Deuxième Chapitre

34 1 0
                                    

Son livre était captivant, mais l'homme qui se tenait à ses côtés l'était un peu plus. Les yeux fermés, la respiration régulière, l'inconnu qui s'était assis à côté de lui s'était endormi, quelques minutes après lui avoir formulé sa requête. Un sourire attendri se dessina sur les lèvres du jeune garçon tandis qu'il observait le sommeil de son voisin adoucir les traits de son visage. Il se permettait de sourire car il savait que personne ne verrait son expression sous son masque, ses yeux, vides d'émotions ne laisseraient rien transmettre de ce qui se passait en dessous du masque. Personne ne saurait ce qu'il ressentait et il s'en réjouissait.
Délaissant sa contemplation du brun quelques instants, il se mit à penser à son été. Il allait enfin connaître Paris, ses musées, ses jardins, son rythme effréné... Personne n'aurait pu s'en douter mais à ce moment même il ressentait la plus grande joie de sa vie. Même s'il ne montrait rien, il ressentait, il ressentait tellement, et trépignait d'impatience. Ces deux mois allaient être les meilleurs de sa courte vie et il le savait.
Son voisin tressauta, faisant reporter l'attention du jeune sur lui. Son expression était troublée, et ses sourcils légèrement froncés. Était-il en train de cauchemarder? Fasciné, le jeune le regarda plus intensément, essayant de sonder chaque mouvement du visage du brun, l'être humain était véritablement fascinant. Après quelques minutes cependant, son visage se détendit à nouveau et le jeune retourna à son livre, déjà lassé du spectacle. Il restait deux heures avant le vol, il avait le temps de lire quelques chapitres avant que la porte d'embarquement ne s'affiche sur le tableau.
Cependant, il n'arrivait plus à se concentrer sur son livre, la présence du corps assoupi à ses côtés le déstabilisait plus qu'il ne l'aurait voulu. Il aimait la solitude, et l'idée de devoir lui parler lui déplaisait fortement. Il aurait pu le réveiller d'une tape sur l'épaule mais cela aurait été assez malpoli, et il n'était pas solitaire au point d'en devenir grossier.
Son téléphone vibra dans sa poche alors qu'il réfléchissait à quoi dire. C'était le propriétaire de l'appartement dans lequel il allait vivre pendant ces deux mois. Il appelait simplement pour vérifier que tout allait se passer comme convenu. Le jeune murmura un timide « Oui, monsieur, ne vous en faites pas. », le propriétaire s'en contenta, et raccrocha après lui avoir rappelé l'heure d'arrivée autorisée.
Il allait vivre à Paris, à quelques pas de Stalingrad selon les indications fournies sur le site. Le quartier n'était pas luxueux du tout, voire même populaire, mais cela ne comptait pas pour lui. La vie y avait l'air agréable, et le coût de la location n'était pas démesuré. Il était à côté des quais, d'un cinéma, et le propriétaire lui avait dit que des événements musicaux avaient souvent lieu à La Villette, qui se trouvait à vingt minutes à pieds de son appartement. De plus, il pouvait prendre le métro et se trouver au centre de la ville en moins d'un quart d'heure.
Cela lui suffisait amplement.
Il se voyait déjà se promener dans les Tuileries après avoir visité la galerie du Louvre, passer sur ces ponts qu'il n'avait jamais vu qu'en photos, il était véritablement ravi.

Il revint à la réalité quand son voisin grogna, à demi éveillé, l'air perdu. Il regarda à droite, puis à gauche, et ses yeux s'écarquillèrent quand il sembla comprendre où il était. Il se leva brusquement, en reprochant au jeune de ne pas l'avoir réveillé. Quand il vit que la porte d'embarquement n'était toujours pas affichée il se rassit en soupirant.
Le jeune le regarda en souriant presque, toujours caché par son masque.

- Si vous m'aviez dit quel était votre vol je vous aurais même laissé dormir jusqu'à ce que la porte d'embarquement s'affiche, dit le plus jeune et, en jetant un coup d'œil rapide aux cernes qui logeaient sous les yeux du brun, ajouta, vous avez l'air d'en avoir besoin.

Le brun le regarda un instant, l'air décontenancé puis répondît qu'il prenait le vol pour Paris. Il referma ensuite les yeux, ajustant sa position sur le siège pour être plus à l'aise.

25F | VHOPE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant