Chapitre II

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Hugo n'en pouvait plus d'attendre. Il était assis, sur ce même fauteuil dans cette gare de Nice en plein centre-ville. Le train avait évidemment du retard et aurait dû arriver déjà il y a trente minutes et cela rendait l'adolescent fou. Il n'avait pas réussi à dormir la nuit qui précédait sa journée. Les événements qui se sont déroulés la veille l'ont laissé sans voix, lui et tout le monde dans le monde lorsqu'il apprit que ses amis ont été tué en ce 14 juillet, sur la Promenade des Anglais. Ses nerfs étaient aujourd'hui à vifs alors qu'il attendait le retour de sa mère, partie à cause de son travail. 

Il jeta un regard autour de lui pour la énième fois pour voir encore et toujours les mêmes choses. Les images sur les écrans, les nouvelles informations sur l'attaque d'hier lui donnaient envie de vomir. Il tourna alors la tête pour finir par voir le petit garçon assis sur le siège à côté de lui, en train de jouer à un jeu qu'Hugo ne connaissait pas. Le son de ce jeu rendait le brun fou, il en avait mal à la tête et essayait de contrôler pour ne pas prendre et casser ce que le petit avait entre les mains. Sa jambe droite commença à trembler nerveusement, son pied tapait contre le sol alors qu'il commençait à se sentir mal. Il ferma les yeux, espérant aller mieux ainsi mais cela n'arrangea rien de son état. 
Il commença à sentir la sueur sur son front commencer à couler sur son visage, à humidifier ses cheveux. Sa gorge se noua lentement et son estomac suivit le pas. Tout son corps se mit à être douloureux et lourd pour lui. Ses membres semblaient impossible à bouger, comme fossilisés sur le siège où il était assis. Il sentait sa force partir lentement sans qu'il ne puisse rien y faire puis il se mit à suffoquer. Sa respiration était bloquée par quelque chose. Il manquait d'air et ouvrit lentement ses yeux. Cela se débloqua alors naturellement mais ses pupilles étaient couvertes d'un voile d'eau qui menaçait de se détruire pour se rependre sur ses joues. Il avait maintenant la force de bouger, les jambes, la tête, les bras et essuya ses yeux en soufflant doucement. Il fit pareil sur son front pour enlever les gouttelettes de sueur et décida de se lever. Il se redressa alors directement, passant outre le petit vertige qui le prit et se dirigea droit vers la sortie de la gare.

Dehors, l'air chaud et le soleil frappèrent son visage, lui donnant néanmoins un semblant de fraîcheur en balayant son front encore humide. Il prit plusieurs inspirations pour essayer de calmer ses tremblements et son cœur qui s'emballait avant de se retourner vers les écrans qui affichait les horaires de train dans la gare. Le train devait être là il y a quarante minutes mais il y avait encore un grand retard d'environ vingt-cinq minutes. Il prit son téléphone pour regarder si elle lui avait donné des nouvelles mais il n'y trouva aucune notification si ce n'est encore les informations et journaux qui parlait de la journée de la veille.

C'est avec amertume qu'il entra alors de nouveau dans la gare pour aller s'asseoir à son même siège. Il prit sa tête dans dans ses mains et attendit encore et encore, entendant même le bruit de sa respiration s'écrasant contre son poignet. Remarquant ça, il commença à remarquer également que ses oreilles lui faisaient mal et cela lui arracha une grimace. Il secoua légèrement la tête alors que sa tête commençait à se remplir de tous les bruits aux alentours. Les adultes qui criaient à leurs enfants, la voix criarde dans les haut-parleurs de la gare qui ne faisait qu'annoncer des retards et des départs, un plateau en métal qui tombe dans la cafétéria d'à côté, le bruit de la caisse qui s'ouvre, toutes les discussions des tous les gens dans toutes les pièces de cette gare, les valises qui roulent à côté de lui, des clefs qui tombent au sol, des pièces de monnaie qui rebondissent dans une poche, le jeu du gamin assis à côté de lui, le tic tac de la grosse horloge au milieu de la gare, la camionnette qui roule à toute vitesse sur une route qui était supposément barrée, le bruit des corps frappés par le véhicule, la foule qui hurle en essayant de se sauver, les enfants qui pleurent, les coups de feu, les sirènes de police. Hugo sursauta et pris une grande inspiration, les battements de son cœur allant bien trop rapidement, l'empêchant d'entendre quoi que ce soit. Il respire difficilement, pris de panique et regarde autour de lui. Les gens parlent, les gens vivent mais lui n'entend rien si ce n'est l'air entrant et sortant de son nez et de sa bouche.

Il dut prendre quelques minutes pour se calmer et retrouver un état presque normal. Les sons lui revenaient doucement, d'abord plutôt flous avant que tout ne redevint normal. Il regarda autour de lui, les quelques gens à côté de lui le fixait d'un air étrange, se demandant pourquoi il s'était levé en sursaut avec un air malade. 

Il soupira fortement, ne sachant pas ce qui le prenait et partit en direction des voies ferrées et des quais. Il alla à l'endroit où sa mère devait arriver dans pas moins de 10 minutes et attendit, debout. Il ne tint pas une minute avant de s'asseoir sur les sièges, n'arrivant plus réellement à rester debout. Il ferma d'instinct les yeux alors que les mots des autres personnes qui l'entouraient ne faisaient qu'un brouhaha dans ses oreilles qu'il avait du mal à contenir. 
Les bruits des informations télévisées lui revenaient à la tête. Les vidéos amateurs du massacre qu'il avait regardé cette nuit lui revinrent directement à l'esprit tout comme ces bruits horribles de corps projetés. Il se mit alors à trembler et les coups de feu, les bruits d'explosion ainsi que les cris. Ces bruits commencèrent à remplir sa tête, à y résonner comme dans une église sans qu'il n'arrive à penser à autre chose. Cela continua pendant une dizaine de minutes, jusqu'à ce que les gens à côté de lui se mirent à hurler d'horreur. Cela le réveilla de sa transe et il ouvrit les yeux pour regarder ce qu'il se passait. Tout le monde, sur les quais et dans la gare courraient le plus vite possible. Il ne comprenait pas puis les gens ont commencé à crier un mot, "attentat". Des coups de feu et des explosions se mirent à retentir tout autour d'Hugo qui était comme paralysait au milieu de la panique. 

Bientôt presque tout le monde courrait sur les quais. Les bruits semblaient venir de l'entrée de la gare mais des coups de feu retentirent soudainement de l'autre côté de la gare, là où Hugo pensait aller. Cela commença alors à faire d'autant plus paniquer les autres personnes qui reculèrent alors vers la voie ferrée. Un klaxon lourd et proche se fit entendre. Mais personne ne sembla l'entendre et la troupe de voyageurs se colla et se poussa. Cela d'autant plus vite que certains commencèrent à être déséquilibrer et certains finirent par tomber sur la voie, dans la panique. 

Le train était enfin là. Après presque une heure de retard la mère d'Hugo revit enfin la gare de Nice avec soulagement jusqu'à ce qu'un énorme bruit de collision entre son train et quelque chose. Quelque chose de lourd.
De l'autre côté, Hugo regardait le train avec horreur alors que la locomotive n'avait pas atteint son quai. Sous ses roues, du sang coulait et coulait, sans jamais s'arrêter. L'avant du train était également couvert de sang, celui des gens qui venaient de se faire renverser sous les yeux du brun. Et il savait que c'était sa faute.

Son premier réflexe fut de courir, il se mit à courir le plus vite possible jusque chez lui alors que les bruits typiques d'un attentat s'arrêtèrent instantanément quand il n'y pensa plus. Il avait sérieusement mal à la tête et s'écrasa au sol dans la rue en reprenant sa respiration lentement. Il se leva ensuite et courut jusqu'à sa maison où il finit par s'évanouir sur son lit.







La voiture s'arrêta soudainement, si brusquement qu'Hugo se fit légèrement projeté en arrivant, ce qui le réveilla de sa transe. Il entendit le son de la radio de l'agent avec qu'elle ne parla rapidement :

- Beta 3, nous sommes arrivés.

Le bruit typique d'un pont électrique qui se baisse commença à se faire entendre jusqu'à ce qu'il soit totalement accessible et que la voiture reprit sa route sous le léger rire de la femme qui conduisait.

- Et voilà Hugo... tu es arrivé à la maison, dit-elle en soupirant.

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⏰ Last updated: Aug 26, 2019 ⏰

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