Victor

CHAPITRE 5 : VICTOR

J'entends la porte d'entrée se fermer et des voix de femmes envahir le salon. Elles sont arrivées. Je m'empresse de sortir de mon lit pour me diriger vers ma chaîne qui se trouve au sol près de ma fenêtre. J'ai bien envie de faire chier aujourd'hui.

J'appuie sur le bouton pour allumer la chaîne et lance la première musique qui vient, «Angela» de Hatik. Bon, je crois que ça fera l'affaire pour l'instant. J'augmente le volume qui n'est qu'à 10. Je tourne le bouton jusqu'à atteindre au moins 20. Le son qui sort des enceintes commence à faire légèrement trembler les murs. C'est parfait comme ça, juste assez pour que tout le monde entende et faire chier un maximum.

Ces connasses vont être bien contentes quand elles vont monter jusqu'ici et qu'elles vont entendre la musique en provenance de ma chambre. Ça sera déjà un petit avant-goût de la cohabitation calamiteuse que je vais leur faire vivre.

J'entends le pas sourd de quelqu'un qui monte et des voix qui se font de plus en plus fortes. Un coup retentit contre le sol alors que j'entends ce que je pense être le même objet qu'on trimballe contre le sol et qui roule sur le parquet du couloir. Ils doivent déjà être en train de monter les valises de cette morveuse. D'autres pas rejoignent rapidement le sien, s'aplatissant eux aussi sur le parquet.

— C'est ici, dit mon père en ouvrant la porte de notre chambre d'amis.

Enfin, maintenant nous ne pouvons plus considérer cela comme une chambre d'amis, vu que cette meuf et sa mère viennent habiter chez nous.

— Regarde comme tu seras bien ici ! Ça sera beaucoup mieux qu'avant dit sa mère.

Enfin, je crois que c'est sa mère.

— Mmh répond sa fille avec un air détaché.

Je crois que je ne suis pas le seul finalement à ne pas avoir envie d'être ici. Elle n'a pas l'air ravie, elle non plus, de venir chez nous.

— Tu as une salle de bain attenante que tu partageras avec Victor. Sa chambre est juste à côté de la tienne ! Pour te rendre dans la salle de bain, tu n'auras qu'à fermer la porte qui mène dans la chambre de Victor et la tienne.

Je crois m'étrangler, putain. J'avais complètement oublié que j'allais devoir partager MA putain de salle de bain avec elle...

— Hein ? Je veux dire, y a pas d'autre salle de bain ?

— Si...

— Enfin, tu ne vas pas faire une scène pour une salle de bain Elise ! coupe sa mère.

Pour une fois, je suis d'avis de sa fille, Elise. Si elle pouvait aller dans l'autre salle de bain, ça m'arrangerait aussi !

— Je demandais juste, souffle la fille.

— Bon, je vais prévenir Victor que vous êtes là. Il reste tout le temps enfermé dans sa chambre, c'est infernal !

J'entends des pas se rapprocher de ma chambre et on toque contre ma porte. Je décolle rapidement mon oreille que j'avais posée contre la porte pour mieux entendre ce qui se disait avant de me diriger au milieu de ma chambre.

— Sors de là, Victor ! Elles sont là. Et éteins-moi cette musique !

— C'est bon, j'arrive ! répliqué-je d'un ton hautain. Je me dirige vers la chaîne, mais me contente juste de baisser légèrement le son. Je ne vais pas non plus obéir aussi facilement à mon père. Je reviens vers la porte de ma chambre et l'ouvre, puis m'engouffre dans notre couloir.

Mes yeux se posent sur nos deux nouvelles invitées, enfin je devrais plutôt les appeler les squatteuses, mais bon... Étonnamment, la mère ne ressemble que sur quelques traits physiques à sa fille. Mes yeux semblent s'attarder sur la belle blonde foncé aux yeux d'un vert émeraude comme je n'avais encore rarement vu. Pas d'aussi perçants en tout cas... Elle se tient debout face à sa valise, à moitié avachie dessus. Elle a l'air dépitée, ça se voit à ses lèvres légèrement plissées et ses sourcils froncés qu'elle est aussi ravie de moi d'apprendre que mon père et sa mère ont décidé de vivre ensemble.