La nuit s'est levée, le jour est tombé. Les gens se sont couchés, et le silence et devenu le maître des lieux. Pas un chat dans les rues de la ville, pas un oiseau dans le ciel nocturne. Le soleil n'est plus, la lune a pris la relève. Et c'est dans cette ambiance calme et étrange que je me décide à mettre un pied dehors.

Je me dirige vers le parc, comme d'habitude. Je m'assois dans l'herbe, tête vers le ciel et regard dans les étoiles.

«Salut, dis-je. C'est encore moi. Même place, même heure. Parce que j'ai trop de choses à dire, que personne ne veut entendre. Mais j'ai pas ce problème là avec vous. Vous vous contentez de briller, sans rien dire. Pénardes. Elle est cool votre vie. Si simple alors que la notre est si compliquée. Bande de veinardes. Oui, j'suis en colère. Alors je déverse ma haine sur vous. De toute façon, c'est pas comme si vous alliez me répondre. Et c'est pas comme si j'attendais une réponse, en fait. J'veux juste me vider, extérioriser. Et comme personne ne veut écouter ma colère, c'est sûr vous que je vais hurler ma folie.»

Je souffle, serre les dents, me relève, shoote dans une canette et pleure mes maux.

«J'en ai marre qu'on me marche dessus, qu'on profite de ma gentillesse, qu'on me crache à la figure et que les autres fassent semblant de ne rien voir. J'en ai marre d'être celle qui écoute sans rien dire. J'en ai marre d'être la fille à qui on demande les devoirs, mais qu'on appelle jamais pour sortir. J'en ai marre de faire bonne figure alors que je crève à l'intérieur. J'en ai marre de sourire alors que j'ai la rage au bord des lèvres. Et j'en ai marre de pas avoir assez de courage pour hurler tout ça à quelqu'un.»

J'suis pitoyable. Je fais pitié, à crier des conneries à la nuit qui n'a rien demandé, dans le petit parc à côté de chez moi, à trois heures du mat'.

J'suis sûr que là-haut, les étoiles se rient de mes peines, tant elles leurs semblent futiles.

L'ART DE PARLER AUX ÉTOILES Où les histoires vivent. Découvrez maintenant