Les yeux fixés sur le plafond de ma cabine silencieuse, je pousse un soupir et ferme les yeux. Cela fait seulement deux jours que je suis ici, et je m'ennuie déjà à mourir. La mer est calme, trop calme pour moi qui ne supporte pas de rester enfermé. Deux jours, c'est déjà trop long. J'aimerais qu'il se passe quelque chose, n'importe quoi, un peu d'action, de la nouveauté. Mais rien. Seulement moi et la mer.
Je rouvre les paupières, me relève et me dirige vers le minuscule oeil de boeuf, par lequel je peux apercevoir la mer et un bout de ciel. Pas suffisant pour moi. J'attrape une écharpe de laine chaude et sort. Pour mon plus grand plaisir, il n'y a personne sur le pont. Une fine bruine tombe, mais cela n'a rien à voir avec la tempête déchainée que j'attends depuis mon départ.
Je m'approche du bastingage et reste là, planté devant les flots, avec mes pensées. Ce que j'aime par dessus tout, c'est être seule avec moi-même. Une douce bise vient caresser mon visage. L'air est froid. Je frissonne, et réajuste mon écharpe. La pluie devient plus forte. Les gouttes d'eau tombe dans la mer avec force. Le ciel, d'un bleu léger il y a à peine quelques minutes, se charge de gros nuages gris. Un éclair, signe d'orage, déchira l'air étouffant.
N'importe qui d'autre serai précipitamment retourné dans sa cabine et se serai enfermé à double tour. Mais moi, je reste sur le pont, grisée par la tempête que j'avais désespérément attendue. Mon cœur cogne dans ma poitrine, mais ce n'est pas de la peur. L'excitation me gagnait, je ne pouvais m'empêcher de hurler de joie.
Soudain, en voulant m'approcher encore d'un pas de la rambarde métallique, mon pied dérape sur le plancher détrempé par la pluie. En un éclair, je me retrouve suspendue à quelques centimètres des flots, agrippée par les deux mains à la barrière. Je pousse un nouveau cri, d'effroi cette fois.
Ce qui doit arriver arrive. Mes mains, engourdies par le froid, lâchent.
Le premier contact avec l'eau fut comme un souffle de vie glacé. La mer m'engloutit, je n'entends plus rien, ne ressens plus rien, ne vois plus rien. Je battis des jambes dans un espoir vain, paniquée.
Est-ce que ça va se terminer comme ça ? Est ce que je devais mourir ici ? Non, je ne peux pas y croire... Nathan... je t'en supplie... je t'ai... est ce que si un jour, on se retrouve dans une autre vie, tu... tu voudras encore de moi comme petite amie ?
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La Crique
AventureDu sable chaud, un lieu paradisiaque, de larges feuilles vertes... mais personne. La Mort rôde...