J'ouvris un œil avec difficulté, papillonnant des cils en soupirant, mon souffle propulsant quelques grains de sable un peu plus loin. La tête dans le falun, mes cheveux plein de résidus de sel, j'étirais lentement mon bras droit de tout son long. Il émit un grincement peu rassurant, me provoquant une vive douleur. Je me soulevais, tout mon corps était envahi par des douleurs me relançant sans cesse. Une mèche à anglaise me tomba devant les yeux, me gênant au plus au point, mais je ne pouvais pas la déplacer. Je me mis sur les genoux en expirant longuement, et me mordait la lèvre inférieure.
Une fois debout, je fis quelque pas, titubant, avant que mes genoux ne se dérobent sous moi. Je tombais la tête la première, me protégeant juste au bon moment. Je sentis quelques cailloux s'enfoncer dans mes paumes et serrais les dents. J'avais un mal de crâne semblable à une balle pénétrant ma tête. Un goût de sang emplit ma bouche, je m'étais mordue la joue. Je crachais ma salive pleine de grains et m'assis en enfonçant mes orteils dans le sable chaud.
Je contemplais la mer agitée, et étrangement, je frissonnais de peur. Une peur comme ancrée en moi. Mon ventre se noua, je me retournais et vomi. Ce n'était que de l'eau, mais je sentis la bile me brûler l'estomac. Je m'essuyais du revers de la main puis me dirigeais vers l'étendue bleue mouvante pour me rincer les doigts. À peine avais-je frôler le liquide qu'une bouffée d'angoisse monta en moi. Mais je ne me souvenais de rien.
Amnésique. Je crois que c'est le mot qui me correspondait le mieux. Pas le moindre souvenir ne me revenais. Que faisais-je là? Comment avais-je fait pour échouer sur cette plage? Mais plus important encore, qui étais-je? Je n'en avais pas la moindre idée. Mon cœur s'emballa à la simple penser que j'avais perdue la mémoire. En d'autres mots, je m'étais moi-même perdue.
J'observais les alentours; la plage semblait infinie et dos à moi se trouvait une forêt profonde, dense et qui semblait être humide. Je me levais et époussetais le jean encore imbibé d'eau que je portais. Mon t-shirt blanc collait à ma peau, si bien que l'on voyait tout mon corps au travers. J'avançais à pas lent, comme à contre-courant, vers ma gauche. D'immenses falaises sur lesquelles les rayons jouaient à se refléter pour faire briller les paillettes de la pierre se dressèrent soudain devant mes yeux écarquillés.
J'étais encore chamboulée lorsque je pris réellement conscience de l'endroit où je me trouvais. Un endroit sans maison, sans rue, sans ville, sans une seule âme humaine en dehors de moi. J'étais seule. Et cela me terrifiait.
Une fois face à la roche qui s'élevait dans toute sa splendeur, je repris mon souffle et posais la main sur la paroi sèche et rugueuse. Je collais mon front dessus, tentant du mieux que je pouvais d'éclaircir les quelques idées confuses qui embrouillaient mon esprit. Je relevais le visage, et après avoir contemplé une minute de plus la pierre, me décidais à l'escalader.
Ce ne fus pas une mince affaire! Mes mains, encore mouillée, glissais et mes pieds n'avaient cesse de déraper. Je dus fournir des efforts intenses pour parvenir à mon but, essoufflée et échevelée. Ma gorge s'était asséchée et ma langue, que peu de salive venait humidifié, me paraissait encore plus rugueuse qu'après un marathon... enfin, de ce que je me souvenais de la fin d'un marathon.
La vue de là-haut était imprenable et malgré tout ce que j'étais entrain de vivre, j'avais l'impression d'être le maître incontesté du monde. Incontesté parce que seule. Seule au monde. Je me souviens qu'à ce moment là, mon esprit était trop désorienté pour verser une unique larme. Pourtant, la tristesse qui accompagnait ma solitude me collait à la peau ainsi que l'angoisse et la peur.
La vacuité du paysage m'effraya tant que je reculais de quelques pas sur mon point d'observation. Au loin s'étendait la mer ou l'océan, puisque je ne savais pas où je me situais, je ne pouvais pas dire auquel des deux je faisais face. Il n'y avait rien d'autre à des kilomètres à la ronde que de l'eau salée. De l'eau non potable... Je me rendis compte soudainement que vu qu'il n'y avait que moi ici, j'allais devoir me nourrir seule, dénicher de l'eau que je pourrais ensuite boire, me construire un abris et réussir à faire du feu. Choses que je n'avais certainement jamais faites!
Une bouffée de panique me gagna et me pris, m'enserrant dans ses ronces piquantes et étouffante. Je ne désirais alors plus qu'une chose, survivre! Je me retournais sur le rocher pour observer la forêt qui semblait s'avancer vers moi un peu plus à chaque instant. Les arbres semblaient me tendre leurs branches tels des bras voulant me saisir, leurs feuilles se balançant comme des pendus au grès du vent.
Un bel oisillon me regarder en bougeant sans cesse sa belle petite tachées de rouge sur le bout. Ses grands yeux noirs me fixaient, ne me lâchant que rarement du regard. Le prenant d'un coup, il se mit à gazouiller un chant mélodique. Inconsciemment, un souvenir me remonta et émergea derrière mes paupières. Un souvenir de primaire. Le même oiseau, ou du moins un de la même espèce, s'était déjà posé sur la branche d'un chêne qui se situait en face de la fenêtre de ma classe. Je l'avais contempler une heure durant avant d'en faire un dessin et d'offrir celui-ci à ma maîtresse, un large sourire sur mes lèvres.
Je m'approchais lentement, tentant, sans aucune vraie raison, de le prendre entre mes doigts. Mais le beau volatile s'envola à peine avais-je fais trois pas. Je fronçais les sourcils avant de les laissés retomber, comme ma main qui atteignit mollement ma jambe. J'étais déçue.
J'entrais alors après quelques instants d'hésitation dans l'immensité de la forêt. Visiblement, je devait être maladroite ou peu attentive puisque je m'emplafonnais le premier tronc qui se trouvait sur mon chemin. Je me frottais la tête et mon regard frôla puis se posa sur un bracelet de la couleur de l'or sur lequel était gravé un nom.
Mon prénom! Mon prénom m'était enfin revenu en mémoire, et pourtant je croyais cela impossible. Enfin, c'était surtout grâce au bijou que je portais sur mon poignet droit. Mon nom y était inscrit. Le mien! J'étais si heureuse que je cru que j'allais sauter. Une partie de moi m'avait été rendue! Je m'appelais Eleanor.
J'espère que ce premier chapitre vous a plu! N'hésitez pas à me laissez un commentaire, cela me fera très plaisir! La suite devrait arriver bientôt... Mais je ne contrôle pas l'inspiration ; )
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La Crique
AdventureDu sable chaud, un lieu paradisiaque, de larges feuilles vertes... mais personne. La Mort rôde...