La suite (Merthur)

Partie 1

Dans un pays éloigné, fait de vallons et de monts verdoyants, une silhouette surgit de la brume. Un homme vêtu d'une simple cape rouge et d'un pantalon brun émergea du rideau opaque et s'avança vers la bâtisse en ruine, une tour dressée fièrement vers l'horizon, survivante depuis des millénaires. Fidèle à son instinct, l'homme se dirigea vers elle et s'assit à ses pieds. Il sentait qu'il devait attendre ici que quelque chose se produise, peut-être aurait-il enfin des réponses à ses nombreuses questions.

En ces lieux, le temps semblait ne pas exister. Toujours les mêmes plaines, les mêmes forêts, le même lac que rien ne paraissait affecter. Lui-même n'aurait su dire s'il patientait depuis quelques jours ou depuis des années. Le temps n'avait aucune emprise sur lui. Plus encore, il ne ressentait aucune faim, aucune soif, aucune envie ou aucune fatigue. Il ne ressentait rien, simplement le sentiment d'attendre encore et toujours un événement dans cette contrée désolée où on ne rencontrait aucune âme qui vive.

Un bruissement étrange le sortit brutalement de ses pensées. Sentant une présence se rapprocher, l'homme bondit sur ses pieds et porta sa main à son côté gauche. Baissant les yeux sur sa hanche, il jura et ramassa en hâte un bâton qu'il brandit devant lui, bien en vue, à la manière d'une épée.

Un courant d'air glacé le traversa et une voix caverneuse sortit de nul part.

"N'ai crainte jeune roi, rien ne peut t'arriver en ces lieux"

Méfiant, l'homme baissa sa capuche dévoilant ses cheveux blonds et scruta l'horizon à la recherche de son interlocuteur.

"Tu ne peux me voir, je suis un esprit et me confond avec la brume. Néanmoins si tu tiens réellement à savoir qui je suis..."

Une brusque bourrache de vent vint fouetter le visage du blond tandis qu'une silhouette nacrée apparaissait petit à petit, faite de vent, de nuage et de brume.

"Me reconnais tu ainsi, Arthur Pendragon?"

Le roi recula de quelques pas, sans se départir de son arme.

"Tu es un Dragon, être de sorcellerie qui..."

"Mon nom est Kilgarah" le coupa le dragon sans ménagement "J'ai été désigné à notre mort pour veiller sur vous. Par ailleurs je préfère le mot magie à sorcellerie. Ce dernier me rappelle votre père et vous êtes loin de lui ressembler."

Arthur fronça les sourcils, avant de lever un regard interrogateur sur le fantôme.

"Notre mort?"

"Bien sûr jeune roi. Vous avez été tué par Mordred. Tel était votre destin. Vous errez désormais et depuis dix ans sur Avalon, la terre des rois disparus."

Cette fois Arthur se sentit vraiment abasourdi. Il lâcha son bâton et laissa son regard se perdre dans le vide, le temps d'assimiler cette réponse. Au lieu de soulager ses interrogations, l'apparition du Grand Dragon l'avait plus inquiété encore. Pourquoi était-il aussi... vivant, alors qu'il était censé être mort? Il sentait pourtant le vent sur sa peau, l'humidité de l'air, et toutes ces choses qui prouvent que la vie ne l'a pas totalement déserté.

Comme s'il lisait dans les pensées, Kilgarah sourit et continua sur un ton qui se voulait rassurant.

"Si vous êtes ici, et moi également, c'est que vous avez accompli votre destin envers Camelot, mais qu'il vous reste une quête à mener. Vous avez une dette envers la magie de votre pays, une mentalité à changer, des persécutions à arrêter et une véritable justice à instaurer.

Vous étiez censé patienter à Avalon jusqu'à ce que le monde ai de nouveau besoin d'un roi tel que vous. Cependant un homme a plus besoin encore de vous que le royaume."