Le viel homme

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Il marche, tête baissée et joues mouillées,
Un bouquet de fleurs à la main,
Parce que les tulipes étaient ses préférées,
Depuis qu'ils ont croisé leur chemin.

Sur sa tombe, une photo.
En noir et blanc, presque abîmée.
D'eux deux entrelassés,
Juste avant l'éternel repose.

Ah, il en avait de la peine...
Et c'est dans le silence qu'il la noie.
Parce qu'il a perdu sa reine,
Il se refuse à être roi.

Un jardin à l'abandon,
Pourtant hier si joli!
Plus la force de sortir du lit...
Sauf bien entendu pour aller la visiter dans sa triste prison.

Il lui chuchote chaque matin ses souvenirs,
Lui offre des fleurs afin de la faire revenir...

Puis il attend là des heures entières,
À voir le monde tourner au ralenti,
Puis il s'allonge par-terre,
Et c'est la faucheuse qu'il supplie;
De venir le chercher, il n'en peut plus.
À croire que l'absence blesse plus que le silence...
Il sanglote alors; ses émotions mises à nu.
La solitude à outrance.

Il la voit encore,
Avec son sourire d'ivoire!
Parler avec elle de voyages, d'histoires,
De cascades et de mines d'or.
Fuir le monde d'aujourd'hui,
Retrouver celui d'antan.
Lorsqu'ils n'étaient alors que de jeunes enfants,
Non promis à un destin fortruit.

Je vous raconte l'histoire d'un homme,
Fatigué et seul.
Qui porte le deuil
De sa moitié sur ses épaules épuisées.
Sa famille n'a pas le temps,
Les vies modernes vont à 100 à l'heure.
Et pourtant le coeur de l'homme se fend,
Il voudrait une compagnie,
Ne serait-ce pour partager ses pleurs!
Il est seul parce que sa moitié est partie,
Et laisse derrière elle un vide immense,
Que nul ne devrait avoir à supporter seul.


Maux d'EncreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant