNE IRLANDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant